lundi 31 décembre 2012

La seule personne vraiment de gauche, c'est moi !

Tiens, je vais sortir quelques instants de mon silence, suite à un billet-bilan de l'année de Captain Haka, qui évoquait la défaite de Nicolas Sarkozy.

Il revient sur l'annulation de la taxation à 75% des revenus au-delà d'un million d'euros, en employant à mon sens quelques idées assez étonnantes.

Tout d'abord, il rappelle que la droite utilise massivement le terme d'amateurisme à ce propos. Pourtant, lors de la dernière mandature, plusieurs mesures-phares de Sarkozy sont passées à la trappe de cette façon, comme par exemple la célèbre taxe carbone. Or, à l'époque, on avait accusé le président d'avoir joué un double-jeu et d'avoir préparé ce rejet pour mieux enterrer le projet, très contesté par de nombreux pans de son électorat traditionnel. J'ignore si c'est ce qu'il s'est passé ici, mais de toute façon, Hollande pourra toujours se présenter comme un socialiste assez radical mais dont les velléités ont été entravées par le conservatisme d'un conseil constitutionnel dominé par la droite, ce qui devrait lui permettre de se sortir du traquenard.

Notre capitaine préféré poursuit pourtant son argumentaire en revenant sur les bisbilles à gauche, et en disant que cette mesure, très contestée à droite, illustrait l'ancrage à gauche du pouvoir en place.

Restant un lecteur assidu de la blogosphère politique, je vois bien que ce débat occupe largement mes compères. Je le trouve sans intérêt et inutile, malgré le fait que mon parti préféré en soit largement à l'origine.

Savoir si l'on est de gauche ou pas est une question sempiternelle qui traverse toute la gauche. Personnellement, proche du Front de Gauche, je peux aisément qualifier mes camarades socialistes de droitier, mais je te rassure, cher lecteur, je trouverai toujours un trotskyste pour me qualifier de social-traître. Être vraiment de gauche qualifie à l'exercice du pouvoir dans notre camp, et c'est pour cela que tous les partis se plongent dans ce débat. Si le FdG, aujourd'hui, attaque sur l'identité du PS, c'est aussi parce que celui-ci n'a cessé de ranger notre programme à l'extrême-gauche. De notre côté, qualifier le président d'Hollandréou permet de se situer politiquement, même si le calembour, je le reconnais, peut-être lourd. Cela permet de dire que la politique d'Hollande donnera à long terme les mêmes résultats qu'en Europe du Sud, et ça, par ailleurs, je le crois totalement.

A droite, on se pose moins ce genre de questions. On est de droite, mais avec des sensibilités différentes. Et quand surgit un véritable débat d'orientation idéologique, comme ce fut le cas ces derniers mois à l'UMP, on s'échine à le cacher sous des conflits de personnes. En effet, les militants UMP avaient en fait à trancher entre un rapprochement avec le FN, ou pas. Ils ne l'ont d'ailleurs pas fait...

A gauche, une fois qu'on est sorti du débat "qui est de gauche", on peut simplement admettre qu'il existe des sensibilités très diverses, et que celle qui a gagné la présidentielle a pu le faire grâce à un personnage qui a joué à fond la personnification, un programme qui promettait un changement extrêmement limité (les Français ne voulaient pas d'une social-démocratie apparemment) mais surtout, un appareil politique derrière suffisamment important et structuré pour exercer le pouvoir, ce qui reste, il faut bien l'admettre, la faiblesse du FdG.

Après, pour voir qui est de gauche, on pourra faire le bilan à la fin. Pour moi, si la société est restée aussi inégalitaire qu'elle l'est maintenant, on pourra dire que la politique menée n'était pas de gauche. La lutte contre le chômage ou contre la dette ne suffit pas, car il y a bien des façons de lutter contre ces deux fléaux, et la droite en a à revendre.

Pour terminer avec le billet de mon glorieux collègue, l'UMP critiquera forcément le PS. De fait, qualifier la gauche d'incompétence est un crédo de la droite, persuadée qu'elle est que l'exercice du pouvoir lui est dû. Pas besoin du conseil constitutionnel pour que ce point soit sans cesse soulevé...

mardi 6 novembre 2012

Plutôt que d'élargir le droit de vote aux étrangers, simplifions l'accès à la nationalité française.

Je suis contre le droit de vote des étrangers. De tous les étrangers, y compris ceux venant d'un autre pays de l'Union Européenne et votant actuellement aux municipales : ce vote-là ne se justifie qu'aux élections européennes.

En effet, je ne comprends pas que l'on puisse laisser quelqu'un voter et participer aux décisions de la Cité sans que cette personne ne soit obligée d'assumer les décisions du souverain, à n'importe quel niveau institutionnel.

D'abord, je ne vois pas pourquoi les étrangers voteraient aux municipales, et pas aux autres élections. Le droit de vote ne peut être saucissonné de cette manière.

Ensuite, si l'on considère que les étrangers voteraient à toutes les élections, un non-citoyen n'aurait à priori pas d'obligation de défendre le territoire contre une agression extérieure par exemple, alors qu'il pourrait élire des gouvernants souhaitant aller faire la guerre à d'autres nations...

Pour contrer ce problème, il faudrait que la nationalité soit accessible assez facilement, selon des critères objectifs qui ne pourraient pas être questionnés par un fonctionnaire un peu trop tatillon voire soumis aux pressions racisantes d'un gouvernement quelconque.

Je te soumets une proposition de texte, qui figurait dans la deuxième constitution française, votée en juin 1793 mais jamais appliquée :


Article 4. - Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ; - Tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année - Y vit de son travail - Ou acquiert une propriété - Ou épouse une Française - Ou adopte un enfant - Ou nourrit un vieillard ; - Tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l'humanité - Est admis à l'exercice des Droits de citoyen français. 
Article 5. - L'exercice des Droits de citoyen se perd - Par la naturalisation en pays étranger - Par l'acceptation de fonctions ou faveurs émanées d'un gouvernement non populaire ; - Par la condamnation à des peines infamantes ou afflictives, jusqu'à réhabilitation.
Il y aurait évidemment des choses à revoir là-dedans. Par exemple, dans l'article 4, il faudrait changer "une Française" par "un Français" et remplacer "Ou nourrit un vieillard" par "Ou assiste un vieillard". Dans l'article 5, je ne suis pas pour maintenir l'idée qu'on soit obligé de perdre sa nationalité d'origine pour être français. Par contre, je trouverais très positif qu'on puisse retirer sa nationalité à un Français acceptant des fonctions ou des honneurs d'une dictature : on se débarrasserait de nombreux parlementaires... Enfin, toujours dans l'article 5, il faudrait remplacer "Par la condamnation à des peines infamantes ou afflictives, jusqu'à réhabilitation"  par une formule du type "Par une condamnation inscrite au casier judiciaire du citoyen".
En clair, il est bien plus cohérent de permettre à des étrangers d'obtenir la nationalité que de voter sans être soumis aux obligations afférentes.
Quand à l'argument habituel sur les impôts, une personne habitant un pays utilise les services publics, les infrastructures et les équipements, au niveau municipal comme aux autres. Il est donc normal qu'elle paie des impôts.

lundi 5 novembre 2012

Rapport Gallois : 30 milliards d'impôts en plus, 20 milliards de baisse de revenus.

Le rapport Gallois proposerait de baisser de 30 milliards d'euros les cotisations sociales, dont 10 milliards sur la part salariale et 20 milliards sur la part patronale.

Il faut rappeler que les cotisations sociales constituent une part du salaire, dont le versement est différé à l'arrivée d'un évènement particulier : naissance, chômage, maladie, retraite...

