jeudi 29 octobre 2009

Ah, le bon vieux mythe de l'homme providentiel à droite.

Ils sont marrants, à droite. Je dis cela sans aucune méchanceté réelle, parce qu'à gauche, on est souvent très marrant aussi.

Depuis que Dominique de Villepin a lancé sa tentative de retour dans le champ politique français, nombreux sont les militants de droite à espérer un changement à la tête de la droite. Pourquoi ne pas espérer liquider politiquement Sarkozy et faire élire un autre homme providentiel à la place en 2012 ? On en a même qui croit voir en de Villepin un nouveau Pompidou...

Le problème, c'est que la politique ne marche pas comme cela. Quelques points, totalement partis pris, pour m'expliquer :

  • On a jamais vu en France une majorité manœuvrer pour virer un président en place. Tout simplement parce que le risque est réel de voir l'opposition l'emporter avec la gabegie que provoquerait une telle opération. Souvenez-vous des atermoiements de Rocard en 1987, espérant chasser Mitterrand du pouvoir.

  • L'exemple de Giscard viré en 1981 est ressorti ce matin à la radio. C'est un très mauvais exemple. A l'époque, la droite était divisée, Giscard ne venait pas de la famille gaulliste et la gauche était très dynamique, avec un leader et un programme complet et crédible.

  • Ensuite, Sarkozy a totalement mis sous sa coupe la droite française, et continue à racoler vers l'extrême-droite. Il ne laissera pas faire les chiraquiens sans réagir. Et d'ailleurs, je ne sais pas si vous vous en êtes rendu compte, mais on a beaucoup parlé de Charles Pasqua et de Jacques Chirac ce matin dans nos médias.

  • Enfin, lors de la présidentielle, la droite se resserrera autour de celui qui a les réseaux et les moyens de l'emporter.

En clair, le seul moyen de virer Sarkozy en 2012 serait que quelqu'un de crédible, avec un programme cohérent, émerge à gauche. On en est loin, et je crains que Sarkozy ne soit gentiment en train de se positionner tout à fait convenablement pour l'emporter en 2012.

11 commentaires:

  1. Mathieu, même quand on dit qu'on fait de la politique fiction (et qu'on s'amuse bien), les gens le prenne au premier degré (rhooo)

    Sinon, sur chacun de tes points :
    1 - ce n'est pas vrai. Cf Chirac et le RPR en 1981... La nature humaine (la haine surtout) est impénétrable :)
    2 - Ben si, je confirme le point 1. Giscard a été élu en 74' par cette même famille qui l'a mis dehors en 1981'. Enfin, ne refaisons pas le match.
    3 - Sur l'extrême droite, là encore je ne suis pas d'accord avec ta vision. Les électeurs qui votent à l'extrême droite, qui sont souvent d'anciens électeurs communistes ou très à gauche (c'était le cas en 2002 en tous cas), ne sont pas "l'extrême droite".
    Par ailleurs, l'électorat raciste restera vers le Pen. Qui devrait récupérer, si la gauche ne se bouge pas, ceux qui ont cru en le "travailler plus pour gagner plus" de Sarkozy.
    4 - Je ne sais pas là encore... Que feront les électeurs ? Quand je dis que je ne suis pas sur de voter à droite au deuxième tour s'il y a Sarkozy, je représente évidemment ma position. Celle ci est partagée par pas mal de collègues "de droite"...

    Mais sur ta conclusion, je suis totalement d'accord avec toi.
    Ca n'a peut être pas été clair, mais je m'amuse beaucoup de ce revival Villepin. Je n'y crois pas. J'aurais envie d'y croire, mais je n'y arrive pas... Avoir envie de croire, et croire, c'est deux choses différentes.

    Je crois qu'à droite, il peut se créer un mouvement pour faire perdre Sarkozy. Mais s'il n'y a pas d'alternative à gauche, car c'est à gauche qu'elle se fera, àa ne prendra pas.
    Par contre, il faudra que cette alternative à gauche rassemble plus que son camp. Quand je lis certains qui revent d'une "gauche de combat", plus à gauche que la gauche elle même, je crois qu'il y a là plantage terrible. Gagner une élection, c'est rassembler. Et on ne rassemble pas en excluant...

    C'est un bon débat. Et même si je ne partage pas tout sur ce billet, je le trouve très bon. Et ton analyse très fine.

    Bonne fin de semaine (vacances ?)

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  2. Ses implications ne me réjouissent pas beaucoup mais je pense que la conclusion est très juste. Sauf cataclysme dans les deux ans qui viennent, Sarkozy est sans doute assez puissant à droite pour être à l'abri d'un parricide, surtout s'il devait venir d'un Villepin qui aurait construit son capital sur son opposition au Lider Maximo.

