lundi 2 novembre 2009

La faiblesse de la grippe A : effet rassurant mais trompeur.

Ce matin, j'ai eu l'occasion de lire un intéressant article publié par le Devoir concernant la gestion de la grippe A. Ce sujet fut sensible, il y a quelques semaines, mais semble maintenant ne plus intéresser personne, alors que la maladie est bien moins dangereuse, à priori, que nous n'aurions pu le craindre au départ.

L'article vise à faire un bilan de l'action de l'OMS sur cette crise. Il conclut que l'organisation a parfaitement joué son rôle en donnant l'alerte sur un risque réel.

Je ne suis pas, cher lecteur, un fanatique du principe de précaution. Cependant, en tant que personne formée en histoire, que les grandes épidémies furent une constante de notre histoire. La dernière grande épidémie, le SIDA, n'était pas aussi dévastateur car c'est une maladie qui nécessite des contacts poussés pour se transmettre. Par contre, restent dans nos inconscients collectifs des grandes épidémies qui firent des dégâts conséquents. Sans remonter jusqu'aux grands épisodes de pestes, le siècle dernier a été marqué par de grands épisodes de grippe.

Or, durant le dernier demi-siècle, notre société occidentale s'est évertuée à se débarrasser de toute conscience de la mort sur nos existences. La mort n'est plus évoquée, n'est plus présente, les malades sont relégués dans les hôpitaux, de même que les petits vieux. Ainsi, nous réagissons de manière assez schizophrène face au risque d'épidémie. Nous sommes parcourus par de grands épisodes de panique généralisée, et en même temps, nous sommes tous persuadés que nous ne serons pas touchés directement par la maladie. Nous développons même une méfiance face aux politiques des autorités, sans doute à raison parfois, comme sur le vaccin, méfiance qui disparaîtra sans doute si la maladie s'avère finalement dangereuse ou si une nouvelle phase de psychose se développe.

Ce calcul est stupide. A l'évidence, nous ne sommes pas débarrassés des épidémies en tout genre. Il n'y a pas de raison que, dans un futur plus ou moins proche, une pandémie ne réapparaisse pas. Dans ce cadre, l'OMS a raison de tirer le signal d'alarme si le risque est réel et de demander aux autorités sanitaires de prendre les mesures qui s'imposent. Ensuite, il y a sûrement des critiques à faire sur les réponses des Etats.

Or, il y a tout de même un danger : s'il y a plusieurs alertes de manière très rapprochée, sans conséquence réelle, il est à craindre que nous nous prenions cela de plus en plus à la légère. Or, après la vache folle, le SRAS et la grippe aviaire, la grippe A est la quatrième épidémie mortifère annoncée qui semble faire pschitt. Lorsque la véritable maladie surgira, nous risquons de mettre du temps à prendre conscience du problème et à adapter nos comportements.

Est-ce la faute de l'OMS ? Pas seulement. Les médias et les politiques des Etats doivent aussi se poser de sérieuses questions, car leurs utilisations de ces alertes, pour des motifs parfois très divers et loin de la santé, risquent aussi d'affaiblir les réponses des individus, le jour où une vraie épidémie se présentera à nous.

6 commentaires:

  1. Je suis bien d'accord avec ta conclusion. je n'ai vraiment pas l'impression que les média soient objectifs dans ces affaires. Ils privilégient le sensationnalisme sur l'information.

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  2. Quand j'ai dit ça il y a quelques mois, tu m'étais tombé dessus à bras raccourcis...

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  3. super! Dis Matthieu, tu veux pas faire le billet de décryptage "'1919-2009': de la grippe espagnole à la grippe A" sur www.g-depetigny.net? Ce serait chouette!
    hihi! le collègue amusé de service.

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  4. @ Ferocias : malheureusement...

    @ Manuel : ah non, tu disais qu'on faisait une connerie en criant au loup. Moi, je te dis qu'on ne faisait pas de connerie, mais que cette alerte a été surmédiatisée, et que cela posera des problèmes à terme.

    @ Anonyme : non, je ne fais pas de cours d'histoire en ligne, juste des billets politiques ;)

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  5. Je ne pense pas qu'on puisse parler d'épidémie, à propos du sida, dans la mesure où ce mot ne me semble concerner que les maladies contagieuses, ce que n'est pas le sida.

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  6. @ Didier : je n'ai pas bien compris. Le SIDA est contagieux puisqu'on peut l'attraper, certes plus difficilement que la grippe, mais tout de même. Que vouliez-vous dire exactement ?

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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