mardi 31 mars 2009

Que penser de la commission Descoings ? Seconde partie de la réponse.

Nous voilà donc, cher lecteur, sur la page d’accueil du blog lycée pour tous. D’après ce que j’ai pu comprendre, Richard Descoings a recruté quelques blogueurs qui furent ou qui sont influents pour travailler avec lui sur ce site. J’ai eu l’occasion de discuter avec deux d’entre eux à la dernière RDB (dont je n’ai pas fait le compte-rendu, honte à moi).

D’ailleurs, quand on observe précisément le système, on se rend compte tout de suite de l’influence de l’univers du blog. De nombreux articles sont disponibles sur le site. Les auteurs sont dotés, pour ceux qui le souhaitent, d’un pseudo. Les lecteurs peuvent laisser des commentaires, parfois assez violents d’ailleurs, et même noter les articles comme les commentaires. On retrouve l’interactivité classique sur un blog, sauf qu’elle est appliquée à un site gouvernemental, et, à l’évidence, ce n’est pas du tout la même chose. D’ailleurs, pour reprendre une discussion que j’ai eue avec Authueil à la RDB, il est intéressant de voir que les politiques semblent prendre conscience de l’existence des blogs et essaient d’envisager des moyens de les utiliser. A bon escient ? J’y viens.

En effet, sur lycée pour tous, tout le monde écrit de manière souvent franche, en tant qu’individu, et c’est d’ailleurs là que les premières failles du système apparaissent.

Lorsque j’ai discuté avec les promoteurs du site, je leur ai indiqué que les différents acteurs de l’Education disposaient d’organisations représentatives qui pouvaient exprimer l’intérêt des différents groupes. Les enseignants et les parents disposent de représentants élus. Aujourd’hui, le SNES-FSU chez les enseignants et la FCPE chez les parents dominent ce paysage. Chez les élèves, les choses sont plus confuses, mais le gouvernement a reconnu trois syndicats de lycéens qui peuvent donc avoir à s’exprimer : la FIDL, l’UNL et l’UNI-lycées.

Or, mes interlocuteurs, comme je te l’avais déjà dit, cher lecteur, considèrent que ces organisations, et principalement les syndicats enseignants (le SNES est clairement visé) sont des obstacles aux évolutions (le politique aussi, mais il est plus difficile à éviter). Le blog est donc censé permettre à tous de passer outre ces organisations pour s’exprimer directement. Cependant, cher lecteur, quelle valeur a une parole uniquement individuelle ? Comme je l’avais déjà expliqué, mes mots n’engagent que moi, et d’autant plus que je suis anonyme. Si j’avais écrit sur le blog de Descoings, je l’aurais fait sous mon nom propre, car je m’adresse ici à mes concitoyens et à une commission dépendant du gouvernement. Rien ne me dit que les auteurs ne sont pas tous membres de l’UMP et proches du gouvernement. Par contre, les secrétaires du SNES ont reçu des mandats votés démocratiquement par les syndiqués, après des débats souvent houleux (le dernier congrès du SNES vient de s’achever à Perpignan). Il en est de même à la FCPE.

De fait, le site est ponctué d’articles divers, d’intérêt inégal, et souvent anonymes. Franchement, cher lecteur, je ne vois pas comment le président de la commission pourrait en faire quoi que ce soit. Comment citer, dans le rapport à Xavier Darcos, Krokodilo, parent, ou André, enseignant ?

Donc, pour en revenir au thème d’hier, ce site me semble un bon système de communication, permettant de donner une teinte démocratique au travail de Descoings et légitimant l’évitement des syndicats enseignants. Cependant, il est évident qu’il sera redoutable à utiliser pour rédiger le rapport, et que Descoings devra se recentrer sur ses idées, sur les apports des représentants, et sur les opinions du gouvernement.

J’ai cependant décider de donner acte de bonne foi à Versac sur un point : la liberté de Descoings de proposer ce qu’il souhaite. C’est lorsqu’on verra le rapport vraiment réalisé qu’on aura les moyens de valider l’honnêteté, ou pas, de la démarche de cette commission. J'en reparlerai, bien sûr, à ce moment-là.

Appel à la manifestation intersyndicale le 1er mai 2009.

Cher lecteur,

Pour la première fois depuis une vingtaine d'années, les syndicats lancent un appel intersyndical à la manifestation le 1er mai. L'objectif est de tous nous réunir pour réaliser une manifestation monstre. En plus, on permet à ceux qui ne font pas grève car ils ne le peuvent pas de nous rallier.