    C'est donc probablement à gauche que peut émerger un candidat capable de le battre au second tour. Mais je ne vois pas de nom qui ressorte vraiment à l'heure actuelle, ce qui me pousse à imaginer que Bayrou n'a peut-être pas dit son dernier mot.

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  3. @ Faucon : en clair, il faut de la division à droite et un bon candidat de gauche ?

    Je réponds sur mes tirets :

    1) Giscard n'était pas issu de la majorité réellement. Il venait d'une minorité de la majorité, qui avait gagné grâce aux manœuvres de la majorité de la majorité pour virer Chaban. Je suis clair, là ?
    2) Giscard a donc été utilisé pour se débarrasser de Chaban. Sarkozy n'a pas été utilisé pour virer qui que ce soit.
    3) Je ne ferais pas de pronostic sur le comportement de l'extrême-droite. En tout cas, le pouvoir continue de lorgner vers elle.
    4) Tu voterais pour une personne de gauche ???

    Merci en tout cas pour les compliments.

    @ Evan : Bayrou ? Non, je n'y crois pas, mais là encore, je ne ferai pas de pronostic.

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  4. J'aime bien ces discussions . Tout en faisant plus confiance en le prof d'histoire que tu es qu'en mes sentiments.

    1) Oui, ce n'est pas faux. Enfin, il était plus dans la majorité qu'un Mitterrand :)

    2) Giscard a surtout été utilisé, comme Sarkozy, pour assouvir sa propre ambition à lui. Que Chirac ait ensuite joué avec lui, c'est autre chose.

    3)Lorgner vers ses électeurs. Lorgner vers l'extrême droite, ça veut dire quoi ? Que l'UMP veut faire alliance avec le FN pour des élections ?
    Le PS serait d'ailleurs inspiré de lorgner vers les électeurs de l'extrême gauche (pour moi, tu le sais, le même danger...) que vers le NPA...

    4)Je te l'ai même dit en face à face en buvant un vin de Gascogne. J'ai déjà voté à gauche. Et quand j'étais un peu plus exposé politiquement chez moi, j'ai appelé à voter localement pour la gauche...
    C'est une surprise pour toi ?

    Enfin, il y a débat. Et des bons billets comme le tien y contribuent, au débat

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  6. @ impots-utiles : merci de ne pas faire ici de la pub sans intérêt. Si vous avez quelque chose à dire d'intelligent, par contre, n'hésitez pas.

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  7. @ Faucon : ben oui, discutez, c'est la base de tout.

    1) Certes.

    2) Certes aussi.

    3) Non, je parlais bien des électeurs, bien sûr.

    4) C'est vrai, j'avais oublié, je devais déjà être saoul. Non, en fait, te connaissant, ce n'est pas vraiment une surprise.

    Ben, encore merci pour le compliment.

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  8. Sur le 1, le 2 et le 4 on est d'accord. Même sur le 3 aussi. Mais en ce qui concerne le 3, personnellement, ça ne me choque pas qu'un parti républicain tente de récupérer l'électorat qui part sur l'aile.
    Si le PS arrivait à faire baisser le NPA ou LO, qui sont pour moi au moins aussi néfastes que le FN (bien que moins important dans les urnes), j'en serai ravi.

    Par contre, je pense aussi que la méthode de rameutage des voix FN est mal branlée en ce moment. Sarkozy a certes siphoné sur l'immigration, mais la nature humaine préfère toujours l'original à la copie. Beaucoup de voix d'ex FN 2002 qui sont venus sur Sarkozy était celle d'ouvriers et de travailleurs qui ont "cru" à ce travailler plus pour gagner plus. Ceux là retourneront chez Le Pen ou iront chez Besancenot...
    Enfin, c'est ce que je pense.

    Tiens, tu n'es pas au Kremlin toi sinon ?

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  9. @ Faucon : cela dépend des moyens employés. S'il s'agit de récupérer les idées pourries des extrêmes, cela peut se discuter. Il faut pouvoir convaincre les électeurs que ses idées sont meilleures que les trucs à la con de l'aile.

    Tu as sans doute raison sur les futurs choix des extrêmes.

    Non, j'ai du monde chez moi. Impossible de m'y rendre ce soir.

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  10. Dominique de Villepin ne vise pas seulement la droite mais le centre droit et le centre gauche.

    Il y a une logique gaulliste de rassemblement dans sa démarche. C'est un pari ambitieux mais il y a un tel ras le bol qu'on a le droit d'y croire.

    En deux jours, le club villepin a reçu 500 inscriptions supplémentaires. Je suis persuadé qu'en campagne, DDV serait un bulldozer difficile à arrêter.

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  11. @ Mancioday : je n'ai pas dit qu'on n'avait pas le droit d'y croire. Je pense juste que rationnellement, cela me semble être un pari quasiment impossible.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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