dimanche 31 mai 2009

Les privilégiés plantent un arbre.

Eh bien, cher lecteur, ça y est ! Cela fait plusieurs jours que je bosse là-dessus. J'ai classé tous mes billets dans un arbre Pearltrees, suite à une réflexion issue de plusieurs discussions avec Cratyle.

Si tu consultes cet arbre, tu trouveras des billets classés par thème, avec parfois des histoires particulières, lorsqu'un sujet est revenu de manière récurrente. Ainsi, voici une nouvelle manière, en complément de la chronologie, de découvrir ce blog. Certes, tu trouveras les billets classés selon mes choix, mais c'est aussi une manière de procéder.

J'essaierai d'actualiser cet arbre en permanence.

Je vais bientôt m'attaquer, de la même manière, à mes billets des Gueules.

Bonne découverte !

Les privilégiés parlent aux Français et au monde.

samedi 30 mai 2009

Premier compte-rendu de notre entrevue avec Richard Descoings.

Comme je te l'avais annoncé, cher lecteur, j'ai été invité à déjeuner à Sciences Po par Richard Descoings hier midi, par l'intermédiaire de Nick Carraway. Se trouvaient autour de la table Richard Descoings et son staff, dont Cyril Delay, le coordonnateur des conventions ZEP Sciences Po, quelques contributeurs intensifs au site Lycée pour tous (des profs, deux lycéens et une parente d'élèves), et trois blogueurs n'ayant pas participé au site : un prof de banlieue dont j'ai malheureusement oublié le nom du blog (qu'il se signale, et je le rajoute), Hypos et moi-même. Cycee était invitée aussi, en tant que blogueuse politique et enseignante, mais elle n'a pas pu se libérer.

Très bizarrement, l'une des collaboratrices de Descoings (dont j'ai oublié le prénom, mais qu'elle n'hésite pas à me le rappeler en commentaire) m'a affirmé que les deux billets que j'avais signé au lancement de la mission étaient parmi les plus critiques que la blogosphère politique avait commis sur la commission. J'admets, après les avoir relus, ne pas bien comprendre le sens de cette remarque.

Descoings nous a fait promettre de ne pas communiquer les informations sorties de ce repas avant mardi, car les vidéos seront mises en ligne sur le site de la mission à ce moment-là. Je suis désolé pour les personnes m'ayant demandé de poser la question mais je me suis engagé à ne pas dire tout de suite si Richard Descoings est le futur ministre de l'éducation, question à laquelle l'intéressé a pourtant accepté de répondre. Je laisse la chose en suspens, de même que l'état de ses relations avec Xavier Darcos et ses échanges avec la commission Apparu

Après réflexion, j'admets ne toujours pas avoir bien compris ce que nos hôtes attendaient réellement de ce déjeuner. Globalement, les différents convives se sont affrontés à nouveau sur l'état du lycée, Descoings se plaçant entre nous, nous invitant à parler, rebondissant sur les idées qui allaient dans son sens, n'hésitant pas à utiliser certains convives pour en contredire d'autres. Une chose est sûre, cher lecteur : le bonhomme maîtrise la communication, et très bien. Il sait se montrer avenant et sympathique, donne l'impression d'être attentif à chacun, tout en continuant, à l'évidence, à distiller ses propres constats dans l'assemblée.

Dans l'après-midi, nous avons fait un débriefing du déjeuner avec Hypos et un prof qui avait participé au site, sous le pseudo de Paradoxes. Nous en avons conclu que le président de la commission voulait, à priori, essayer de nous faire comprendre que les acteurs présents défendaient tous leurs bouts de gras et qu'il fallait sortir du milieu éducatif pour que la réforme du lycée ait un sens et puisse se faire réellement. Là-dessus, je ne peux que le rejoindre : l'éducation concerne tous les citoyens et pas seulement les acteurs de l'éducation. C'est au politique de faire des propositions, mais aussi aux citoyens d'avancer ce qu'ils souhaitent pour le lycée.

De là, on a pu percevoir quelques éléments qui sortiraient du rapport, mais, comme je te l'ai indiqué, je ne peux pas encore en parler. Cependant, ne t'inquiète pas, cher lecteur, je te ferai partager mes réflexions là-dessus dès le début de la semaine.

Reste, comme le signalait Hypos, un dernier élément que je me suis engagé à indiquer ici. Qu'avons-nous mangé ?

Terrine de fruits de mer avec coulis de tomate et crevettes,
Saumon avec petits légumes et pommes de terre vapeur,
Gâteau au chocolat et crème anglaise,
Café.

Je signale d'ailleurs au passage que le staff de Sciences Po connaît mal la blogosphère politique. En effet, il n'y avait pas de vin à table ! Heureusement qu'ils n'avaient pas invité Nicolas, Dagrouik ou Martin P. On aurait été mal…

Pour info, en cliquant sur cette perle, tu auras tous les billets que j'ai consacré à la commission Descoings.

La commission Descoings

vendredi 29 mai 2009

La Chaîne de l’Europe.

Oui, je sais, cher lecteur, encore une chaîne ! Je dois admettre qu'en ce moment, mes petits camarades de la blogosphère sont en pleine forme et produisent des chaînes à tout va. On ne s'imagine pas en crise économique ! Quand elles viennent du numéro 1, il est difficile de les refuser, surtout qu'elle fait suite à quelques conversations que nous avions eu ici et . Je t'invite à t'y référer.

Bon, comme Nicolas a l'air de se passionner pour l'Europe, voilà qu'il pose à ses contradicteurs trois questions simples mais qui mériteraient 50 billets de réponse.

C'est quoi, l'Europe, pour toi ?

C'est une grosse question. Je suis marqué par mon passé de géographe. L'Europe est le seul continent qui ne correspond pas réellement à la définition géographique du continent. C'est un objet éminemment culturel, dont on peut douter de la cohérence à priori. Il est donc fondamental de considérer que l'Union ne peut pas être un club de pays ayant une culture commune. Même si nous partageons une histoire riche, chaque pays a une telle personnalité que cela me semble difficile de nous réunir en s'appuyant là-dessus.

Pourtant, c'est bien cette histoire qui peut nous permettre de nous réunir. Notre sanglant passé a largement pu nous faire comprendre que l'alliance valait mieux que la guerre. Grâce à cela, nous avons développé une belle construction qui peut devenir un nouvel espace démocratique émancipateur pour les citoyens. Pour moi, l'Europe est bien un nouveau système institutionnel et un nouvel espace de conquête pour la démocratie et les droits des citoyens.

Que peux-tu écrire à tes lecteurs pour les encourager à aller voter dimanche 7 juin ?

Là, je vais sans doute être très mauvais, mais je ne comprends pas qu'on puisse envisager de ne pas voter. Je vote systématiquement. La vraie difficulté n'est pas celle-là mais plutôt le choix d'une liste. Donc, va voter, cher lecteur : il faut toujours donner son avis quand on te le demande.

Quelle liste représente les idées que tu veux voir défendre au Parlement européen ?

Cette question-là est plus difficile. Après lecture des programmes, je suis assez partagé entre les différentes listes de la gauche démocratique. Je ne voterai pas PS, c'est déjà une certitude. J'hésite actuellement entre le Front de Gauche et les Verts, mais je pense de plus en plus pour Europe écologie, du fait de mon fédéralisme militant. D'ailleurs, j'ai été assez séduit par la tribune de Cohn-Bendit et de Bové, publiée hier dans le Monde. Le Front de Gauche est séduisant de par la personnalité de Mélenchon, mais le PCF a toujours eu un positionnement anti-européen net, et cela me dérange.

Bon, maintenant que je m'en suis dépêtré, je repasse le bébé à Humeurs de vaches, Rubin, Manuel, Homer et Livia. Au boulot, Messieurs-dames !

mercredi 27 mai 2009

L’alliance objective des communistes et des islamistes : l'axe Iran-Corée du Nord.

Cher lecteur, on nous parle depuis deux jours des manipulations de la Corée du Nord. Après avoir fait sauter une bombe nucléaire puis avoir expérimenté quelques missiles, le pays autiste vient de prononcer des menaces très claires à l'égard de la Corée du Sud, en menaçant de remettre en cause l'armistice de 1953. A l'évidence, c'est une manipulation : la Corée du Nord serait anéantie en quelques heures si elle tentait quoi que ce soit contre ses voisins. Il s'agit sans doute d'une nouvelle tentative d'obtenir des livraisons de denrées rares dans ce pays, comme de l'alimentation ou du pétrole.

Devant une telle agressivité, les Etats occidentaux ont réagi avec la plus grande fermeté. Heureusement, l'axe du mal de Georges W. Bush n'est cependant plus d'actualité.

D'ailleurs, je voulais te faire partager mon étonnement. Depuis ce matin, j'ai fait la tournée des blogs, et je n'ai trouvé personne pour rappeler que les Nord-Coréens étaient de ces gouvernements qui avaient fourni de l'aide à l'Iran dans son programme d'armement nucléaire.