On peut supposer que les employeurs continueront à verser les dix milliards salariées (sinon, cela se verrait trop) mais que les salaires n'augmenteront pas dans les vingt prochaines années à cause de cette hausse qui n'en est pas une. Par contre, il est certain que les 20 milliards vont aller voir ailleurs si j'y suis, soit vers l'investissement (ce serait bien, mais ce ne sera certainement pas la majorité), soit vers le capital (qui a déjà gagné 10 points de PIB en trente ans).

D'un autre côté, l'Etat va récupérer les 30 milliards sur la consommation et sur les revenus.

Pour les salariés et les indépendants qui ne touchent pas de revenus du capital (une majorité des Français), cela signifie donc que le salaire perçu va augmenter de 10 milliards mais que les prélèvements vont augmenter de 30 milliards, soit une baisse de revenus de 20 milliards.

Ils sont mignons, les employeurs, avec leur choc de compétitivité. C'est plutôt un choc rigoriste  et toujours pour les mêmes, cette affaire...

Et dans quatre ans, la droite accusera le PS d'avoir fait baisser les revenus des Français en voulant maintenir la gabegie des dépenses publiques (cela s'appelle, en français, la protection sociale) et ils reviendront au pouvoir, accompagné du FN, avec un programme de baisse drastique des dépenses publiques et des privatisations massives.

Espérons que le gouvernement saura gérer ce document correctement...

dimanche 4 novembre 2012

FN=FdG ? Une stratégie de la droite pour préparer les listes communes aux municipales avec le FN.

Il y a en ce moment un vrai problème de fond à gauche dans le débat politique.

Dans les médias, il est devenu classique de se jeter, entre mouvements de gauche, différents noms d'oiseaux (je ne pense pas à "pigeon" ici...) qui illustrent un conflit latent.

On peut être surpris : si le PS a eu besoin de nos voix pour être élu, tout va bien maintenant. Le FdG ne dispose pas des possibilités pour bloquer des lois, et même un vote contre du Sénat n'a que peu d'importance, car, faut-il le rappeler, l'Assemblée nationale a le dernier mot, et le PS y a la majorité seul.

Tout vient, si on essaie de comprendre ce qui a bien pu changer par rapport à l'époque de la gauche plurielle par exemple, de la volonté des partis composant le Front de Gauche de se penser et de se poser comme une alternative au PS, et non plus comme de simples satellites de celui-ci. C'est plus cela qu'une véritable menace venant de ce même FdG. En effet, même si le PS se cassait complètement la binette durant les cinq prochaines années, le contexte politique actuel laisse à penser que les bénéficiaires en seraient la droite et surtout l'extrême-droite.

Personnellement, j'espérais que la campagne du FdG aux dernières élections permettrait à mes idées de sortir du carcan habituel de la gauche radicale française. Cela n'a pas été possible cette fois-ci, et il est encore impossible de dire si la stratégie actuelle le permettra dans le futur.

Ce positionnement d'alternative à gauche change tout. Evidemment, le FdG se doit de mettre ses votes dans les institutions où il est présent en accord avec son programme car il perdrait toute crédibilité auprès de ses 11% d'électeurs. Impossible donc de voter pour un budget qui instaure une austérité combattue pendant toute la campagne, même si cela doit amener à des votes en commun avec l'UMP (surtout que le gouvernement ne chute pas et peut continuer à mener sa politique tranquillement). Ce positionnement impose aussi de se préparer à perdre la plupart des villes encore tenues par le PCF aux prochaines municipales, car les alliances avec le PS sont nombreuses et je ne vois pas bien comment on pourrait aboutir à des plateformes communes, à moins de réduire les propositions à des minima que les électeurs pourraient ne pas goûter.

Cette situation impose-t-elle une diabolisation mutuelle ? A mon sens, non, personne n'a besoin de ça ! Laissons le PS agir, exposons simplement nos désaccords à nos concitoyens, présentons nos idées, et au final, les électeurs trancheront.

Et puis, on peut constater dans la blogosphère de droite que de plus en plus, l'idée que le FdG est identique au FN fait son chemin. Cette idée se diffuse de plus en plus au PS et chez les blogueurs qui en sont proches, alors que ce parti cogère de nombreuses collectivités avec le PCF et sait très bien que celui-ci a depuis longtemps abandonné ses projets révolutionnaires pour un projet socialiste simplement plus radical que le sien. D'ailleurs, les électeurs le savent très bien aussi : dans les communes de Seine-Saint-Denis encore tenues par les communistes, point de kolkhozes ni de sovkhozes. Juste une gestion qui ressemble assez largement à une version plus rouge de ce que fait le PS ailleurs.

Il ne faut pas tomber dans le panneau. A droite, on se prépare tranquillement à l'alliance avec le FN. Aux municipales, l'UMP menacera le PS en disant : "si tu fais alliance avec le FdG, je peux m'allier avec le FN puisque c'est pareil." Et hop, voilà, dans tout le Sud-Est et l'Est de la France, de magnifiques listes communes qui écraseront la gauche, quelle que soit son orientation, au passage.

Cette menace devrait suffire à faire rapidement cesser les combats de coq et les querelles de chiffonniers. Que le PS mène sa politique sociale-libérale, vu que cela a été le choix des électeurs. Nous, construisons notre programme et soyons prêts !

Tiens, au passage, le FdG devrait réfléchir à ce qu'il peut proposer pour les municipales, parce que sinon, les électeurs ne verront aucun intérêt à ce vote-là. Le communisme municipal a fait le succès du PCF dans le passé. Un nouveau programme demande une certaine dose d'innovation et des propositions programmatiques nouvelles. Pour que les électeurs fassent une rupture, il faut qu'ils y voient un intérêt.

samedi 6 octobre 2012

Leçons des salmigondis des divers pigeons de la semaine.

L'affaire des Pigeons, ce mouvement de droite apparu sur internet cette semaine contre une réforme de la taxation des autoentrepreneurs, est révélatrice de plusieurs phénomènes.

Tout d'abord, des militants de droite savent utiliser Twitter, y compris en racontant n'importe quoi. Bon, on s'en fiche, tu vas me dire, cher lecteur, mais enfin, c'est bon à savoir...

Deuxièmement, le gouvernement s'est couché assez rapidement, même si ce n'est que partiellement, devant un mouvement qui s'est contenté d'envoyer des twits sans rien faire de plus.On se demande ce qu'il se serait passé si ces pigeons avaient décidé de manifester physiquement. Heureusement qu'à droite, on ne manifeste qu'une fois tous les vingt ans...

Ce qui amène à une leçon que tout femme ou homme de gauche doit méditer : on ne peut faire reculer ceux qui ont du pouvoir et construire un modèle social plus juste sans un important mouvement social qui accompagne fortement et massivement l'équipe au pouvoir, qu'elle soit sociale-démocrate ou plus radicale. Ce fut le cas en 1936, en 1945 ou encore en 1968 et 1981.

Et aujourd'hui, cher lecteur, tu vois un mouvement social d'ampleur ?

C'est la principale faiblesse de ce gouvernement socialiste : la population française a massivement intégré les solutions rigoristes et ne souhaite pas se battre pour une autre société, même une société plus régulatrice et plus redistributrice que pourrait éventuellement nous vendre le PS. Même si les Français ont renvoyé Sarkozy à ses chères études, ils restent majoritairement de droite économiquement et socialement.

Et c'est une bonne leçon pour nous, au Front de Gauche. Si Hollande n'a même pas le soutien populaire pour renvoyer les pigeons dans leurs volières, peut-on vraiment imaginer que Mélenchon aurait pu réaliser une véritable rupture avec le capitalisme ? J'ai beau en avoir une envie furieuse, j'en doute furieusement.

Alors, si demain, il faut descendre dans la rue pour donner du poids au gouvernement et faire des réformes, j'y serai prêt. Encore faut-il que quelqu'un nous y appelle...