Voici le texte de l'appel, trouvé sur le site de la CGT :

lundi 30 mars 2009

"Faire du 1er Mai un nouveau temps fort de mobilisation"

Communiqué commun des organisations syndicales- CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA.

L’augmentation du nombre de chômeurs, la baisse significative de la consommation, l’incertitude grandissante sur l’activité des entreprises témoignent de la gravité de la crise qui frappe un nombre croissant de salariés sans que nul ne puisse aujourd’hui en prédire la durée.

Les mobilisations viennent d’obliger le gouvernement à agir sur les stock-options et les rémunérations exceptionnelles des dirigeants d’entreprise lorsque ces dernières ont reçu des aides publiques directes. Sur la question de la redistribution des richesses produites, le décret annoncé bien qu’insuffisant est un début de remise en cause du système actuel. Elle laisse cependant de côté l’essentiel des revendications du 5 janvier 2009 portées par les mobilisations du 29 janvier et du 19 mars 2009.

Gouvernement et patronat doivent rapidement mettre en œuvre les mesures déjà prises et engager les négociations et les concertations pour répondre à l’ensemble des revendications.

C’est pourquoi, dans la suite des journées du 29 janvier et du 19 mars et dans ce contexte exceptionnel, les organisations syndicales s’entendent pour faire du 1er Mai un nouveau temps fort de mobilisation pour peser sur le gouvernement et le patronat.

Elles appellent leurs organisations locales à rechercher les modalités appropriées pour réussir cette journée de revendication syndicale en tenant compte des situations locales.

Pour préparer le 1er Mai, elles conviennent de faire du mois d’avril un mois de mobilisations ponctué d’initiatives visant à soutenir les actions engagées et à organiser les solidarités.

En fonction des réponses du gouvernement et du patronat, les organisations syndicales débattront lors de leur prochaine rencontre des nouvelles initiatives (grève interprofessionnelle, manifestations, mobilisations un samedi…)

Une prochaine réunion est d’ores et déjà fixée au 27 avril.

Le 30 mars 2009

lundi 30 mars 2009

Que penser de la commission Descoings ? Première partie de la réponse.

Comme tu avais pu le lire, cher lecteur, j'ai été approché par Versac pour participer au nouveau site lancé par la commission Descoings concernant la réforme du lycée. Je t'avais expliqué les causes personnelles qui m'avaient amené à décliner cette offre.

Cependant, je souhaite maintenant revenir au fond du débat, un peu plus politique cette fois-ci. Je suis enseignant depuis 2001, et en poste dans mon lycée dit difficile depuis 2002. Depuis, la commission Descoings n'est pas la première à avoir réfléchi à la politique à mener dans l'éducation pour essayer d'améliorer le système. En 2003, nous avions eu la commission Thélot et en 2007, la commission Pochard. Ces commissions, mises en place par les gouvernements de l'époque, avaient bien évidemment des buts politiques très clairs. La commission Thélot, censée produire un rapport sur l'avenir de l'école, avait pour but de calmer l'éducation après l'énorme grève de 2003. La commission Pochard visait à habiller le programme de Xavier Darcos d'un sceau donné par des personnalités de diverses obédiences, dont Michel Rocard ou Eric Maurin.

La commission Descoings ne déroge pas à ces règles. En 2007, Xavier Darcos annonce une réforme du lycée. Cependant, il se consacre d'abord à la suppression des postes et à l'école primaire. Résultat, alors que Sarkozy voulait une réforme achevée avant la fin de son mandat, Darcos se met réellement au travail en juin dernier et avance trop lentement. Fin octobre, aucun projet clair n'est annoncé, mais il apparaît nettement que cette réforme va être une nouvelle tentative pour permettre des suppressions massives de postes. Devant la grogne montante, mais surtout, à mon avis, devant l'évidence que sa réforme ne sera pas prête à temps (la Grèce a sans doute joué aussi), Darcos, sous l'amicale pression du président de la République, reporte sa réforme à 2010.

Or, notre cher président est un fin politique. Conscient que son ministre vient d'en prendre plein la tête et ne souhaitant pas de mouvements lycéens dans un contexte de crise économique grave, Sarkozy encadre Darcos de divers adjoints : Martin Hirsch à la jeunesse, Yazid Sabeg à la diversité et Richard Descoings pour renégocier la réforme des lycées, dont on reconnaît ainsi les graves défauts.