Il n'y a donc personne, dans notre belle droite, pour dénoncer cette alliance objective entre l'islamisme et le communisme, contre notre belle démocratie occidentale ???!!!

Franchement, cher lecteur, les blogueurs français perdent la foi…

mardi 26 mai 2009

Des effets secondaires du blog : le Privilégié rencontre Richard Descoings.

Ce vendredi, cher lecteur, je vais, avec un groupe de blogueurs et de contributeurs du site « Lycée pour tous », être invité à déjeuner par Richard Descoings, responsable de la commission travaillant sur la réforme des lycées, à Sciences Po Paris, pour parler de ce projet. Cette invitation m'est parvenue par un blogueur influent. Voici donc le premier bénéfice secondaire de ce blog : je vais pouvoir papoter avec le futur ministre de l'Éducation Nationale (dixit Xavier Darcos hier soir sur France 2).

J'ai bien quelques vagues idées de ce que je vais pouvoir lui dire.

Cependant, comme je suis un démocrate participatif dans l'âme (sans aucune attache ségolèniste pour autant), je te propose, cher lecteur, de me faire parvenir tes réflexions que je pourrais retransmettre, ou tes questions que je pourrais tenter de poser pour toi au directeur de Sciences Po.

Pour cela, rien de plus simple : envoie-moi un mail (tu pourras le trouver dans mon profil) ou laisse un commentaire sous ce billet.

J'espère qu'il y aura quelques éléments à glaner pour toi, cher lecteur. Dans ce cas, ne t'inquiètes pas, je t'écris un billet.

La chaîne diabolique de l'anonymat.

Depuis quelques jours, traîne sur la toile une chaîne à laquelle je croyais avoir échappé. Elle a été lancée par Nicolas qui devait vouloir, je suppose, mesurer son niveau réel d’influence. Eh bien, cher lecteur, elle est importante. La quasi-totalité de la blogosphère bien classée s’est amusée à y répondre. Même Juan a réagi à ce cadeau. Personnellement, j’ai été tagué durant le week-end par le Coucou, que je remercie au passage.

La question posée par le numéro 1 est la suivante :

« Bon, Mesdames, Messieurs, chers compatriotes, on parle beaucoup de l’anonymat dans les blogs mais au fond de nous-mêmes est-ce qu’on ne devrait pas s’en foutre royalement dans la mesure où la plupart des gens ne savent même pas ce qu’un blog ? Ne serait-on pas un peu trop centrés sur nous-mêmes ? »

La question de l’anonymat m’est tombée dessus dès la conception du site. Au départ, j’avais imaginé mettre mon nom et ma photographie sur la page d’accueil. Très vite, mes proches m’ont dit que je faisais une erreur, et qu’il valait mieux me camoufler un peu, en particulier par rapport à mon employeur, pourtant bienveillant. J’ai donc retiré la photo, que j’ai remplacée par différentes images, et j’ai choisi ce pseudo de Mathieu L., qui n’a rien d’original parce qu’il reprend mon véritable prénom et la première lettre de mon nom de famille.

J’ai fait ce choix du fait de mon rôle d’enseignant. Je te rappelle, cher lecteur, que je suis professeur d’histoire-géographie. De fait, je passe mon temps à aborder des questions politiques avec mes élèves mais je me dois d’en parler avec la plus grande neutralité possible. Or, je sais pertinemment que mes élèves tentent, au moins une fois par an, de chercher sur Google les noms de leurs enseignants. En tombant sur ce blog, je craignais que mes élèves ne se mettent à penser que mes cours puissent être orientés. Il s’agissait de séparer clairement les deux mondes, et non pas de se cacher derrière des paravents. Ensuite, je ne voulais pas non plus que tous mes collègues soient informés de cette activité, surtout que je n’évoque quasiment jamais le lycée directement dans mes billets, à part pour reprendre les discours et les informations transmises par les syndicalistes, lorsque je suis en accord avec eux, ou pour en tirer des idées générales.

Il y a quelques semaines, lors d’un conflit avec toute une série de blogueurs concernant ce billet, l’un d’entre eux, Criticus, décida que nous méritions, mes deux compagnons des Gueules et moi, de voir nos noms publiés car nous le mettions gravement en cause. Ainsi, mon nom s’était retrouvé dans le commentaire d’un billet de Didier Goux. Très vite, il fut ôté, mais à l’époque, je l’ai extrêmement mal pris, considérant qu’on avait atteint à ma vie privée.

Avec le temps, j’admets que je suis moins arc-bouté sur cette question, tout simplement parce que cet anonymat est tout relatif. J’ai fait une recherche sur Google et je me suis rendu compte que mon blog apparaissait, en fouillant bien, en lien avec mon nom. Par contre, il est vrai qu’on ne peut pas encore faire le lien avec mon identité réelle à partir du blog. Cependant, je suis rédacteur de mon blog et, en cas de conflit, Blogger aurait le devoir de me dénoncer. Donc, si qui que ce soit voulait obtenir mon nom pour m’ennuyer ou pour déposer plainte si je dépassais les bornes, il pourrait le faire, y compris mon employeur. De plus, je pense que la plupart des lecteurs de la blogosphère se fichent totalement des personnes qui se trouvent derrière les blogs. Ceux qui sont passionnés par la rencontre physique peuvent d’ailleurs me rencontrer, parmi d’autres, lors d’un Kremlin des Blogs ou à la République des Blogs. Tiens, cela tombe bien : il y en a une mercredi 27 mai, à partir de 19h00 au Pachyderme, 2bis Boulevard Saint-Martin, juste à proximité de République. J’y serai sans doute, au moins une partie de la soirée.

Cependant, jusqu’à ce jour, à part le débat assez virulent que j’évoquais plus haut, je n’ai jamais été mis en cause personnellement par qui que ce soit. Et encore, on ne peut pas vraiment dire que l’affrontement avec les Occidentalistes ait été réellement violent. Les attaques ont seulement eu lieu sur les idées et sur notre billet, et pas sur autre chose. C’est aussi au rédacteur du blog lui-même de veiller à cela. L’attaque personnelle ne sert à rien, et dans ce cas, la question de l’anonymat perd encore plus de son sens.

En fait, à la réflexion, je me dis que la question de l’anonymat reflète à la fois la personnalité du blogueur et ce qu’il souhaite et attend de son blog. C’est à chacun de se déterminer et l’émission d’une règle me semble sans grand intérêt. Le nom ou le pseudo ne changent rien à la qualité du billet. C’est celui-ci qu’on recherche, finalement…

lundi 25 mai 2009

La Commission Apparu va rendre son rapport sur la réforme du lycée.

Cher lecteur, j'ai reçu par un canal syndical cette dépêche, dont j'ignore totalement la provenance, puisqu'il n'y a pas de sources citées. Cependant, c'est intéressant, car cela montre à quel point le processus de réforme de l'Éducation Nationale est désordonné. On a ainsi :
Je ne sais pas qui va être le futur ministre de l'éducation, mais une chose est sûre : il aura de la lecture.

Je vous soumets ce texte. Il y aurait beaucoup de choses à redire, en particulier sur les modalités de passage du bac, mais comme il ne s'agit encore que de bruits de chiottes, attendons avant de faire des billets...


CONFIDENTIEL. Réforme du lycée : le rapport Apparu propose une refonte complète de la scolarité
Une réforme du lycée, ambitieuse, rapide et à moyens constants : c'est l'objectif que se fixe la mission d'information sur le lycée de l'Assemblée nationale, selon les propositions de son rapporteur, le député Benoist Apparu (UMP, Marne). Son rapport, un document de plus de 200 pages dont l'AEF a eu copie, devrait être rendu public le 27 mai 2009. La mission d'information a été constituée fin janvier par la commission des Affaires culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale. Benoist Apparu en est le rapporteur. La mission est présidée par Yves Durand, député PS du Nord. Selon les informations recueillies par l'AEF, les parlementaires socialistes de la mission, qui n'ont pas validé les propositions du rapporteur, pourraient présenter des « contre-propositions ».
Selon le rapporteur, la réforme doit débuter « dès la rentrée 2010 » pour une mise en oeuvre étalée sur « deux, trois, voire quatre ans ». Parmi ses principales préconisations : réduire le nombre d'épreuves au baccalauréat, diminuer le redoublement en seconde via des « sas de réorientation », ou encore instaurer un quota de 50 % de bacheliers technologiques à l'entrée en IUT.
En préambule, le rapporteur avance trois constats : le niveau d'enseignement du lycée « ne connaît pas de difficultés majeures ». « Les vrais sujets de débat, en matière d'Éducation nationale, concernant plutôt les maillons supposés faibles de notre système éducatif, à savoir l'école primaire et le collège, (…) c'est au collège que se situe la source des dysfonctionnements du lycée. » Par ailleurs, le lycée général et technologique ne peut plus se contenter d'être sa propre finalité, estiment les parlementaires. « Il doit préparer une partie importante de ses élèves à poursuivre des études dans l'enseignement supérieur, pour y obtenir un diplôme. » Enfin, « il faut écarter toute réforme qui, après le collège unique, créerait le lycée unique. Or c'est ce qui résulterait de tout projet qui 'globaliserait' le lycée général, en réduisant la place de la voie technologique ».