Et à part le FdG dimanche dernier, que fichent les syndicats et le PS ? S'ils ont besoin d'aide, on est là. Hou hou, on est là. On veut bien la faire, la guerre à la finance. Eh, y a quelqu'un ?

samedi 29 septembre 2012

La carte, un révélateur des inégalités ?

J'ai souvent été frappé des difficultés que pouvaient rencontrer les élèves comme de nombreux adultes avec les cartes routières. Il est vrai que, dans l’Éducation nationale, on utilise très peu cet outil et l'on se sert plutôt de cartes issus de la recherche, mais, si les gamins semblent mieux gérer ces représentations-là, on se rend vite compte qu'il n'en est rien.

Lorsque j'ai commencé à enseigner en lycée, j'ai corrigé la première année un paquet de 74 copies de terminale scientifique. Il y avait, dans cette épreuve, un croquis de géographie sur la puissance américaine dans le monde, sujet à l'époque ultra-classique, que tous les gamins avaient forcément étudié durant leur année de terminale. Or, le concepteur avait eu la bonne idée de mettre un fond de carte qui était centré sur l'Amérique, avec l'Europe à l'Est et l'Asie à l'Ouest. Cela était d'ailleurs totalement cohérent, puisque les Américains travaillent l'espace de cette manière-là. Or, sur la cinquantaine de candidats qui avait choisi de se lancer sur cette épreuve (l'autre était un croquis compliqué sur la mondialisation...), j'en ai eu trois ou quatre qui ont replacé les États-Unis à l'Ouest de la carte, comme si le fond de carte était notre classique fond de carte européano-centré. Ainsi, voyait-on New York localisé à la place de Dalian, Washington aux environs de Pékin, et Los Angeles vers Lhassa. En soit, les flèches, les points et les zonages étaient souvent bons (appris par cœur), mais simplement en Asie.

Très vite, on peut découvrir que même la conception de l'espace local n'est pas du tout acquise. Chaque année, en seconde, je distribue à mes élèves des cartes IGN de leurs communes et je leur demande de repérer le chemin qu'ils parcourent pour se rendre au lycée. Déjà, sur une classe de trente, il y en a toujours six ou sept qui éprouvent de réelles difficultés à localiser leur domicile, puis le lycée, et enfin le chemin qui les relie. Et quand il s'agit de passer à la représentation graphique...

En réalité, on ne travaille que peu à l'école sur des cartes comme les cartes routières, parce que ce n'est pas dans les programmes. Je me suis alors longuement demandé comment j'étais, moi-même, devenu assez bon aux maniements de ces outils.

Évidemment, se replonger dans son enfance entraîne un tri entre la reconstruction inhérente aux souvenirs et la réalité. Déjà, il est évident que pour utiliser une carte, il faut savoir lire... Il faut aussi être capable de faire le lien entre l'espace dans lequel on vit tous les jours et sa représentation graphique. Il faut enfin avoir un réel niveau d'abstraction lorsqu'on aborde des espaces non-connus.

Mon seul souvenir finalement concret est le suivant : lorsque mes parents préparaient un voyage avec ma sœur et moi, ils prenaient le temps de construire à l'avance l'espace dans lequel nous allions voyager. J'ai ainsi un souvenir d'un périple que nous devions faire en Espagne lorsque j'avais onze ans. Mes parents nous avaient acheté un livre pour ados qui présentait le pays, nous en avaient beaucoup parlé, et avaient acheté une carte routière de la Péninsule Ibérique qu'ils avaient mis à notre disposition. Ainsi, nous pouvions, si nous le souhaitions, repérer les lieux. Cela avait plusieurs résultats très positifs, à mon sens. Tout d'abord, cela brisait l'angoisse qu'on pouvait ressentir à se rendre dans un espace nouveau dont on ne maîtrisait que peu de choses, dont la langue d'ailleurs. Ensuite, cela nous permettait de faire le lien entre ce que l'on voyait et ce que l'on avait appris par ailleurs avant le voyage. J'ai en plus le souvenir d'avoir exprimé, à cet âge, des désaccords avec certaines idées que j'avais pu lire dans le livre de mes parents. J'ai enfin l'assurance d'avoir ensuite développé un attachement particulier pour ce pays, ses films, sa gastronomie, sa littérature...

Cette manie de la localisation et de la représentation spatiale m'est ensuite restée. C'est sans doute une véritable névrose, d'ailleurs, qu'un psychanalyste pourrait facilement relier à un aspect mal résolu de ma relation avec mes parents. Je m'en suis rendu compte il y a quelques semaines, alors que je me trouvais en vacances dans les Hautes-Alpes. Nous étions, avec la Privilégiée, dans un restaurant où on me proposa, pour accompagner mon plat, un verre de Mondeuse. Ce fut un moment tout à fait appréciable d'ailleurs, et j'ai été surpris de découvrir un vin rouge pareil, très structuré et riche en saveur, dans une région à propos de laquelle ma culture viticole se limitait à l'Apremont, tout à fait intéressant par ailleurs. Ayant apprécié le pinard, j'ai immédiatement voulu savoir d'où pouvait bien venir ce breuvage, à quel espace géographique, à quel terroir il pouvait bien être relié. J'ai donc appris plein de trucs, là où nombre de mes concitoyens seraient simplement restés sur le souvenir d'un bon verre.

Tiens, un jour, il faudrait que je fasse un billet sur le lien entre le vin, son espace d'origine et les souvenirs du buveur. J'y reviendrai.

Cette manie s'étend à tout. Dès que je lis une actualité, par exemple, sur un lieu dont je n'ai jamais entendu parler, je file le chercher dans un atlas ou sur internet. Et maintenant que Google Earth nous offre en plus des photos de toute la planète, il y a vraiment de quoi l'explorer.

Ce lien privilégié avec la carte vient donc de ma famille indirectement, et est maintenant un trait de ma personnalité. Il est extrêmement pratique, puisque je n'ai finalement maintenant quasiment pas besoin de cartes. Si tu me dis, cher lecteur, d'aller de chez moi à une grande ville française, je sais immédiatement par où passer. J'aurais peut-être besoin d'une carte pour localiser plus précisément une destination très précise, voire d'un GPS pour une adresse (mais on peut aussi demander à un passant lorsqu'on arrive). Au final, la localisation ne me pose aucun problème.

Et c'est là que l'inégalité ressurgit d'autant plus entre enfants, mais aussi entre adultes. La plupart de nos concitoyens ne sont pas particulièrement à l'aise avec l'espace et ont besoin d'aide pour l'appréhender (il n'y a qu'à voir à quel point les GPS ont du succès), et une partie non-négligeable est handicapée et éprouve de réelles difficultés dès qu'il s'agit de se déplacer. Dans mon lycée dit difficile, la proportion est nettement plus forte qu'ailleurs parce que les gamins viennent de milieux très pauvres qui ont un accès très faible à une culture qui pourrait corriger les difficultés de départ.

Suis-je en train de te dire que l'école ne peut rien ?

Il y a cinq ans, alors que je m'attaquais, avec une seconde générale, à l'activité dont je te parlais plus haut, cher lecteur, un gamin se leva et me demanda où se situait la voie piétonne qui longe mon lycée sur son côté ouest par rapport à notre salle de classe. Négligemment, je lui indiquais la direction du doigt. Le gamin me déclara donc : "ah, donc, c'est à droite". Il se retourna alors vers ses camarades et s'arrêta brusquement, et me dit : "ah, mais non, Monsieur, en fait, c'est à gauche, je me suis trompé."

Devant ce cas, je me suis retrouvé au bord du gouffre qui pouvait séparer deux individus qui avaient connu des histoires très différentes. A son âge, seize ans, je n'avais déjà plus besoin de cartes pour faire la plupart de mes déplacements dans Paris, et lui n'était toujours pas décentré de son propre corps pour la localisation... Il aurait donc fallu que l'école le prenne complètement en charge et lui transmette tout ce que ses parents et ses proches avaient été incapables de donner. Pour cela, aurais-je dû l'emmener faire un voyage en Espagne en le préparant comme ma mère l'avait fait ? Aurais-je dû larguer mes 29 autres élèves, bien moins en difficulté pendant que je prenais en charge ce garçon ?

