vendredi 8 mai 2009

Victoire : les Sénégalais et les Marocains sont des Français à part entière.

Ce matin, cher lecteur, je suis tombé par hasard sur une cérémonie commémorative du 8 mai 1945. A cette occasion, le maire de la commune lit un message signé par le secrétaire d'Etat aux anciens combattants, sauf s'il ressent le besoin de faire un discours original (souvent en période électorale). Ces discours, qui s'adressent autant aux anciens combattants qu'à l'ensemble de nos concitoyens, sont généralement mous et sans grand intérêt.

J'ai donc pu écouter le discours signé par Jean-Marie Bockel. Tu sais, cher lecteur, le maire de Mulhouse, ancien membre du PS et maintenant l'un des membres de la soi-disant Gauche dite « Moderne », donc de droite… Le discours était à l'illustration de la communication du président et de son gouvernement. Commençant par les habituelles considérations sur l'Allemagne nazie et les camps de concentration, Bockel a largement insisté sur la délocalisation de la cérémonie du 8 mai 1945 pour commémorer le débarquement en Provence le 15 août 1944.

Cependant, le discours m'a vite étonné. On retrouve d'abord les accents gaulliens des années 1950 : voilà qu'on nous dit que la France n'a jamais cessé de combattre et qu'elle a eu un rôle indispensable dans la victoire alliée. Ce n'est pas faux par ailleurs, mais voici que la collaboration et le régime de Vichy retombent à nouveau dans le néant historique, effaçant par ailleurs 40 ans de travail des historiens. Dire que toute la France a combattu l'Allemagne est un sacré raccourci historique.

Surtout, il y a ce petit paragraphe, que je te livre ici, avec quelques morceaux mis en gras par mes soins :

L'armée qui s'est élancée le 15 août 1944 vers les plages de Provence témoignage de cette unité retrouvée de la nation française à l'heure des grands défis. Éléments gaullistes de la 1ère Division française libre, combattants de l'armée d'Afrique, tirailleurs sénégalais, goumiers marocains, bataillon des Antilles, Forces françaises de l'Intérieur : c'est toute la France qui est au rendez-vous pour la Libération de son territoire.

C'est cette France réunifiée que le Président de la République Nicolas Sarkozy a souhaité mettre à l'honneur cette année, en se rendant le 8 mai à la Nartelle afin d'y honorer la mémoire des combattants du Débarquement de Provence.


Voilà un basculement très passionnant : en 1944, les Africains dont les Sénégalais et les Marocains, étaient des composantes de la nation française. De plus, ces soldats se seraient battus pour libérer leur territoire, celui de la France. Voilà une belle négation de la réalité historique. Même si certains indigènes ont pu entendre les enseignants français leur dire qu'ils descendaient des Gaulois, ces personnes savaient très bien qu'elles n'étaient pas françaises, qu'elles n'avaient pas les mêmes droits, qu'elles ne furent jamais traitées comme des équivalents par les Métropolitains, et qu'elles étaient surtout écrasées par la dictature que notre pays appliquait à son empire colonial. S'ils avaient été membres à part entière de notre pays, pourquoi auraient-ils voulu leur indépendance quelques années plus tard ? Jamais il n'y a eu égalité de traitement, sauf dans quelques cas très isolés. Pourtant, de nombreux coloniaux se sont battus pour la France, et leurs contributions sont indéniables à la Libération et au redressement de la puissance française, ce qu'un secrétaire d'État aux anciens combattants aurait logiquement pu rappeler. Même Sarkozy n'a pas été aussi loin ce matin.

Il y a une question que j'ai bien envie de poser à M. Bockel, mais aussi à son camarade de lutte Eric Besson : si tous ces gens étaient des Français il y a 60 ans, pourquoi les empêche-t-on d'immigrer librement ? Pourquoi les expulsons-nous lorsqu'ils essaient de venir s'installer ici ? Pourquoi considérons-nous ces personnes comme des gens « qui ne sont pas rentrés dans l'histoire » ? Pourquoi les traitons-nous aussi mal lorsqu'ils souhaitent venir s'installer chez nous ?

Ce type de discours d'un grand engagement politique, réhabilitant la France sans aucune mesure et niant l'aspect oppresseur du colonialisme, marque bien les idées des gens qui nous gouvernent. Bockel était socialiste, à un moment ? Si son nouvel engagement consiste à signer ce type de textes, je me félicite qu'il ait quitté la gauche.

4 commentaires:

  1. Tiens, je préfère encore me taire...

    RépondreSupprimer
  2. Mieux vaut se taire que de raconter de grosses conneries, c'est ça?
    Sinon, ils sont bien gentils avec leurs discours, mais est-ce le problème va être changé, ces anciens combattants vont ils toucher une pension à celle d'un français de souche?
    Quand ils seront tous morts peut-être!
    On est encore une fois dans la démagogie de merde, blabla et rien derrière.

    RépondreSupprimer
  3. "la cérémonie du 8 mai 1945 pour commémorer le débarquement en Provence le 15 août 1944."
    Déjà ça, c'est un peu bizarre non?

    RépondreSupprimer
  4. @ Didier : dommage.

    @ Manuel : en plus, vu le nombre restant, cela ne devrait pas coûter trop cher...

    @ Ferocias : la com, camarade, la com...

    RépondreSupprimer

Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

La modération des commentaires est activée 14 jours après la publication du billet, pour éviter les SPAM de plus en plus fréquents sur Blogger.