IDÉE FORTE

Les propositions du rapporteur s'articulent autour d'une idée forte : la redéfinition complète de la scolarité en deux grands blocs : les années de scolarité du socle commun, du primaire jusqu'en troisième, et le cycle de l'entrée dans l'enseignement supérieur, dès la première. Entre ces deux blocs, la seconde s'impose comme une classe « clé », un sas de détermination. Dans ce schéma, le cycle terminal du lycée - soit les années de première et de terminale - constitue le premier palier du niveau L (licence) : « Le cycle terminal du lycée […] et les trois années de la licence (le niveau L selon la terminologie européenne) ou les deux années de formation dispensée dans les IUT et les STS, doivent être conçus comme un nouveau cycle. » Dans l'esprit de la mission, il ne s'agit pas de fusionner le lycée et les premières années de l'enseignement supérieur. Le rapporteur souligne la nécessité de conserver « des philosophies éducatives et des statuts d'enseignants qui obéissent à des logiques profondément différentes ».

TROIS TYPES D'ENSEIGNEMENTS. Trois types d'enseignements seraient proposés au lycée : des enseignements de culture générale, des enseignements « qui conduisent les élèves à choisir, progressivement une spécialisation », et des enseignements d'accompagnement ou méthodologiques en effectif réduit. Cette répartition des cours reprend une des principales mesures de la réforme proposée par Jean-Paul de Gaudemar, abandonnée en décembre 2008.

SECONDE INDÉTERMINÉE. La seconde dans ce schéma serait indéterminée, et semestrialisée. 70 % de leur temps, les élèves suivraient des enseignements du tronc commun (français, mathématiques, histoire géographie, deux langues vivantes, sciences expérimentales, et sport). 20 % du temps serait consacré à des modules d'exploration ou d'approfondissement. Les élèves choisiraient quatre modules de découverte, dont deux obligatoires, correspondant à des enseignements non suivis au collège (sciences économiques et sociales et sciences technologiques). Enfin 10 % de leur temps, les élèves pourraient suivre des enseignements de méthodologie, de préparation à l'enseignement supérieur, une aide individualisée, des activités pluridisciplinaires, une aide à l'orientation, ou encore des travaux de recherche encadrés. « Inscrit dans la grille horaire de chaque lycée, ce temps serait sanctuarisé et ne pourrait ainsi être sacrifié aux demandes de l'académie ou du ministère qui voudrait utiliser ces heures à d'autres fins ».

SEMESTRIALISATION. La mission défend le principe de la semestrialisation, une des principales mesures du précédent projet de réforme. La semestrisalisation est « indispensable pour garantir, à tout élève, le droit au changement et à la découverte ». Elle tend également à renforcer l'égalité des chances entre les élèves, dans la mesure où elle permet de mettre en place, à la fin du premier semestre, le dispositif de soutien dont pourra bénéficier un élève en difficulté au cours du second semestre. Selon Jean-Paul de Gaudemar, cité par le rapporteur, la semestrialisation « peut aider à renverser les rapports pédagogiques au lycée, pour assurer une meilleure prise en charge des élèves. Aujourd'hui, le rapport pédagogique dominant est celui du « face-à-face » entre un enseignant et la classe. Avec le séquençage permis par la semestrialisation, l'équipe pédagogique pourrait s'interroger sur les difficultés d'un élève et réfléchir, collectivement, aux remèdes à mettre en oeuvre pour l'aider ».

SPÉCIALISATION TARDIVE MAIS POUSSÉE. Dans le cycle terminal, le tronc commun serait réduit à quelques matières : histoire-géographie, langues vivantes (une et deux) et éducation physique et sportive, le français étant étudié en première et la philosophie en terminale. Les enseignements d'accompagnement sont également maintenus, à hauteur de 10 % du temps. « La terminale serait l'année de la spécialisation poussée », explique le rapporteur. « L'élève choisirait, au sein de la famille technologique ou générale, une spécialité ou série représentant 50 % du temps scolaire (lettres ; sciences ; économie pour la voie générale ; sciences et technologies industrielles ; sciences de la santé et du social ; sciences et technologies du laboratoire ; sciences et technologies de la gestion pour la voie technologique) ».

Ce parcours préparerait l'élève à la première année de la licence dans les quatre secteurs de l'université : droit économie et gestion ; lettres et sciences humaines et sociales ; sciences et technologies et disciplines de santé, ou des filières de formation professionnalisante courtes (STS et IUT).

Cette structure a deux avantages : lutter contre la prédominance de la série S : « Avec la spécialisation poussée qui serait exigée en terminale, la série S ne sera plus la plus généraliste et élitiste du lycée, mais deviendrait une filière de formation authentiquement scientifique ». Par ailleurs, cette organisation a l'avantage de conserver, au sein d'une voie technologique préservée, ses différentes spécialités : STG, STI, ST2S et STL.

PÉDAGOGIE DU CÔTE À CÔTE. La mission propose de développer une « pédagogie du côte à côte », selon l'expression de Philippe Meirieu, par opposition à celle du « face à face ». Plus attentive aux besoins des élèves, la pédagogie du « côte à côte » est indispensable pour conforter l'autonomie de l'élève, estime la mission. « Conçue comme la 'capacité à travailler', et surtout à bien travailler, l'autonomie ne peut être développée que par la possibilité donnée à chaque lycéen de travailler en petits groupes, sur des logiques de projet. »

DIMINUTION DES HORAIRES DISCIPLINAIRES. Pour répondre à « l'équation impossible » de la réforme du lycée (maintenir les grands champs disciplinaires, organiser des enseignements de découverte et de spécialisation, tout en réduisant l'horaire hebdomadaire des élèves), la mission propose de réduire la place des enseignements disciplinaires, tempérée par l'allongement de l'année scolaire. « Obtenue par une réduction des vacances d'été, par exemple de l'ordre de deux semaines, la réorganisation de l'année scolaire apporterait ainsi non seulement des garanties horaires aux enseignements disciplinaires, mais permettrait aussi de répondre à un souhait régulièrement exprimé par les élèves », à savoir « travailler moins longtemps en semaine, tout en bénéficiant d'un enseignement plus qualitatif », ce qui implique de réduire les vacances scolaires.

La réduction des horaires disciplinaires serait également facilitée par la refonte des programmes, qui seront allégés et clarifiés.

REDÉFINITION DU MÉTIER ENSEIGNANT. La mission propose de redéfinir le service des enseignants « tant en termes de méthodes que de contenu », pour « permettre de mieux intégrer l'aide aux élèves et le travail en petits groupes ». Le cadre hebdomadaire serait maintenu mais comprendrait, pour les certifiés du moins : quinze heures d'enseignement par semaine ; trois heures d'activités pédagogiques : aide aux devoirs, aide à l'orientation, travaux pluridisciplinaires, travail de recherche et de documentation, etc. Quant aux professeurs agrégés, leurs missions devraient être redéfinies en liaison avec leur activité dans l'enseignement supérieur)

BAC ALLÉGÉ. Outre l'épreuve anticipée de français, maintenue à la fin de la première, le baccalauréat comporterait quatre épreuves écrites : l'histoire-géographie, la philosophie et deux épreuves sur des enseignements de spécialisation. La mission propose une autre épreuve plus novatrice, avec un fort coefficient. Pour l'élève, elle consisterait à réaliser, puis à présenter devant un jury un dossier faisant état de ses expériences pratiques, et des réflexions que celles-ci ont alimentées, menées dans le cadre des trois heures consacrées à l'accompagnement. Tous les autres enseignements, comme les deux langues vivantes, les enseignements de la spécialisation non contrôlés lors des épreuves du baccalauréat, les « mineures » et le sport, feraient l'objet d'un contrôle continu,

REDOUBLEMENT LIMITÉ. Pour reconnaître le droit à l'erreur des lycéens, la mission propose la création de « sas de réorientation » et de remise à niveau, animé par des enseignants volontaires. À la fin de la seconde, les élèves dont le passage en première est litigieux pourraient obtenir leur passage à condition de suivre un stage d'un mois dans les matières dans lesquelles ils rencontrent des difficultés. Un conseil de classe à la fin du mois d'août validerait alors leur passage définitif. Ces stages seraient financés sur les économies réalisées grâce à la diminution des redoublements. Pour les élèves souhaitant changer de filière à mi-parcours de la première, ce sas durerait deux semaines et serait organisé pendant les vacances de février ; pour les élèves souhaitant changer de filière à la fin de l'année de première, ce sas durerait un mois et serait organisé pendant les vacances d'été.