La réalité s'est imposée. J'ai essayé de lui expliquer que c'est pour cela qu'on utilisait les points cardinaux pour se repérer, en se détachant du corps. Il m'a tranquillement répondu qu'il n'arrivait jamais à situer les quatre directions. J'ai donc voulu aller lui expliquer comment on pouvait faire, j'ai pris une dizaine de minutes pour cela, mais il ne comprenait pas mon explication, sans que je sois capable de dire pourquoi, alors que plusieurs autres gamins levaient la main et m'appelaient à l'aide. J'abandonnais lorsque, lui disant que la position du soleil pouvait aider à situer les directions, il me répondit que c'était impossible parce que le soleil changeait tout le temps de place, et que la nuit, c'était mort !

Tout ce qu'il allait falloir reconstruire ! Devrait-on sortir ce gamin de classe et refaire tout ce qui n'avait pas été fait avant ? Si on devait prendre en charge à plein temps les 10% de gamins dans cette situation, il est sûr que cela serait très positif pour eux, mais les défenseurs de l'équilibre budgétaire s'y opposeraient vigoureusement. Je crains que l'on soit là à la limite de ce que l'école peut faire...

samedi 22 septembre 2012

Le 30 septembre, on manifeste contre le TSCG, mais sans grand espoir...

La très grande majorité des Français semble se désintéresser totalement des votes que les députés et les sénateurs émettront dans quelques jours sur les différents traités européens négociés par Nicolas Sarkozy avec ses homologues européens. Pourtant, le débat sur le TCE avait passionné les foules en 2005. La raison en est simple : il n'y aura pas de référendum. La France signant chaque année des dizaines de traités, il est finalement assez naturel que nos concitoyens s'en fichent totalement.

Les conséquences seront pourtant fondamentales. Ces traités organisent une austérité perpétuelle et condamnent de fait toute politique autre que libérale. Il est toujours surprenant de voir à quel point les politiques de notre époque s'échinent à border les capacités d'action du peuple souverain...

Bon, pour commencer à débattre, il faut avant tout lire le texte, et cela tombe bien, parce que contrairement au TCE, le texte, quoiqu'aride, est court. Tu peux le trouver ici.

Y a-t-il là-dedans des points positifs ? Le seul que j'ai pu trouver est l'apparition de la notion de "déficit structurel" que les économistes keynésiens réclament depuis de nombreuses années pour améliorer le pacte de stabilité et de croissance. Cependant, ce terme n'est pas défini et, lorsque l'on sait ce que pensent les libéraux des dépenses structurels, il est à craindre que cette petite victoire soit vite vidée de son contenu. Pour moi, par exemple, les dépenses d'éducation correspondent à de l'investissement (puisque l'on produit du capital humain qui font augmenter le PIB et notre qualité de vie...) mais je suis bien certain que beaucoup y voient du structurel qui devrait vite fait aller au secteur privé.

Pour le reste, à part de la limitation de notre souveraineté nationale, je ne vois rien de positif. Comment accepter que le budget de la nation soit visé par des institutions non-élues ?

Après, reste que les moyens de s'y opposer sont faibles. Hollande n'a même pas évoqué cette question le 9 septembre à la télévision, tout en annonçant toutes les conséquences de cette signature. Il avait promis une renégociation qui n'a pas eu lieu. Pour le reste, il s'est assis sur ses promesses. Je n'en attendais de toute façon pas moins du PS qui continue sans relâche à soutenir sa ligne social-libérale.

Peut-on espérer faire craquer le gouvernement ? Il y a un vrai débat mais j'admets que je suis très sceptique, et ce pour plusieurs raisons :
  • En 2005, les Français ont voté "non" et un nouveau traité reprenant les grands principes l'a rapidement remplacé, sans que les médias et les politiques s'en offusquent.
  • Plusieurs députés PS et EE-LV voteront contre, mais avec les votes de la droite, le texte passera sans problème.
  • Malgré toute l'affection que je porte à Mélenchon, la manifestation du 30 septembre, à moins qu'elle soit énorme, n'aura aucun impact. D'ailleurs, les dirigeants du FdG n'y croient pas ; ils espèrent juste marquer des points pour plus tard...
 Dans le futur, on pourrait parfaitement espérer qu'un gouvernement français déterminé, à la tête de la deuxième puissance économique du continent et de la bientôt première puissance démographique, puisse envoyer paître la Commission Européenne et mener la politique qu'il souhaite. Par contre, je plains d'avance les petits pays...

Cet état d'esprit défaitiste, je dois bien l'admettre, ne m'empêchera pas d'aller manifester dimanche prochain, tout en oubliant pas que la vraie bataille a été perdue auparavant, lors des élections en particulier. Au moins cette manifestation nous permettra-t-elle de nous retrouver et d'entretenir notre moral...


samedi 25 août 2012

Les rythmes scolaires émergent seuls de la concertation sur l'école.

Depuis la fin du mois de juin, le ministre de L’Éducation nationale, Vincent Peillon, a entamé une concertation sur de nombreux thèmes concernant le système éducatif. Elle réunit de nombreux acteurs du système mais aussi d'autres contributeurs. Elle s'est interrompu mi-juillet et a repris mi-août. Elle devrait aboutir normalement à une loi d'orientation à la fin de l'année.

En entend-on parler ? Assez peu, je dois dire. Quelques recherches dans la presse en ligne montrent que c'est la question des rythmes scolaires qui passionne le plus les journalistes. Sans doute pensent-ils que, la majorité des Français ayant des enfants, ceux-ci sont intéressés par les rythmes de leurs futures vacances... D'autre part, c'est un sujet que tout le monde pense maîtriser. Enfin, c'est une bonne entrée pour taper sur les enseignants, ces éternelles feignasses.

Quand on s'intéresse un peu à la littérature, on trouve pourtant tout et n'importe quoi. Actuellement, les élèves sont en classe 36 semaines sur 52. Ils ont donc seize semaines de vacances réparties pour moitié sur les mois de juillet et d'août et pour moitié sur les quatre période de "petites vacances". La France se caractérise par un temps de vacances plus long que les autres pays développés, mais aussi des semaines nettement plus chargées en moyenne. De plus, il est intéressant de noter que la quantité de ce qui est enseigné n'a cessé de diminuer. En seconde générale, par exemple, nous sommes maintenant à 28h hebdomadaire par élève, alors qu'on était à 35-36h au début des années 1990. En primaire, on est passé en 2008 de 27h à 24h.

Et c'est là que la gabegie commence. Les spécialistes de chronobiologie semblent s'accorder sur le fait que l'idéal serait un temps de sept semaines de cours suivi de deux semaines de vacances. On relit cette idée dans de nombreux articles. Après, se pose la question de la journée de cours. Là, il semble aussi qu'un accord se dessine pour l'alléger, mais avec des problématiques nouvelles. En effet, l'allègement de la journée implique de modifier l'ensemble des rythmes :
  • soit en diminuant les vacances pour que les élèves continuent à travailler autant (mais là, les lobbies touristiques râlent),
  • soit en diminuant la quantité de ce qui est enseigné (mais là, les déclinistes râlent),
  • soit en augmentant le nombre de personnels pour que les élèves puissent faire la même chose en un temps plus court (mais là, les malades de la dette publique râlent).
En clair, ce n'est pas facile, d'autant plus que toute décision aura des conséquences lourdes. Si l'on diminue la durée journalière de cours, les familles vont voir leurs vies bouleversées : il faudra bien que quelqu'un vienne chercher les gosses plus tôt au primaire ! Le ministre a déjà dit que l'on pourrait créer des activités périscolaires gérées par les villes, mais cela va coûter (argh, la dette publique !) et les villes produiront des services totalement inégaux...

