mercredi 15 septembre 2010

Présentation d'un article par un journal neutre sans engagement politique particulier.

Depuis que j'ai un iphone, je découvre la joie et le bonheur de lire la presse en ligne. C'est gratuit, mais c'est écrit petit et ça fait mal aux yeux. Dans ce contexte, les flux des grands journaux sont composés en général d'un seul titre qui, on peut l'imaginer en tout cas, cherche à être le plus accrocheur possible.

Samedi, alors que je rentrais chez moi et que je me trouvais dans mon RER, je me pique d'ouvrir l'application du Figaro. Certes, cela ne m'arrive pas souvent, mais j'avais épuisé celle du Monde et je cherchais à passer le temps.

Et là, je tombe sur ce titre : "Ecole : pas de lien entre effectifs et résultats."

Evidemment, toujours intéressé par les questions éducatives, je clique immédiatement sur ce titre très étonnant, me demandant quel inspecteur général de l'éducation avait encore dû répondre à une commande du politique pour dire que les moyens, à part satisfaire les syndicats, ne servaient pas à grand-chose. C'était d'autant plus bizarre que l'OCDE venait de publier des textes indiquant que les petits groupes avaient un réel effet sur les élèves les plus défavorisés et les plus en difficulté.

Or, après avoir ouvert l'article, on découvre le sous-titre suivant : "Selon une étude de l'OCDE, le travail en petits groupes ne bénéficie qu'aux élèves en difficulté."

Je découvrais là une façon totalement différente de voir la question du nombre d'élèves par classe. Lorsque nous, enseignants, traitons ce problème, nous évoquons souvent la difficulté que nous pouvons avoir à passer beaucoup de temps avec les élèves les plus perdus d'une classe lorsque celle-ci est grosse. Il est alors évident que le nombre d'élèves par classe, s'il n'influe pas vraiment sur les meilleurs, peut avoir un impact fort sur les plus faibles. Or, c'est exactement ce que dit l'OCDE dans les résultats de ses évaluations PISA.

Le Figaro, pour tourner le problème, affirme que ces petits groupes ne sont efficaces que pour les élèves faibles, ce qui laisse à penser qu'ils ne servent à rien pour les autres. Ainsi, on suggère l'idée de se demander si l'investissement en vaut la peine. L'article en lui-même fait finalement une présentation assez correcte des résultats des rapports de l'OCDE, mais c'est dans le titre que tout est dit : voilà un beau soutien à la politique gouvernementale de suppression du nombre d'enseignants (en période de croissance démographique, il ne faut pas l'oublier...).

Justement, un système éducatif vraiment performant ne devrait-il pas être capable de sauver tout le monde, même les gamins les plus paumés ? Dans ce cas précis, l'investissement pourrait vraiment en valoir la chandelle.

En réalité, le problème de la taille des classes ne peut s'envisager que sur des grands nombres. Tous les enseignants vous raconteront des histoires de classes à 35 pénibles et d'autres très agréables, de classes à 20 larguées et d'autres très fortes. Tout dépend des gamins que l'on met dans chaque classe. Personnellement, je me souviens avoir souffert à une première à 24 alors qu'au même moment, ma terminale à 35 était très gérable. Cependant, ai-je vraiment pu suivre ces 35 élèves convenablement ? Bonne question, à laquelle seuls les gamins pourraient eux-mêmes répondre.

Ce qui est sûr, par contre, c'est qu'une classe à 35 prend bien plus de temps à gérer et fatigue bien plus, en moyenne. Cependant, ça, c'est du confort d'enseignant, et ce n'est pas vraiment dans la mode du moment d'aborder ce genre de questions.

8 commentaires:

  1. voila encore plus de pédagogie sur le sujet que celle qui a fait les titres de certains journaux (de droite bien sûr) sur la leçon de Fillon la semaine dernière... Bravo. CQFD.

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  2. Ton post me rappelle un débat sur un autre blog....! ;)
    (Si t'as un ifone, c'est pas la peine d'en faire la pub, t'as des actions ou un truc dans le genre chez Apple? C'est ça ?)

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  3. Pas mal le Figaro, il vient de me faire sourir.

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  4. + 1
    Y a rien d'autre à dire ...

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  5. @ Rheteur9 : l'évocation de l'Iphone permet juste à ceux qui connaissent de visualiser la situation.

    @ Manuel : moi, il m'afflige plutôt.

    @ Manuel M. : ouep.

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  6. c'était juste une boutade :)

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  7. @ Rheteur9 : j'espère bien, bordel ! :)

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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