35 HEURES « TTC ». Les horaires lycéens s'élèveraient à « 35 heures TTC », selon l'expression de Benoist Apparu : 30 heures en classe (27 heures + 3 heures de soutien et d'accompagnement), et 5 heures de travail personnel, au lycée, en présence des professeurs. Dans ce schéma, les horaires disciplinaires seraient réduits. Par ailleurs, la commission pourrait proposer d'introduire de la philosophie dès la première.

AUTONOMIE. Tout en défendant le principe de « liberté pédagogique » des enseignants, le rapporteur souhaite donner plus d'autonomie aux établissements. Ceux-ci utiliseraient ainsi comme bon leur semble les 3 heures d'accompagnement et de soutien. Les lycées qui le souhaitent pourront aussi expérimenter l'annualisation de la DHG, ainsi qu'une autonomie plus large, équivalente à 10 % de la dotation horaire globale. « Cette liberté ne sera possible que si le ministère de l'Éducation nationale ne publie pas de circulaires de cinquante pages sur l'emploi de ces trois heures. Il pourra tout au plus, à titre indicatif, proposer un menu des activités d'accompagnement pouvant être organisées par les établissements », précise le rapport. « Ces établissements auraient la liberté d'organiser leur emploi du temps, le ministère de l'Éducation nationale fixant un seuil minimal obligatoire pour toutes les disciplines et déléguant une enveloppe globalisée de moyens horaires. »

ÉVALUATION. En matière d'évaluation, le rapporteur reprend les recommandations de l'avis présenté par Frédéric Reiss sur le projet de loi de finances pour 2009 : les établissements devraient publier des indicateurs qualitatifs, c'est-à-dire « de progrès ou de valeur ajoutée, sur lesquels l'effort des établissements doit porter en priorité » ; une procédure « d'alerte publique » enclenchée quand un lycée n'obtient pas des résultats satisfaisants pendant plusieurs années de suite et conduire à une modification du contrat d'objectifs. Par ailleurs, en cas de résultats insatisfaisants, le dispositif d'évaluation devrait avoir des conséquences sur la gestion de la carrière du chef d'établissement, tant en ce qui concerne ses mutations que ses promotions.

Parallèlement, la stabilité des équipes pédagogiques dans les lycées serait encouragée, en particulier dans l'éducation prioritaire. Les parlementaires imaginent aussi un « dispositif permettant d'utiliser les crédits économisés par la baisse des redoublements en seconde pour les reverser, sous forme de primes, aux enseignants qui travaillent dans des établissements ayant obtenu ces résultats ».

REPENSER L'ORIENTATION. Le rapporteur propose de repenser l'orientation, notamment en confiant à terme les CIO aux régions, après une expérimentation dans deux ou trois régions. Les conseillers d'orientation pourraient également être affectés dans les établissements, et placés sous la responsabilité des proviseurs. Leur recrutement serait également élargi : « Le concours externe doit s'ouvrir à tous les titulaires de licence de l'enseignement supérieur, tandis que le concours interne doit être ouvert, sans condition de diplôme, aux agents des trois fonctions publiques. » La licence de psychologie ne constituerait plus un préalable à leur recrutement, et leur formation serait renforcée pour une meilleure connaissance des métiers. La mission propose également que chaque établissement élabore un cahier des charges de l'orientation et que les enseignants reçoivent une formation adaptée.

Enfin, il conviendrait de dégager dans les grilles horaires des établissements « une plage dédiée à l'orientation », pendant laquelle « des entreprises, des représentants des chambres consulaires et des fédérations professionnelles, des 'anciens' du lycée, devenus salariés, ainsi que des parents, pourraient parler métiers ».

AMÉLIORER L'ORIENTATION ACTIVE. Pour améliorer la procédure d'orientation active, dite « perfectible », le rapporteur propose de travailler à la lisibilité des informations sur les études supérieures, ainsi que sur l'intitulé des différents diplômes. Il prône une « totale transparence » sur trois aspects des formations : leurs prérequis, les conditions de réussite aux diplômes que ces cursus préparent et les perspectives d'insertion professionnelle des diplômés. La mission souhaite que les filières du supérieur publient des « indicateurs de devenir » de leurs étudiants. Ces indicateurs donneraient le taux de réussite, selon le baccalauréat d'origine en licence, DUT, BTS, ainsi que le taux de réussite en master et doctorat selon le diplôme d'origine, le devenir des diplômés à six mois, à un an, puis à trois ans, ainsi que le devenir des non-diplômés.

Le rapporteur propose également d'avancer la procédure d'orientation active au troisième trimestre de l'année de première ou, au début de l'année de terminale. « Ainsi, les élèves disposeraient de toute l'année de première pour s'informer, élaborer un projet d'études, et le confronter aux avis de leurs professeurs, des conseillers d'orientation-psychologues et, éventuellement, des établissements d'enseignement supérieur. »

INSTAURER DES QUOTAS EN IUT. Pour mettre fin au détournement des places en IUT, la mission préconise l'instauration d'un quota de 50 % de bacheliers technologiques en IUT, et la mise en place de sas méthodologiques en début de formation. « L'adoption de cette mesure devrait être accompagnée d'une réforme rapide de la filière 'sciences et technologies industrielles' ou STI, car, alors que ses bacheliers constituaient un vivier de recrutement traditionnel pour les IUT, leur formation semble de plus en plus inadaptée aux profils recherchés par ces instituts. »

ENCADRER LE RECRUTEMENT DES CLASSES PRÉPAS. Pour casser la prédominance de la filière S en classe préparatoire, le rapport préconise de « parvenir à terme à une situation où 20 % des bacheliers en sciences admis dans les classes préparatoires préparant leurs élèves aux formations scientifiques, 20 % des bacheliers en économie admis dans les classes préparatoires préparant aux écoles de commerce, 20 % des bacheliers en lettres seraient admis aux classes préparatoires préparant aux écoles normales supérieures et aux instituts d'études politiques ».

Pour être complet, « un pilotage par l'aval d'une réforme ambitieuse du lycée nécessiterait de « sortir » les classes préparatoires aux grandes écoles les plus prestigieuses, de Louis le Grand à Henri IV, des lycées pour les intégrer aux universités », ajoute le rapporteur.

DÉSPÉCIALISER LA PREMIÈRE ANNÉE DE LICENCE. Prolongement du lycée, la première année de licence serait généraliste, et proposerait des modules de méthodologie. « L'étudiant explorerait les savoirs de celui des quatre grands secteurs de formation dans lequel il souhaite se spécialiser, à savoir les disciplines juridiques, économiques et de gestion, les lettres et sciences humaines et sociales, les sciences et technologies ou les disciplines de la spécialisation, c'est-à-dire le choix de l'une des spécialités appartenant au champ disciplinaire exploré pendant la première année, n'interviendrait donc qu'en deuxième année de licence. »

ÉTENDRE LES CONVENTIONS ZEP. La mission propose également de généraliser aux grandes écoles des conventions de type Sciences Po avec les lycées de l'éducation prioritaire.

CRÉER UN GRAND SERVICE PUBLIC DE L'ORIENTATION. Outre l'orientation scolaire, la mission s'intéresse à l'insertion des jeunes sans qualifications. Le rapport recommande à ce titre la création d' « un grand service public de l'orientation, qui viendrait compléter l'action du service public de l'emploi ». « S'adressant à tous les publics de jeunes, ce service public unique d'orientation et d'insertion « chapeauterait » l'ensemble des structures concernées. Il reposerait sur deux piliers : un pilier national et un pilier régional, permettant ainsi de conjuguer les moyens de l'État dans ce domaine et de confier à la région le pilotage de l'action des réseaux spécialisés que sont les CIO, les missions locales, les centres d'information des chambres consulaires, etc. ».

Les moyens de l'État dévolus à l'information, à l'orientation et à l'insertion seraient regroupés via la création d'une agence. « Celle-ci aurait pour mission de développer l'information et le conseil en ligne, d'évaluer la politique d'orientation, d'analyser les itinéraires d'insertion pour aider à mieux gérer l'offre de formation et d'attribuer aux échelons déconcentrés les moyens financiers nécessaires à l'animation du réseau des centres d'accueil, d'information et d'insertion ».

vendredi 22 mai 2009

La chaîne du positionnement européen.

Me voici de nouveau la cible d'une chaîne qui circule depuis quelques semaines entre les blogs politique. Le site EU Profiler a mis en place un test permettant de se positionner politiquement entre les différentes listes se présentant aux élections européennes, dont j'essaye de parler régulièrement ici. Il faut donc faire le test et afficher le résultat sur son blog. Jon est l'auteur de cette désignation.