Pour les enseignants, il est très difficile, de manière empirique, de comprendre l'évolution de la fatigue des élèves. Personnellement, dans mon lycée dit difficile, j'ai toujours trouvé qu'il y avait deux périodes difficiles. La première se situe au mois de décembre, les élèves sortant crevés des quatre mois automne-hiver. Il est difficile de déterminer les causes, mais on peut dire que les vacances de la Toussaint sont plus courtes que les autres et que l'arrivée de l'hiver fatigue davantage. Ensuite, une autre période ressurgit au mois de février (encore l'hiver ?). Après, cela se passe mieux, sauf pour les terminales qui saturent fin mai-début juin...

Le ministre a pensé d'ores et déjà résoudre le problème en rajoutant deux jours de vacances à la Toussaint pris ailleurs. Ce n'est pas en soi une mauvaise chose, mais ces jours ne seront pas rattrapés partout. En lycée, nous bossons du lundi matin au samedi midi : je ne vois pas trop bien comment on va recoller des journées de cours dans la semaine. La seule solution serait de reculer le bac mais je n'ai vu aucune annonce à ce sujet. 

En tout cas, il est sûr qu'il faut faire quelque chose parce que le calendrier est toujours aussi ubuesque. Si on regarde, pour 2012-2013, le calendrier de la zone C (Paris-Bordeaux), on obtient :
  • sept semaines jusqu'à la Toussaint, ce qui est correct selon les chronobiologistes, avec deux semaines de vacances ensuite,
  • une première entorse avec six semaines pour la deuxième période,
  • ensuite, on arrive à huit semaines (!?) de suite dans une période traditionnellement dure pour les gamins,
  • on revient pour la quatrième période à six semaines, avec le premier pont dedans (week-end de Pâques),
  • enfin, merveilleuse dernière période, voici huit semaines de cours pour le primaire, six pour le collège et quatre ou cinq pour les lycées (les examens perturbant très souvent la fin de l'année) avec le pont de la Pentecôte en plus.
Ce rythme vient des célèbres trois zones, auxquelles les professionnels du ski sont très attachées. On verra si le gouvernement socialiste est capable d'écouter davantage les enfants que tous les lobbies qui tournent autour du juteux marché des vacances scolaires...

jeudi 23 août 2012

2012 : la pire rentrée dans l'Education nationale depuis 1995.

La rentrée 2012 va avoir un drôle de parfum.

Tu vas me dire, cher lecteur, que je suis encore en train de râler. C'est vrai, mais il faut bien comprendre que le changement de l’Éducation nationale ne peut être pour maintenant.

Je m'explique.

L’Éducation nationale est une lourde machine. Rien que pour recruter un professeur, par exemple, cela prend plusieurs années, parce qu'il faut le former et que, contrairement à ce que pensait la droite au pouvoir, cela demande des savoirs et de la formation professionnelle. Tiens, d'ailleurs, il n'y a plus de formation professionnelle. Le gouvernement actuel s'est engagé à la refondre, mais là aussi, cela va prendre du temps.

Le budget qui va s'appliquer à la rentrée 2012 est celui qui a été voté par la majorité sortante lors de la session d'automne 2011. En clair, nous allons perdre 13 000 postes de professeur à cette rentrée. Tu vas me dire que le nouveau gouvernement aurait pu annuler cette mesure, au lieu simplement de rajouter 1 000 postes au dernier moment.

Cela aurait été possible, mais qui aurait-on mis sur ces 13 000 postes ? Recruter un professeur, cher lecteur, prend maintenant deux ans. De plus, du fait de la masterisation et de la dégradation des conditions de travail et des revenus, il y a de moins en moins de candidats. On n'aurait donc pas pu trouver autant de gugusses en deux mois, à moins de recruter un bon pourcentage de personnes largement recalées aux concours. Le gouvernement aurait pu réouvrir les postes et y mettre des contractuels, mais là encore, cette solution présente de nombreux inconvénients, comme de mettre des gens non-formés qui viennent deux jours au lycée puis s'enfuient en courant. Le ministre a proposé d'aller chercher les collés aux différentes agrégations, mais là encore, on est sur des chiffres ridicules (quelques dizaines de personnes).

Au final, le gouvernement a choisi de privilégier l'équilibre de son budget. C'est ce qu'il avait annoncé, pas de surprise.

Nous allons donc vivre la dernière rentrée Sarkozy-Chatel (espérons-le en tout cas) ce qui signifie donc que, au niveau des moyens, elle va être la pire depuis 1995, d'autant plus que le nombre d'élèves est en pleine augmentation en primaire et en collège, baby-boom oblige.

J'ignore totalement comment les collègues vont supporter cela. Je ne sais pas non plus comment les familles et les élus locaux vont l'accepter. On a déjà vu que des problèmes émergeaient à la Réunion.

Depuis mai dernier, les enseignants sont dans l'attente de voir ce que le nouveau gouvernement allait leur proposer. Ils ont appris ensuite que la réforme du lycée ne serait pas remise en cause (à l'exception du retour de l'histoire-géographie en Tle S), que l'enseignement par compétences restait la matrice du gouvernement pour le primaire et le collège et qu'ils pouvaient toujours attendre une quelconque augmentation de salaire.

Je ne crois pas franchement à de grands mouvements sociaux, même si certains syndicats vont sans doute essayer de construire des mobilisations. Tant qu'on en restera à des préannonces, à des concertations, à des commissions voire à des comités, le gouvernement peut être tranquille. Les profs sont déjà tellement contents d'être sortis du désordre sarkozien...

C'est lorsque les annonces viendront qu'on peut craindre que les choses s'agitent. Mais dans quelle direction ? Là, franchement, aucune idée...

mercredi 22 août 2012

La rentrée, à gauche, s'annonce amicale mais virile...

Quand on a soutenu le Front de Gauche aux dernières élections, on est quand même un peu gêné.

D'un côté, il faut se rendre à l'évidence, on a perdu les élections, c'est un fait. Certes, on a progressé en voix et on a ruiné l'extrême-gauche, mais on a pas encore revitalisé suffisamment un électorat pour gagner des mairies par exemple. La preuve en est que plusieurs députés PCF n'ont pas sauvé leurs places, et que les autres sont souvent passés près du gouffre. Pour récupérer des mairies, il va falloir proposer un programme innovant qui soit aussi fort que l'était le communisme municipal des années 1950. Parce que maintenant, tous les partis font la même chose lorsqu'ils tiennent une mairie. Il faudra donc encore travailler, parce que pour l'instant, les électeurs pensent plutôt à virer les vieux maires communistes qu'à autre chose.

D'un autre côté, un autre parti de gauche l'a emporté. La tradition républicaine veut que les mouvements de gauche concurrents se placent dans un soutien républicain mais critique. Cela ne semble pas plaire à mes camarades socialistes, en particulier lorsque l'ancien candidat à la présidentielle ose dire quelque chose.

C'est marrant, parce que Mélenchon ne me semble pas difficile à contrer. Déjà, il a passé cinq semaines à soutenir Chavez au Venezuela, et on sait que le personnage est sulfureux. Ensuite, il s'agite surtout, à mon sens, pour préparer les évolutions du FdG et convaincre le PCF de ne pas retourner à sa stratégie qui n'a fait que lui coûter des mairies et des sièges de députés. Pour pouvoir exister, il faut donc, dans notre monde médiatique post-sarkozyste, qu'il tire à boulet rouge sur le gouvernement, et c'est ce qu'il vient de faire, très logiquement.

Je tiens à rassurer mes camarades socialistes. Vu que leur gouvernement à un vrai programme de gauche et qu'il va réussir à améliorer la vie de nos concitoyens, ils n'ont rien à craindre. Les critiques de Mélenchon tomberont à plat, et le FdG restera à 11% et se soumettra pour sauver quelques mairies en 2014.