Comme tu peux le voir, et comme je te l'avais déjà dit ici, je me positionne quelque part entre les Verts et le PS. En fait, je me sens nettement plus à gauche que les programmes proposés par ces deux listes. Cependant, je pense que cet écart vient du rejet du fédéralisme par les listes plus à gauche, alors que je suis clairement fédéraliste. C'est difficile, aujourd'hui, de soutenir le fait que l'Europe pourrait permettre de faire progresser les droits sociaux…

Comme il se doit, je vais transmettre cette chaîne à Manuel, Fabrice, Suzanne, Circé et Hervé Torchet, qui doit s'ennuyer depuis qu'HADOPI a été adoptée par l'Assemblée.

Monsieur le Maire d'Etretat, faites quelque chose !

Comme tu le sais, cher lecteur, nous avions hier la joie de jouir d'un jour férié. D'habitude, pour un tel événement, nous ne bougeons point de la région parisienne. En effet, je ne suis pas un grand passionné de la route (je n'y prend pas réellement plaisir) et je peux très bien rester une journée à Paris à profiter du vide de la capitale, surtout par une belle journée comme hier.

Or, voilà donc que la Privilégiée, très déterminée, exigea une journée à la mer. Nous eûmes la chance de trouver un couple d'amis dans les mêmes dispositions, et nous voilà en route pour la mer la plus proche. Nous choisîmes la Haute-Normandie (logique par rapport à la distance), et, ne connaissant rien à cette région, nous nous dirigeâmes vers la ville d'Etretat. Je n'avais jamais vu les fameuses falaises, ce qui tombait assez bien.

Au départ, j'ai été assez séduit par l'endroit. Certes, la station est petite, mais dispose d'un certain charme, avec une architecture un peu ancienne mais assez séduisante : un mélange de maisons en torchis et chaume et d'autres en brique rouge foncée, avec très peu de constructions récentes.

Nous arrivâmes vers midi, alors que se déroulait une cérémonie sur la plage à laquelle nous ne comprîmes rien. Elle mêlait des pêcheurs sur de vieux gréments et les pompiers maritimes. Il y avait aussi quelques personnes âgées en costume avec drapeaux

Après un pique-nique sur la plage, nous nous lançâmes à l'assaut de la falaise d'amont. Il s'agit de la falaise se trouvant sur la partie nord de la ville. Nous ne fûmes pas déçus, malgré la foule présente en ce jour férié. Je commençais juste à m'interroger sur le parking situé derrière la petite chapelle se trouvant en haut de la falaise. Environ une centaine de voitures, invisible de la ville, se trouvaient là. Je maugréais un peu, disant à mes compagnons qu'on aurait très bien pu installer cela en bas et faire une navette montant la falaise pour les personnes âgées qui ne peuvent grimper par leurs propres moyens.

Puis, déjà un peu harrassés mais toujours motivés, nous attaquâmes la falaise sud. La montée semblait moins difficile, mais en fait, elle était beaucoup plus traître. Après un bel effort, nous arrivâmes au point le plus élevé, et nous nous tournâmes vers le nord pour regarder la ville et la falaise d'amont.

Et là, ce fut la stupeur. Le fameux parking dont je vous parlais tout à l'heure, qu'on ne voyait pas d'Etretat elle-même, était parfaitement visible depuis le haut de la falaise d'aval. En plus, avec le soleil resplendissant d'hier, les voitures brillaient de mille feux. On ne voyait qu'elles ! Le regard se détournait des falaises pour ne plus voir que ces merveilleux produits de notre société industrielle.

Je voulais donc m'adresser au maire d'Etretat. Franchement, Monsieur le Maire, vous avez la chance de gérer une ville qui dispose d'un patrimoine naturel considérable et qui doit apporter beaucoup à votr ville. Or, avec ce détestable parking, voilà une belle vue gâchée par les réalisations humaines. Je ne sais pas, Monsieur le Maire, ce que vous pouvez faire, mais il faut trouver un moyen ! Lorsqu'on voit ce massacre, on se retrouve triste et énervé d'avoir fait cet effort pour constater ce gâchis...

PS : cette petite excursion m'a empêchée de participer à ce grand événement. C'est dommage, j'ai raté ça ! Il semble de plus en plus évident que le rapprochement entre PS et droite réac est en cours. Cela me rassure sur mes propres fréquentations...

mercredi 20 mai 2009

Réponses à des questions diverses sur les violences dans les banlieues.

Ah, cher lecteur, la joie et le bonheur des polémiques… Ces derniers jours, nous avons été largement occupés par une polémique autour de la fusillade qui s'est produite le week-end dernier à la Courneuve. Je te rappelle les faits. Dimanche, trois personnes tirent à la kalachnikov sur une voiture de police transportant un délinquant, apparemment dealer. Les policiers parviennent à s'échapper mais sont éberlués par les méthodes employés. Depuis, la ministre de l'intérieur est venue sur place, et toute la zone est quadrillée par des forces de police équipées d'armes lourdes. Je peux vous le dire : je les ai encore vus ce matin en allant au travail.

Dans la foulée, pendant que j'étais privé d'internet, Manuel a fait un billet pour dénoncer les comportements de la presse face à ce type d'événements (je m'étais limité à une simple provocation…). Une discussion s'est engagée avec certains de nos commentateurs réactionnaires, mais néanmoins sympathiques, qui ont dénoncé la volonté de Manuel et de Fabrice, commentateur virulent sur ce thème, du fait de notre négation de la réalité que nous mettons en œuvre. Didier Goux a répondu par un billet satirique, comme à son habitude, faisant ressortir l'aspect culturel du problème.

Comme Fabrice, je vis maintenant depuis 32 ans en Seine-Saint-Denis. Je travaille dans un lycée classé comme très difficile depuis 2001. Certes, je vis maintenant dans la ville la plus riche du département, mais mes parents habitent toujours Pantin, et j'y retourne régulièrement. J'ai donc une réelle expérience du coin, ce qui pourrait, en effet, me voiler la face, du fait de l'habitude de la vie sur place. Je sais, par exemple, que j'ai régulièrement assisté à des incidents, étant gamin, qui me semblent habituels aujourd'hui. C'est le cas des groupes de jeunes qui fument en bas des immeubles en parlant un peu fort, ou des gamins qui font les grandes gueules dans les transports en commun et insultent les voyageurs. Indéniablement, j'y suis habitué, ce qui n'est sans doute pas le cas d'une personne venant en banlieue pour la première fois.

Les discussions qui se sont produites m'amènent à une série de réflexions que je souhaite te faire partager ici :

  • Est-ce que nous nions la violence en banlieue ? A l'évidence, la réponse est non. J'ai suffisamment l'expérience d'entendre mes élèves se plaindre de leurs quotidiens à ce sujet. Ces violences pourrissent la vie de nombreuses personnes, qui vivent dans des cités qui sont particulièrement touchées. En effet, ces zones de violence sont très concentrées, comme le faisait remarquer Nicolas. Aux Lilas, les choses sont très visibles : les incidents se produisent principalement autour du métro ou dans les cités, assez petites au demeurant, qui se trouvent dans l'Est de la ville. A Pantin, le processus est identique : les incidents se produisent majoritairement autour des transports en commun ou dans des quartiers très circonscrits. Donc, je ne la nie pas, bien au contraire.
  • Est-ce que j'excuse ces violences ? Là encore, non. Nos commentateurs ont réagi ainsi à cause de la question des immigrés. Pour Didier et Suzanne, ces délinquants étant souvent immigrés, on se refuse à agir par crainte de la question raciale. Le problème n'est pas là. A mon sens, il vient plutôt du fait que les autorités ne luttent pas contre la violence là où il faut, mais se montre très pointilleuses ailleurs. Mes élèves me disent souvent que, lors de leurs virées vers Paris, ils se font contrôler dès qu'ils arrivent dans la capitale, et surtout quand ils sont noirs ou maghrébins. Par contre, ils ne voient jamais un flic dans la cité ou quelques bandes et les dealers emmerdent tout le monde. Il y a là un vrai gouffre qui vient, à mon sens, des politiques publiques. L'État doit lutter contre la criminalité là où elle existe, et pas dans les quartiers bourgeois quand quelques Maghrébins s'y aventurent pour faire autre chose que ramasser les poubelles des riches avec le camion-benne.
  • Quel est l'impact de la pauvreté sur cette délinquance ? Bien sûr, nous sommes accusés de tout réduire à la pauvreté et d'ignorer l'aspect racial de la question. C'est une idée que j'assume, tout simplement parce que ces immigrés sont aussi des pauvres. Didier emploie à un moment l'idée que les immigrants italiens et polonais ne suscitaient pas ce type de problème. Voilà une belle déformation de notre passé. Autrefois, les Macaronis et les Polaks furent considérés comme de vrais délinquants et de vrais problèmes. Il n'y a qu'à consulter les grands journaux de l'époque pour s'en convaincre. Ma grand-mère, qui habitait Arcueil (94) durant l'entre-deux-guerres, dans une rue peuplée d'Italiens, me disait que ces personnes étaient craintes par les Français, alors que l'ambiance de la rue était plutôt bonne. Pourtant, nos Ritals n'étaient pas musulmans…
  • Est-ce que j'essaie d'évacuer la question de l'immigration ? Non, mais là, cher lecteur, mes vieux démons marxistes ressortent. Pour moi, souligner le problème que suscitent les Nord-Africains et les Noirs est une illustration d'un refus de remise en cause de notre société. Vu que l'on se refuse à discuter de la répartition des richesses, on s'attaque aux étrangers venant des pays du Sud. C'est facile : ils sont pauvres et ils sont différents. On pourrait avoir une preuve du raisonnement réactionnaire si les immigrés avaient les mêmes revenus que les autres. Tant que cela n'arrive pas, je resterais attaché au fait que la pauvreté est le principal facteur explicatif de la délinquance plus grande des immigrants. On pourrait y ajouter la question des discriminations, mais elle est sans doute davantage périphérique sur cette question.
  • Y aurait-il d'autres facteurs ? Je voudrais évoquer un facteur qui me semble important. On oublie souvent de parler de l'urbanisme. Souvent, ces grands ensembles ont été construits dans des zones peu desservies en transports, à l'écart des quartiers bourgeois et proches des usines. Cette concentration de familles ayant des parcours difficiles est aussi, sans doute, un facteur de violences. Pourquoi ne pas envisager de redistribuer un peu le logement social sur la région ? Dans tout cela, les politiques publiques posent aussi de vraies questions. Je tiens à reprendre l'exemple de la Courneuve. Dans cette ville, l'espace urbain est marqué par la présence d'une énorme cité, les 4 000, construites dans les années 1960. Depuis les années 1990, devant la dégradation des bâtiments, les démolitions ont commencé. Or, que propose-t-on aux habitants de ces tours ? Eh bien, d'aller habiter aux Courtillières à Pantin (cité très semblable aux 4 000) ou dans les grands ensembles de Sarcelles (encore plus loin de Paris) ! On voit que les propositions des pouvoirs publics permettent une véritable amélioration de la qualité de vie des habitants… La mixité devrait aussi être un objectif, car elle dénoue pas mal de conflits et permet à chacun de se connaître, ce qui ferait tomber pas mal de fantasmes.

Il faut aussi une petite réponse au camarade Dorham, qui nous racontait chez Didier ses expériences du 93. Selon lui, tout cela va plus loin que l'expression « misère = violence ». Je dois admettre que je suis sceptique là-dessus. En effet, il y a quand même une constante de la violence dans les quartiers pauvres, qu'ils soient habités par des immigrés ou par des Français de souche. A mon humble avis, la disparition de la misère réglerait déjà de nombreux problèmes, et on verrait alors vraiment si les immigrés posent tant de difficultés.

mardi 19 mai 2009

Parlons d'Europe : abandonner notre souveraineté ? Non, l'élargir simplement.

Il faudrait donc, cher lecteur, abandonner une partie de notre souveraineté. Comme me le faisait remarquer un aimable commentateur, c’est la conséquence évidente de ma proposition précédente. Cependant, comment faire autrement ?

Cette question de la souveraineté se pose uniquement parce que le système qui s’est construit s’est mis en place en dehors des peuples, selon des modalités complexes. Au départ, les gouvernants se sont intéressés particulièrement à l’économie, estimant que la réussite d’une Europe économique permettrait son ancrage. Ils s’étaient appuyés sur l’échec de la CED, qui devait mutualiser nos armées. De plus, il s’agissait aussi, ne l’oublions pas, d’éviter une nouvelle guerre (attention à la pauvreté) et de montrer la réussite de notre continent face au bloc soviétique.

La disparition de l’URSS a réduit cet impératif, mais les crises économiques successives et le sentiment général dans les pays de l’Ouest de dégradation de nos économies n’ont pas aidé à construire un esprit européen chez nos concitoyens. Avec les échecs très récents de la gestion de la crise actuelle, ce sentiment n’a pu qu’être confirmé.

Pour développer un sentiment européen, il faudrait donc deux choses fondamentales :

  • Faire prendre conscience à nos concitoyens que nous partageons avec nos voisins des intérêts communs. Ces intérêts peuvent être repérés au niveau de la défense, de la politique économique, des politiques de développement, des politiques agricole.
  • Permettre à l’ensemble de nos concitoyens d’avoir un impact démocratique sur ces domaines. Aujourd’hui, les décisions sont prises de différentes manières. Le parlement n’a pas encore la décision finale sur de nombreux domaines. La participation des citoyens reste très majoritairement faible, et cela doit changer, pour que la souveraineté du peuple ne soit pas un vain mot.

Là, il faut reconnaître que nos gouvernements, en chargeant systématiquement l’Europe de tous les maux, ont joué nettement en sa défaveur et ont participé à la dégradation de l’image de l’Union. Cependant, le processus me semble éventé maintenant, et je pense que nous avons tout de même pris conscience de l'importance du poids des gouvernements sur l'Union. La présidence de Nicolas Sarkozy a bien montré que les chefs d'Etat jouaient un grand rôle dans le fonctionnement de nos institutions.

Cela ne sera donc pas un retrait de souveraineté si nous avons conscience que nous conservons notre souveraineté au niveau de l’Union. Pour cela, il nous faudra des institutions qui permettent cette opération.

J’y reviendrai dans un prochain billet.

lundi 18 mai 2009

Nettoyons la Courneuve au karcher, quatre ans après.

Et voilà ! Après une nouvelle période de black-out, mon provider s'est enfin décidé à me reconnecter au réseau mondial. Je commence à me dire qu'il s'agit d'un complot des réactionnaires et des conservateurs pour tenter de faire taire la parole triomphante de la gauche.

Tiens, en me reconnectant, j'ai découvert ce billet de Manuel, et les réactions diverses qui se sont succédées.

Je me souviens qu'en 2005, durant une visite à La Courneuve, le ministre de l'intérieur de l'époque s'était offusqué de la situation des cités locales et avait annoncé sa volonté de nettoyer la Courneuve au karcher. A l'époque, ses propos avaient suscité la polémique et certains n'avaient pas hésité à accuser le ministre d'avoir provoqué le soulèvement des banlieues de l'automne suivant.

Depuis, le ministre de l'intérieur est devenu président de la République. Le voilà à un poste qui lui donne les moyens d'agir. Normalement, le karcher devrait bouillonner et expulser sa flotte à plein régime.

Or, voilà que l'on nous présente la situation de la Courneuve comme une nouveauté. Une chose est sûre : les réactionnaires ont bien fait de voter Sarkozy. Grâce à ce vote merveilleux, nos banlieues vont nettement mieux. En fait, elles n'ont pas changé du tout. La ville est étrangement statique, malgré les efforts de la municipalité pour essayer de la rendre plus vivante.

L'épisode des kalachnikovs n'est sans doute qu'un épiphénomène, mais son exploitation médiatique, en pleine période électorale, devrait poser de réelles questions à nos concitoyens.

PS : en ce moment, le maire de la Courneuve, Gilles Poux, mène une campagne contre les discriminations que subit la ville de la part de l'Etat. Il a déposé un dossier auprès de la HALDE, dont je doute qu'elle soit compétente sur le sujet. Vous pouvez découvrir la campagne ici. Cette affaire ne va pas arranger l'image de la ville en tout cas.

PS2 : dans une autre banlieue rouge, se prépare de nouvelles réunions de blogueurs gauchistes mais aussi réactionnaires. Je ne pourrais pas y être cette fois-ci, mais je vous conseille le détour.

dimanche 17 mai 2009

Nouvelle interruption du service.

Cher lecteur, je dois te dire que l'agacement domine en cette matinée.

En effet, me voici de nouveau privé de connexion internet à mon domicile. Je ne suis donc plus en capacité de répondre à mes commentaires ni de publier de billets.

Je ne sais pas encore quand la connexion sera rétablie, mais j'essaierai de vous donner rapidement des nouvelles, et, pour une fois, de bloguer un peu depuis mon travail.

Dans l'attente, que je sais redoutable, tu peux, cher lecteur, lire Avec nos gueules... Manuel pouvant se connecter le week-end, je suis certain qu'il répondra à tes commentaires avisés.

A bientôt.

vendredi 15 mai 2009

Tsunami dans le milieu éducatif : le nouveau programme de mathématiques de seconde.

Les changements de programme suscitent toujours des débats passionnants très caractéristiques du milieu éducatif. C'est l'occasion pour les enseignants, tous des intellectuels aptes à commenter les évolutions de leurs disciplines, de donner leurs opinions personnelles sur les décisions de nos inspections. Contrairement à ce que cette introduction pourrait laisser penser, je ne vais pas me lancer à me donner une opinion sur le programme de mathématiques. Je ne connais pas cette discipline. Je vais plutôt parler de la manière dont les réformes se font dans l'éducation.