Et puis, il ne faudrait pas tomber dans une stratégie sarkozyste où tout ce qui s'exprimait à droite contre l'hyper-président était systématiquement massacré. Répondez à la critique posément, et tout ira bien.

Maintenant, personnellement, je continuerai à écrire ce que je pense, et quand ce gouvernement, même de gauche, fera n'importe quoi, je le dirai.

Dans ce pays, la politique, cela devient vraiment n'importe quoi...

mardi 31 juillet 2012

Fin de la défiscalisation des HS : quid de l'Education nationale ?

Maintenant que le paquet fiscal est quasiment voté, on peut s'intéresser à une mesure qui a particulièrement concerné l’Éducation nationale : la défiscalisation des heures supplémentaires.

Jusqu'à 2007, les HS étaient principalement utilisées, dans l'éducation, pour adapter les services aux maximas de services des enseignants. En clair, quand les heures de cours à dispenser ne collaient pas aux maximas de 15 ou 18h, on pouvait rajouter une petite heure par-ci par-là pour faire passer. D'ailleurs, les décrets de 1950 prévoient que chaque enseignant ne peut refuser au moins une heure supplémentaire annuelle. Le recours aux HS était donc une mesure principalement technique.

Or, à partir de 2007, confronté aux suppressions de postes, le ministère a d'abord forcé la plupart des enseignants à prendre la fameuse heure obligatoire. Il a ensuite utilisé la défiscalisation des HS pour pousser à la consommation, en particulier en faisant passer les décharges en HS.

Qu'est-ce que cela signifie ? Les décrets de 1950 prévoient un certain nombre de décharges pour service particulier. Par exemple, un prof travaillant en prépa a une demi-heure de décharge pour une heure de cours effective. Un prof bossant en lycée et ayant au moins six heures de cours en première et ou terminale peut avoir une heure de décharge. Le ministère a poussé les chefs à faire passer ces heures en HS, en arguant du fait que les collègues faisaient ainsi leurs services complets. Il a joué le pognon contre le temps de travail, ce qui en région parisienne, avec des profs jeunes, des salaires en baisse constante par rapport à l'inflation et des loyers délirants, a eu un réel effet.

Grâce à cette mesure symbolique, qui devait principalement toucher le privé, on a fait passer de nombreuses suppressions de postes dans l’Éducation. C'est intéressant de voir que les profs sont devenus les principaux consommateurs de ce dispositif, permettant à l’État de supprimer des emplois...

Maintenant, à partir du 1er septembre, les HS sont à nouveau fiscalisés. Au MEN, on doit serrer les fesses. En effet, si jamais les profs se mettaient à refuser à nouveau les HS, on aurait un énorme problème.

Bon, je vais rassurer nos camarades socialistes et de droite : les collègues se sont habitués à un train de vie, et les gros consommateurs continueront à prendre les HS.

A noter tout de même que, plus on travaille dans l'EN, moins on fait de cours de qualité et d'évaluations pour éviter les copies en masse. Après, on a le système éducatif qu'on mérite.

samedi 14 juillet 2012

Blogger dysfonctionne ?

Est-ce que des blogueurs ont des problèmes d'affichage sur Blogger en ce moment ?

Je n'ai plus un affichage correct de la case commentaires et certaines de mes mises en page sont nazes.

Mon site déconne complètement...

mercredi 20 juin 2012

Le changement au Front de Gauche, il faut que ce soit maintenant, et ce n'est pas simple.

Je signalais ce matin, cher lecteur, que le mode de scrutin existant pour les législatives nécessitait, pour pouvoir l'emporter, de disposer de deux choses absolument fondamentales.

Il faut tout d'abord faire un bon score au premier tour et arriver dans les premiers, et en tout cas en premier de son bord politique. Par exemple, pour un candidat du Front de Gauche, c'était, lors de ces élections, une nécessité d'arriver en tête.

Il est nécessaire d'avoir ensuite des alliances pour l'emporter au second tour, ou, tout au moins, une bienveillante neutralité de la part d'autres mouvements importants, comme c'est le cas à gauche avec le désistement de second tour.

Quand il vous manque l'un des deux, vous pouvez essayer de signer des accords électoraux avant le 1er tour pour être sûr, dans certains endroits privilégiés, d'avoir des sièges. Cela s'est fait cette fois-ci pour EELV, le MRC et le PRG à gauche, et pour le Nouveau Centre et les Valoisiens à droite.

Les partis n'ayant rien de tout cela peuvent compter sur des personnalités fortes (comme Bayrou et Lassalle en 2007) ou sur des triangulaires inattendues (comme pour Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen cette fois-ci).

En dehors de ces configurations, vous n'avez aucune chance d'avoir des députés, comme c'est le cas pour les mouvements d'extrême-gauche par exemple ou pour la multitude de groupuscules qui a présenté quelques candidats.

Le Front de Gauche, lors de cette élection, est parvenu à faire augmenter son score aux élections globalement, mais il n'est pas encore capable de tenir des bastions et n'a pu que peu arriver en tête de la gauche. Globalement, il s'appuie sur les anciens fiefs du PCF et n'est pas encore parvenu à faire de réelles conquêtes nouvelles. Pour un jeune mouvement comme celui-là, c'est assez compréhensible.

Et on peut aussi expliquer l'échec des députés sortants non pas sur le manque de dynamique du FdG, mais plutôt sur la très très grande usure du PCF qui s'accroche encore tant bien que mal à ses anciennes municipalités et où la situation est très dure localement, comme à Saint-Denis. Si tu regardes la liste des élu-e-s FdG de ces élections, la plupart sont des apparatchiks qui exercent des mandats depuis au moins quatre législatures. Le seul nouveau député est Nicolas Sansu, mais ce n'est pas un nouveau non plus puisqu'il fait de la politique depuis les années 1990.

En clair, parmi les facteurs qui peuvent expliquer le relatif échec du FdG à ces élections, il faut noter l'importance de l'usure du PCF et de ses cadres, et par derrière des politiques qu'ils défendent dans les municipalités qu'ils dirigent encore. Si ce mouvement veut espérer réellement s'implanter et durer au-delà de la carrière personnelle de Mélenchon, il doit mener un véritable renouvellement de ses élus restants, et ne pas hésiter à lancer des nouveaux à l'assaut des collectivités territoriales en 2014. Certes, ces élections ne seront pas simples (même si le PS se sera un peu usé, il faut rappeler que le but serait plutôt d'aller affronter la droite et, justement, elle se sera reprise d'ici là), mais elles pourraient permettre à de nouvelles têtes d'émerger et de gagner en expérience.

Evidemment, cela va imposer à quelques anciens de céder la place. Ce n'est pas simple, je le conçois parfaitement, et ce problème concerne d'ailleurs tous les mouvements politiques. On pourrait éventuellement proposer à tous ces anciens de former les jeunes tout en acceptant les nombreuses différences entre le PCF triomphant des années 1960 et le jeune Front de de Gauche en devenir. D'ailleurs, il y a aussi de nombreux jeunes au PCF.

On va m'accuser, en lisant ce texte, de faire du jeunisme. Je te rassure, cher lecteur. Je sais qu'un jour, je serai vieux et qu'on me demandera à mon tour de céder la place. Ce ne sera pas facile, j'en suis sûr. Pourtant, il faudra bien...

On ne peut s'appuyer sur les résultats du 1er tour pour imaginer une Assemblée à la proportionnelle.


Ces deux derniers jours, j'ai vu passer deux billets de deux apparatchiks de la blogosphère, Corto et Marc Vasseur, dont je trouve le postulat totalement incohérent.

Je m'explique.

Ces deux vénérables auteurs présentent deux camemberts de notre nouvelle Assemblée nationale. Le premier montre la situation issue des élections, et le second ce qu'il se serait passé si la proportionnelle intégrale avait été appliquée aux résultats du premier tour. On obtient évidemment une assemblée bien différente, avec beaucoup plus de Front de Gauche (un groupe plus gros que celui d'EELV) et de Front National, un peu moins d'UMP et beaucoup moins de PS. La droite serait majoritaire si elle acceptait de gouverner avec le Front National. Dans le cas inverse, le PS et ses croupions pourraient gouverner mais avec une obligation de composer avec EELV et le Front de Gauche.

Je suis totalement d'accord sur le fait que ce système électoral pose des difficultés de représentativité. Ayant soutenu le Front de Gauche, je ne peux que constater que malgré une hausse du score en nombre de voix, ce mouvement perd des députés. Cependant, le but de notre constitution est que l'Assemblée nationale représente la majorité. A l'évidence, c'est une réussite, puisque nous avons bel et bien une majorité qui va pouvoir gouverner. Pour se faire élire, lorsqu'on est pas un des partis dominants, il faut faire des alliances. Le Front National connaît bien le problème : ne pouvant s'allier avec qui que ce soit, il n'a pu gagner que dans deux triangulaires, cette configuration n'ayant pu arriver que parce que deux candidats locaux ont refusé de suivre la discipline des partis.

Le Front de Gauche en a moins souffert car, s'il n'a pu nouer d'accord électoral avec le PS, il a pu profiter de la règle républicaine de désistement à gauche. Je reviendrai, à froid, sur les résultats du Front de Gauche qui s'expliquent finalement assez facilement.

Surtout, le PRG et le MRC, qui n'existeraient pas en nombre d'élus si le PS ne les soutenaient pas (sauf peut-être dans quelques bastions du Sud-Ouest pour le PRG, et encore...) et le Nouveau Centre et les Radicaux Valoisiens à droite seraient réduits au rôle du NPA et de LO...

D'autre part, ce postulat est faux car, si le système était différent, les électeurs feraient des choix différents. Il est évident que nos concitoyens ont choisi de désigner une majorité PS. Si nous étions en proportionnelle, les choix auraient été très différents, tout simplement parce que le système ne donnerait pas le même résultat. D'autre part, certains partis auraient adopté des stratégies autres, comme le Nouveau Centre qui aurait pu se lancer seul ou les Verts qui n'auraient pas été obligés de signer un accord de gouvernement avec le PS avant les législatives. On pourrait même imaginer de ressusciter les apparentements, comme à l'époque de la Troisième Force...

Il n'est donc pas possible de s'appuyer sur les résultats actuels pour imaginer une chambre à la proportionnelle. Cela ne veut pas dire que la question d'introduire ce mode de scrutin n'est pas posée. Cela veut juste dire que les chefs de partis ne doivent pas penser qu'ils auraient x députés si le système avait été proportionnel.

Un nouveau système signifierait obligatoirement des recompositions.

vendredi 15 juin 2012

Au Raincy aussi, on a nos faux tracts !

Tiens, tiens, tiens...

En rentrant ce soir, je trouve dans ma boite aux lettres un tract du Front de Gauche.

Un tract sans numéro de téléphone, sans imprimeur, sans adresse, sans contact...

Un tract dans une circonscription où les faux tracts apparaissent régulièrement...

Un tract dans lequel le FdG annonce qu'il pèsera sur le futur député PS, alors qu'avec une majorité absolue, Popelin se moquera du FdG comme du Front Populaire...

Je me demande bien qui peut avoir intérêt à ces manoeuvres dans notre bonne ville du Raincy. Philémon et Domitille, qu'en pensez-vous ?


jeudi 14 juin 2012

Campagne de second tour en Seine-Saint-Denis : simplement minable !

Je te parlais avant-hier, cher lecteur, des difficiles relations internes à la gauche en Seine-Saint-Denis.

Traditionnellement, les médias affirment que c'est Mélenchon qui, durant la campagne, a été très agressif avec le PS, alors que celui-ci s'est contenté de l'ignorer. En réalité, les conflits sont nettement plus anciens.

Dans le 93, les problèmes ont commencé au début des années 2000. A l'époque, le PS a décidé, sûrement sous l'impulsion de Claude Bartolone, de s'attaquer au Conseil général, alors que les mairies communistes commençaient à tomber. Le PS a donc attaqué des cantons tenus de longue date par le PCF et a progressivement pris l'avantage. En 2008, l'assemblée départementale a basculé au PS, même s'il y a encore 30% de conseillers généraux au Front de Gauche aujourd'hui.

Cette tactique s'est faite dans une violence réelle, qui s'est matérialisée aussi aux législatives et aux municipales dans plusieurs communes du département. Ce fut le cas à Saint-Denis, La Courneuve, Pantin, Aubervilliers et surtout Montreuil, où le PS a participé à l'éviction progressive de Jean-Pierre Brard de la mairie et aujourd'hui de l'Assemblée nationale. Evidemment, cette évolution est intimement liée à la chute du PCF mais, contrairement à d'autres zones du territoire, le PS n'a pas préservé ici les élus communistes, préférant s'appuyer sur les Verts. Depuis la fondation du Front de Gauche, les votes en sa faveur ont augmenté, mais le PS a gagné plus d'électeurs du fait de la gentryfication de l'ouest du département.

A cette élection, le Front de Gauche présentait quatre députés sortants, tous des vieux routiers du PCF et Braouezec, actuellement à la FASE mais ancien du même PCF. Cependant, ces députés ont été frappés par la poussée du PS suite aux présidentielles : Marie-George Buffet est passée de justesse (et son adversaire PS est majoritaire à la Courneuve), Braouezec et Brard sont arrivés deuxième et seul François Asensi a largement devancé son adversaire EELV soutenu par le PS dans le Nord-Est du département. Là encore, la campagne a été très dure et assez loin du débat d'idées gauche-droite. Je n'incrimine personne : les deux camps sont autant responsables l'un que l'autre, et les inimitiés restent durables. On est très loin d'un quelconque Front populaire ici.

Or, comme je te le disais mardi, Patrick Braouezec a choisi de mener une stratégie solitaire et de se maintenir contre son jeune concurrent PS, Mathieu Hanotin, en allant à l'encontre de l'accord de désistement traditionnel à gauche. Comme je te le disais hier, je pense que c'est une grosse connerie : c'est la droite et l'extrême-droite qui vont choisir et en général, ils préfèrent le PS au FdG.

Cette décision aurait pu faire échouer l'accord général et entraîner la disparition de tous les députés FdG du département. Heureusement, les autres se sont tenus et le PS n'a pas rompu l'accord.

Or, tout n'est pas facile. Marie-George Buffet aurait émis deux communiqués, soutenant tour à tour le candidat PS et Braouezec. François Asensi s'est aussi prononcé pour un soutien. Là encore, c'est le désordre. On peut comprendre : tous ces gens sont dans le même mouvement et ils ont du mal à lâcher un copain. En plus, on en profite pour essayer de régler ses comptes avec le PS local...

Et celui-ci réplique ! Par exemple, voici un communiqué minable de la candidate PS battue de La Courneuve, qui accuse Marie-George Buffet d'être liée à des fraudes électorales au Blanc-Mesnil et d'avoir négocié une circonscription au poil avec l'UMP, circonscription qu'elle a pourtant failli perdre. S'il y a soupçon de fraude, qu'elle attaque ! Et sinon, qu'elle se rappelle que les adversaires, ce sont l'UMP et le FN, pas le FdG.

En clair, on n'est pas sorti du bordel ! Personnellement, je crois que le PS fait une grave erreur en éliminant tous ses concurrents de gauche (EELV s'est bien fait avoir durant ce scrutin, et le FdG a été un adversaire plus qu'un concurrent, comme à Hénin-Beaumont) tout en maintenant en vie des mouvements sans réelle implantation et sans militants comme le MRC ou le PRG. Au final, le PS va diriger seul et aura les mains libres. Cependant, il devra aussi assumer seul toutes les conséquences de la politique qu'il va mener, sans accepter aucun amendement d'autres mouvements de pensée.