Depuis 4 ans, le collège a vu son programme de mathématiques fortement revu. C'est devenu une question urgente car ce qui est maintenant enseigné au collège ne permet plus aux élèves d'aborder correctement le programme de seconde. Ce programme s'est appliqué cette année en troisième. Il fallait donc le refaire : tout le monde le savait et les collègues de maths attendaient depuis plusieurs mois la sortie du programme en question. Or, l'inspection, prenant en compte la réforme du lycée, attendait que la nouvelle organisation et les nouveaux horaires soient publiés, avant de sortir un programme adapté. Las ! Xavier Darcos décida brusquement de reporter sa réforme, laissant ce problème en plan. L'inspection se retrouvait donc obligée de proposer des changements au programme actuel, sans doute pour une durée courte, vu que la réforme est toujours sur la table, à toute vitesse car nous étions en décembre et le nouveau programme devait s'appliquer en septembre 2009. Or, un changement de programme pose de vrais problèmes. Il faut d'abord laisser les professeurs s'approprier le programme et préparer leurs cours, mais il faut aussi laisser aux éditeurs le temps de préparer et de publier leurs manuels, et là, il faut au moins cinq à six mois.

L'inspection a attendu. Le nouveau programme est sorti le 16 mars 2009, soit trois mois après le report de la réforme du lycée. Si tu es un spécialiste, cher lecteur, tu peux consulter cette première version ici.

Très vite, des contestations se sont élevées, autant chez les pontes des mathématiques que chez les collègues. Globalement, les collègues dénoncent l'abandon de la géométrie, alors que nous étions l'un des derniers pays occidental à l'étudier, l'abandon des vecteurs, pourtant utilisé dans les programmes de physique-chimie en parallèle, la rapidité de la procédure de consultation, l'aspect très calculatoire de ce nouveau programme et enfin le fait que tous les chapitres soient divisés en deux parties permettant la semestrialisation, fortement contestée par une majorité des enseignants et par les principaux syndicats.

L'inspection générale est d'abord restée silencieuse puis a réagi dans un courrier au Café pédagogique, indiquant qu'il n'y avait aucun lien entre la réforme des lycées et ce nouveau programme. Il a annoncé par la même les adaptations futures des programmes de première et de terminale, tout en prenant en compte la réforme du lycée à venir.

Cela pourrait ressembler à une tempête dans un verre d'eau. Je trouve plutôt que ce type de processus illustre à la fois le sentiment qui domine chez les enseignants que nos dirigeants continuent de tirer vers le bas les exigences, et à la fois la légèreté des cadres du ministère dans sa façon de mener des changements. On continue à mal réformer, comme d'habitude…

De nombreux blogs de profs de maths abordent la question de ces nouveaux programmes, pour les spécialistes. De plus, une pétition circule contre l'abandon de la géométrie et une autre contre l'ensemble du programme. Enfin, le SNES a publié un compte-rendu de son entrevue avec l'IG de maths, où sont résumées les positions de chacun.

jeudi 14 mai 2009

Parlons d'Europe : comment construire des référendums européens.

Je reste toujours assez fasciné par les déboires démocratiques de l’Union Européenne. Dès ses débuts, la construction européenne a été réalisée sans les peuples et sur des questions soi-disant techniques, mais qui cachaient en réalité de réels aspects idéologiques. A part dans quelques très rares consultations, et dans quelques pays comme l’Irlande où les référendums sont obligatoires pour les traités, les citoyens ont regardé la structure se construire : la CECA, la CED morte-née, EURATOM et la CEE, l’UE.

Il y eu bien l’élection du parlement européen au suffrage universel en 1979, ce parlement prenant de plus en plus d’influence dans le système institutionnel. Pourtant, la participation ne cessa de diminuer, pour arriver à des sondages donnant un pauvre tiers de participation cette année.

Certes, nos leaders ont parfois décidé de nous consulter sur certains traités importants, et suscitant des débats très intenses dans la population (je conserve un excellent souvenir de 2005 et de la qualité des débats de l'époque). Cependant, en se refusant à européaniser le débat, ces élections ont souvent tourné autour des questions nationales, à échelle locale, et sans permettre aux citoyens de prendre en compte l’échelle européenne.

Cette faiblesse vient, à mon sens, de trois choses différentes. Tout d’abord, les traités qui ont été soumis au vote était d’une grande complexité, et difficile d’accès pour un citoyen n’ayant pas des connaissances solides sur le fonctionnement des institutions et leur histoire. De plus, la nationalisation des ratifications a permis de développer des situations locales sans rapport avec le sujet. Enfin, les gouvernements, avec le re-vote du traité de Nice ou avec le traité de Lisbonne, n’ont cessé de s’asseoir sur les décisions des peuples, utilisant à leurs profits le flou du système.

La démocratisation de l’ensemble est donc nécessaire, et ce par différents moyens, que je soumets à ta sagacité, cher lecteur :

  1. Il devrait être rédigé une nouvelle constitution traitant exclusivement du fonctionnement institutionnel, sans référence à aucune idéologie, mais visant seulement à rendre démocratique le système.
  2. Ce texte devrait être adopté de manière particulière :
    1. Tout d’abord, le traité devrait être adopté par référendum, et non par ratification parlementaire.
    2. Le vote devrait se dérouler partout au même moment, et selon les mêmes modalités.
    3. Le traité serait adopté sous deux conditions : si la majorité des électeurs l’adopte et si, pour éviter le poids des grands pays, la majorité des Etats ont une population qui vote oui.
    4. Enfin, il faudrait que ce vote soit impératif, y compris dans les pays ayant voté non et accepté de participer au processus.

En réalisant cette opération, les Européens prendraient enfin conscience que leur choix démocratique a un impact européen et que nous prenons une décision commune. Evidemment, il faudra que les institutions proposées soient elles aussi démocratiques.

Ce système implique aussi un début de fédéralisme à l'intérieur de l'Union, qui ne pourra regrouper tous les pays. Je le sais pertinemment.

J’y reviendrai dans un prochain billet.

mercredi 13 mai 2009

Pétition pour une charte des services publics.

Cher lecteur, je te signale cette pétition appelant à la mise en place dans la constitution d'une charte des services publics.

Le texte est intéressant, même s'il mériterait débat. N'hésitez pas à l'entamer ici.

mardi 12 mai 2009

Chaîne pénible et HADOPI adoptée… Dure soirée.

Les avantages d'une chaîne sont multiples. Il s'agit d'abord de faire plein de liens vers des copains qui vous les rendront après, mais aussi de trouver un sujet de billet quand on est fatigué et que franchement, on n'a pas envie. Il y avait une chaîne que je pensais avoir évité de justesse, et là, paf ! Mtislav ne m'a pas raté…

Le poids de cette chaîne est encore lourd à mon pied. Pour en rajouter, voilà que le parlement s'est décidé à adopter HADOPI, se ridiculisant ainsi et démontrant qu'il n'a décidément qu'un impact bien faible sur notre vie politique.

Heureusement, Manuel m'a permis de pimenter ma journée de suaves odeurs. Ce fut mon rayon de soleil dans cette dure journée. Enfin, allons-y pour cette chaîne :

1) Quatre métiers que j'aurais aimé exercer : président de la République, Premier ministre, député, homme au foyer (je sais, il n'y a pas de métier, là, mais je réponds ce que je veux !)

2) Quatre films que je connais par cœur : Citizen Kane, Z, le train sifflera trois fois, La Cité de la peur.

3) Mes quatre livres préférés : j'ai déjà fait un billet qui traite quasiment de la même chose. A voir ici.

4) Quatre émissions ou séries télévisées : je n'aime pas les émissions télé. J'en regarde très peu. A la rigueur, les Guignols de l'info et le Dessous des cartes.

5) Quatre endroits où j'aime passer mes vacances : le Saumurois, le Québec, l'Aude et l'Aveyron.

6) Quatre webs que je visite quotidiennement : en fait, j'ai maintenant près de 110 blogs dans mon Netvibes. Alors, en choisir quatre…

7) Quatre plats que je ne mangerai jamais : la cervelle vinaigrette, le chien mouillé, les ailerons de requin et les insectes sous quelque forme que ce soit.

8) Quatre plats que j'adore : la nourriture asiatique dans son ensemble, et puis, quelques plats français comme l'aligot ou la choucroute. Et je n'oublie pas la redoutable poutine de nos amis québécois.

9) Quatre endroits où j'aimerais être en ce moment : à Boston chez ma sœur, au bord de la mer où que ce soit, dans les bras de ma femme (elle est où, elle, encore ?), à la première place du classement Wikio.

10) Quatre personnalités passées ou présentes que j'aimerais rencontrer : Karl Marx, Adam Smith, Louise Michel et de Gaulle.

11) Quatre vœux pour l'année prochaine : que Sarkozy démissionne, que la gauche recommence à ressembler à un vague truc de gauche, que j'ai des classes sympas et que je sois numéro un du classement Wikio.