Et là, cela peut faire très mal dans les prochaines années. L'évolution du PASOK devrait pourtant servir de leçon à tout ce petit monde...

mardi 12 juin 2012

Braouezec : dommage pour le Front de Gauche.

Tiens, suite à l'article que j'ai publié hier, voici exactement une illustration de ce qu'il ne faut pas faire !

Patrick Braouezec aurait décidé de se maintenir à Saint-Denis, dans la 2ème circonscription, contre Mathieu Hanotin. Il rompt ainsi le pacte républicain à gauche et autorise les candidats PS à se maintenir contre les deux députés FdG restants du 93 qui allaient donc gagner sans aucun problème. Jean-Pierre Brard a apparemment été plus intelligent en se retirant à Montreuil.

Depuis 2000, le PS, sous l'impulsion de Claude Bartolone, a été à l'origine d'une lutte fratricide à gauche pour virer le PCF des mairies et du Conseil général, et pour prendre progressivement tous les sièges de députés. Certes, le PCF traînait des casseroles dans le coin, rien qu'avec l'endettement du Conseil général, mais il aurait sans doute finit par perdre de lui-même, les électeurs acceptant assez mal les hausses brutales d'impôts et les dégradations des services publics locaux. Le PS a pourtant choisi une stratégie fratricide et qui a fait beaucoup de mal dans le département, créant des inimitiés durables qu'on peut souvent voir à l'oeuvre dans les syndicats locaux par exemple. Le PS a d'ailleurs eu assez peur de la dynamique du FdG et il doit être maintenant rassuré localement, pouvant poursuivre sa stratégie d'uniformisation de la gauche locale.

Or, cette campagne pouvait servir d'exemple et montrer que, si le PS avait fait le choix de poursuivre ce chemin et de faire des gains sur le dos des autres mouvements de gauche, le FdG privilégiait la victoire contre la droite.  En effet, les tracts du PS sur Saint-Denis, Montreuil et la Courneuve ont été particulièrement violents, alors qu'il n'y avait aucune menace à droite et finalement une menace très réduite du FN qui n'a pu se maintenir que dans la 9ème circonscription à cause de l'effondrement du candidat Nouveau Centre soutenu par l'UMP qui a perdu 7 points par rapport au score de Sarkozy au premier tour des présidentielles.

Dans la plupart des cas, c'est bien ce qu'il va se passer. Et heureusement !

Quant à Braouezec, il donne la possibilité à la droite de choisir, et elle va sans doute voter PS. C'est dommage, vraiment, car cet élu démontre qu'on fait parfois passer ses ambitions personnelles avant l'intérêt du collectif.

Espérons vraiment que l'ensemble des militants du PCF ne suivront pas cette voie dans les prochains mois.

lundi 11 juin 2012

Mélenchon subit un coup de grisou : analysons et arrêtons de pleurer sur nous-mêmes.

Bon, il faut l'admettre et arrêter de se regarder en pensant qu'on a fait quelque chose de positif : le Front de Gauche s'est écrasé aux législatives, même s'il a fait mieux que le PCF en 2007. Mélenchon lui-même connaît un grave échec dont il va avoir du mal à se remettre. Il faut maintenant commencer à réfléchir sur la suite, pour que le FdG ne devienne pas rapidement le souvenir d'un court épisode de notre histoire politique.

Car, il faut le dire, cher lecteur, le FdG risque bien de ne pas survivre longtemps. Contrairement à d'autres partis, ce mouvement est une construction imaginée par Mélenchon pour faire un hold-up sur le PCF et son appareil. Les militants de ce parti ont avalé leurs rancœurs, et ils vont maintenant pouvoir tenter de reprendre la main. Pourtant, je reste persuadé que, malgré des pertes de députés, le FdG et le score de Mélenchon à la présidentielle ont évité au PCF de disparaître complètement de l'Assemblée nationale. Cela serait arrivé s'il était resté sur ses vieilles positions d'appareil.

Or, j'ai déjà entendu des militants de ce parti, que je connais par ailleurs, dire qu'il va maintenant falloir en profiter pour en finir avec cette courte expérience. Aucun risque maintenant qu'une adhésion directe au FdG soit possible : les communistes vont tout verrouiller. C'est très dangereux, car si le PCF se retrouve seul, il disparaîtra tout simplement d'ici à 2017, et d'autant plus s'il rentre au gouvernement sans aucun moyen de pression sur le PS. Ce parti n'avait plus de souffle, plus de dynamisme et vivait sur ses quelques acquis électoraux, sans cesse menacés à chaque scrutin. A nouveau seul, il disparaîtra d'autant plus vite que le PS ne lui fera plus aucun cadeau.

Reste à comprendre l'échec de Mélenchon lui-même. Certes, je continue à penser que sa campagne présidentielle a été bien menée contre la droite et l'extrême-droite. Cependant, avec la législative, il s'est installé dans une circonscription où il a joué à la fois de la corruption locale du PS et de la lutte contre le FN. On a ainsi quitté le combat contre l'UMP et ses idées, qui aurait dû être l'objectif principal de cette campagne, pour se concentrer quasiment uniquement sur le FN. Il était important de continuer à lutter contre les deux et séparément. D'autre part, mettre en avant l'un des endroits où le PS est pourri était aussi assez malvenu. Il est important de marquer les différences avec le PS (car sinon, à quoi sert le FdG ?) mais pas de tirer à vue sur des corbillards. En fait, il aurait sans doute été plus positif de laisser Poly, son suppléant, faire le travail, en venant le soutenir, pour lui permettre d'utiliser le fameux ancrage local et de se poser en alternative à un PS local largement discrédité.

Il est intéressant de noter que le PS, pour conforter sa majorité, n'a pas hésité à faire échouer un accord électoral avec le FdG pour massacrer les derniers députés restants du PCF, et ainsi capter les circonscriptions de gauche, profitant de sa plus grande force électorale. On n'a pas lutté contre la droite ici, mais contre la gauche comme à Saint-Denis ou à Montreuil, simplement pour consolider une majorité. C'est tout aussi dangereux, et les socialistes n'ont pas franchement de leçon à donner sur ce sujet.

Mélenchon devait-il se présenter ? Je ne le crois pas, mais c'est facile de le dire à posteriori. Il aurait finalement mieux fait de rester sur ses succès de la présidentielle et de s'occuper du FdG, pour éviter la situation maintenant difficile qui l'attend.

Mélenchon est-il responsable de la poussée du FN ? Là, par contre, on se fout du monde. Le FN a grimpé uniquement à cause de l'échec de Sarkozy, après d'autres échecs d'autres gouvernements à améliorer la vie des gens. Mélenchon n'a en rien forcé qui que ce soit à droite de voter à l'extrême-droite à la présidentielle. Tous ceux qui accusent le FdG d'être en partie responsable de la hausse du FN ne font que se débarrasser de leur propre responsabilité. C'est d'autant plus comique venant des militants de droite alors qu'ils sortent de dix ans de pouvoir...

Le moment est donc compliqué. Il est normal qu'un jeune mouvement subisse des défaites. Il doit se construire et continuer d'avancer. Le FdG doit analyser ses succès et ses échecs récents, rationnellement et simplement, et en tirer des leçons pour la suite.

Maintenant, le PS va avoir les mains libres pour diriger ce pays. J'espère m'être trompé, depuis des années, sur l'ancrage idéologique de ce parti et sur ce qu'il va faire. J'espère qu'il réussira à améliorer la vie des Français. Cependant, je reste sur d'autres idées et si le PS déraille, je serai le premier à le dénoncer.