12) Taguons des gens : L'inositol, Livia, Homer et MGP. Je leur souhaite bien du plaisir.

lundi 11 mai 2009

Nous sommes à moins d'un mois des élections : parlons d'Europe.

Les élections européennes approchent. Elles vont se dérouler le 7 juin 2009, un dimanche comme d'habitude, pour renouveler l'ensemble du Parlement européen.

Depuis la mise en place de cette institution, la participation n'a cessé de diminuer. Actuellement, les sondages envisagent une participation d'un tiers, alors que les dernières élections (présidentielles, législatives et municipales), avaient plutôt mis en avant une nette diminution de l'abstention.

Les partis politiques ont encore, sur cette élection-là, mis beaucoup de temps à s'y mettre. L'UMP vient à peine de publier ses listes. Le PS a certes l'avantage de s'associer au seul programme européen commun de l'ensemble des partis socialistes, le Manifesto, programme d'ailleurs nettement moins à gauche que les idées habituelles du PS. Par contre, la campagne semble s'orienter vers l'attaque contre Nicolas Sarkozy lui-même. François Bayrou se dirige aussi dans cette direction.

Faut-il ne pas parler de Sarkozy ? Je le crois. Cependant, on peut parfaitement l'attaquer sur l'angle européen sans avoir besoin de revenir sans cesse à la scène nationale. On pourrait par exemple l'interroger sur sa volonté de saborder le couple franco-allemand pour y revenir ensuite, sur ses ambiguïtés sur la Turquie, sur le retour de la France dans l'OTAN, sur ses actions en Géorgie et en Israël pendant qu'il présidait le conseil de l'Europe, sur sa gestion de la crise économique et financière et la manière dont l'Europe s'y intéresse. Cela suffit largement pour dresser un tableau assez négatif sur ces points de son action.

J'avais déjà un peu commencé ces derniers jours, en particulier sur l'OTAN et la Turquie. Je pense qu'il nous reste moins d'un mois, et que la blogosphère se doit de s'intéresser à ces questions.

Je vais donc entamer une série de billets là-dessus, à la fois sur mes conceptions de l'Europe et sur ce que l'on peut reprocher à Nicolas Sarkozy sur sa politique européenne.

J'espère que d'autres blogueurs s'intéresseront à ces problématiques, car, si tant est qu'on s'y plonge un petit peu, la plupart des questionnements sur l'Union Européenne sont passionnants.

A bientôt, cher lecteur, pour cette série de billets.

dimanche 10 mai 2009

Les enseignants sont des fainéants, mais les blogueurs aussi !

Comme tu le sais bien, cher lecteur, nous traversons en ce moment un tunnel de ponts divers et variés. Pour nos lecteurs étrangers, un pont est composé d'un jour férié qui précède ou qui suit un week-end. Cela nous donne donc un long week-end. Il existe un modèle encore plus intéressant de pont, lorsque le jour férié est posé un jeudi ou un mardi. Là, les entreprises donnent parfois le vendredi ou le lundi, permettant aux salariés du privé, et parfois du public, de s'offrir un petit temps de vacances supplémentaire. Bon, pour moi, les ponts longs n'ont aucun intérêt : vu le nombre de vacances qu'on a, on ne ferme pas les écoles. Quoiqu'en région parisienne, le primaire ferme le 21 mai 2009, avec rattrapage le 1er juillet de la journée de travail…

Il est intéressant de constater que la fréquentation des blogs évolue de manière très intéressante durant ce type de période. Ayant le bonheur de gérer deux blogs, celui-ci seul et un autre avec deux camarades, j'ai accès à de nombreuses statistiques sur le sujet. Il est évident que la fréquentation des sites diminue rapidement dès que nous entrons dans un week-end, qu'il soit court ou long. De plus, les lecteurs restent aussi nombreux les soirs de semaine qu'en journée. Cela signifie donc qu'un nombre important de blogueurs et de simples lecteurs gèrent leurs sites depuis leur travail.

Personnellement, il m'est difficile de bloguer depuis mon lycée, parce que nous n'avons pas d'ordinateurs individuels et à l'écart des autres, qu'il n'y en a que 8 pour 90 profs (« eh, qu'est-ce que tu fais, là, j'ai un cours à imprimer d'urgence ! »), et il m'est bien évidemment impossible de twitter devant les élèves. Je ne le fais donc que très rarement, soit quand une discussion très chaude est en cours et que je ne parviens pas à m'empêcher d'aller voir, soit quand il y a un sujet d'actualité brûlant dont j'entends parler au lycée et sur lequel je veux écrire tout de suite, soit quand ma connexion internet est encore en panne et que je n'ai pas d'autre choix pour faire vivre mes blogs. Et puis, devant préserver mon anonymat auprès de mes élèves, du fait de mon devoir de réserve, je préfère autant ne pas prendre trop de risques.

Cela me pose, à chaque fois, la question du temps de travail. Régulièrement, les profs sont accusés d'être des fainéants, parce que le temps de cours devant élèves ne correspond pas à la totalité du travail.

Derrière cette constatation, se trouve la vraie question de la signification du temps de travail, et de la mesure de ce qu'il est vraiment. En clair, j'estime que je travaille vraiment entre 30 et 45 heures par semaine travaillée, en fonction des périodes bien sûr. Pourtant, cela ne se voit nullement sur le temps de service. Là se situe, à mon sens, le vrai privilège des enseignants. Si je travaille beaucoup, j'ai par contre la possibilité d'organiser mon temps comme je le souhaite. Rien ne m'empêche de bosser le dimanche de 9h00 à 13h00 si cela m'arrange, pour avoir du temps libre en semaine ensuite. De même, je peux parfaitement décider de préparer tous mes cours de l'année à venir au mois de juillet (ce n'est pas très pédagogique, parce qu'il faut s'adapter aux classes qu'on a, mais enfin…) et de me garder beaucoup de temps libre le reste de l'année pour bloguer par exemple. En plus, mon patron (le proviseur dans mon cas) ne peut être sur mon dos tout le temps, du moment que je remplis mes obligations de service : s'il me gonfle et que je n'ai pas envie de le voir, je pars dès que je le peux et je bosse ailleurs. Nous appliquons de fait l'annualisation du temps de travail, sauf que c'est nous qui décidons de ses modalités : là, c'est vraiment confortable, même si cela ne retire rien au poids du travail en lui-même.

Par contre, comment peut-on décompter le travail d'une personne qui reste assise face à un ordinateur durant 35 heures, mais qui parvient à travailler tout en tenant une conversation sur MSN, une autre sur Facebook, en rédigeant un billet puis en suivant les commentaires, en allant commenter chez les autres et en lisant quelques sites de journaux pour trouver une idée de billet, sans oublier les 180 twitts de la journée. Derrière se cache la question du temps de travail des autres salariés… Je suis en effet persuadé que ces blogueurs font leur travail, et que leurs employeurs n'ont pas à se plaindre d'eux. Si tel était le cas, ces blogueurs ne pourraient plus bloguer, les employeurs surveillant les activités sur le net des salariés. En clair, cette personne se fait payer pour 25 heures de boulot mais reste 35 heures sur place. Cela n'a aucun intérêt et devrait poser de vraies questions aux employeurs. Pourquoi ne pas, dans ce cas, réduire le temps de travail ? Pourquoi ne pas laisser davantage de temps libre aux employés ? Sans doute y a-t-il une volonté de garder le salarié sur place pour l'avoir sous la main en permanence et de mener ainsi un contrôle plus important, mais si le travail est fait en 25 heures plutôt qu'en 35…

En clair, la question de la fainéantise me semble totalement idiote prise comme telle. Ce que voudraient les personnes qui disent que les enseignants sont des fainéants, c'est qu'on soit nous aussi forcé de rester 35 heures devant un bureau alors qu'on peut très bien faire autrement. D'ailleurs, cela coûte aussi moins cher à l'État, parce que mon bureau est chez moi et que je paie le loyer ou le crédit me permettant d'avoir cette pièce en plus. De plus, il est évident que cette liberté permet à l'État de justifier ses refus d'augmentation de salaires. La conquête du temps pourrait être un vrai sujet de progrès : dommage que la gauche ne soit pas un peu offensive sur ce sujet.

Reste un mystère. Pourquoi les blogueurs qui bossent depuis le boulot continuent-ils le soir venu mais ne le font-ils plus le week-end ? Peut-être s'agit-il d'une pression du conjoint, des enfants, ou d'autres activités ? A toi, cher lecteur, de me le dire dans les commentaires à venir…

PS : bien évidemment, ce billet concerne des salariés qui font un travail équivalent à celui des enseignants, soit un travail de cadre. Je suis bien conscient qu'un serveur, qu'un ouvrier ou qu'un agriculteur ne peut s'appliquer ces théories. Dans ces cas-là, conquérir le temps imposerait de créer des postes, et la logique serait bien différente.