La commission Descoings a adopté un mode de fonctionnement intermédiaire entre les deux commissions précédemment citées. La commission Thélot avait fait organiser des débats dans tous les bahuts de France, entre élèves, parents et enseignants, créant des échanges parfois fructueux mais parfois très bordéliques, et amenant des milliers de rapports. Au final, le rapport Thélot reprenait globalement les idées du gouvernement. La commission Pochard s'était contentée de recevoir les leaders des différentes organisations représentatives, et quelques personnalités, dont la première avait été Claude Allègre, un vrai amoureux de l'éducation comme tu le sais. Descoings est en position intermédiaire : il sillonne la France pour rencontrer des enseignants, des lycéens et des parents, il rencontre aussi les chefs d'établissement et devrait voir les dirigeants des grandes organisations représentatives.

Les deux blogueurs participant au site internet Descoings avec qui j'ai discuté à la dernière RDB m'ont semblé totalement convaincu que Descoings, plutôt proche du PS auparavant, pourrait vraiment présenter un projet alternatif qui serait suivi d'effets concrets. L'homme est populaire, bénéficie de la réussite des conventions ZEP-Sciences Po, et a de l'ambition. Pourtant, les mêmes m'ont expliqué que la crise de l'éducation venait aussi du blocage que représentait le politique d'un côté, le syndical de l'autre.

Autant, il est tout à fait possible que Descoings ignore totalement les arguments des syndicalistes (ce ne serait pas la première fois), autant je ne vois pas comment il pourra s'affranchir de suivre, au moins en partie, les projets du gouvernement. D'ailleurs, Darcos, en lançant les expérimentations de sa réforme précédente dans une centaine de lycées, a déjà donné sa réponse.

Soit Descoings produit une vraie synthèse totalement en décalage avec un gouvernement pour qui l'éducation n'est pas une priorité, c'est-à-dire un rapport dont le seul objectif n'est pas de justifier pédagogiquement la suppression des postes. A ce moment-là, ce rapport en rejoindra une multitude d'autres dans les cartons de la rue de Grenelle. Soit il est obligé de se conformer en partie au discours gouvernemental et dans ce cas, je ne vois pas l'intérêt de mener toute cette consultation. Autant faire comme la commission Pochard, dont le rapport était déjà écrit avant la réunion de la commission et les auditions.

C'est là qu'il faut s'intéresser au site internet qui, à mon avis, donne une vraie réponse sur la tendance que suivra Descoings. Je vous en reparle au prochain numéro.

dimanche 29 mars 2009

Je suis un enseignant converti.

Souvent, lorsqu'on s'intéresse un peu aux raisons qui ont poussé les gens à devenir enseignant, il ressort, dans la population, deux raisons fondamentales : la vocation et le statut de fonctionnaires. Il est extrêmement rare que des enseignants reconnaissent effectivement qu'ils sont là pour la deuxième raison. J'en ai certes connu quelques-uns, souvent issus du secteur privé, et qui avait préféré renoncer à des salaires bien plus élevés pour avoir une vie moins trépidante, plus sécurisée, mais surtout, avec davantage de vacances et de temps libre ! Chez les anciens salariés du privé, l'argument du temps libre, mais aussi de l'absence d'une hiérarchie trop pesante, revient souvent. La vocation est davantage évoquée : je suis toujours aussi surpris du nombre de collègues qui affirment avoir pensé au métier d'enseignant depuis leur plus tendre enfance, sans vraiment réfléchir, d'ailleurs, à ce qu'ils allaient enseigner. La proportion dans le primaire est encore plus forte.

Personnellement, je n'avais jamais imaginé être prof du secondaire. Je dirais même plus que je suis prof par hasard. Le choix de mes études fut fait sans aucune considération professionnelle : j'aimais l'histoire depuis très longtemps, et j'avais simplement envie de l'étudier à plein temps. En cela, mes années d'étudiant ont été un vrai plaisir, quels que soient les sujets abordés. Et puis, j'ai obtenu une maîtrise, j'ai commencé à vieillir, à avoir envie de quitter le foyer familial, et il fallait penser à manger. A l'époque, je me voyais pourtant faire une grande thèse et être, un jour, un vague professeur d'université très savant et perdu dans les archives, en train de rédiger des articles que seules 20 personnes liraient et que 3 seraient capables de contredire.

Mon directeur de recherche, avec qui j'avais un entretien suite à la soutenance de ma maîtrise, m'avait alors dit, péremptoire : « il faut passer l'agrégation d'histoire si vous voulez avoir une grande carrière ». A ce moment-là, je ne savais de l'agrégation que sa réputation de grande difficulté, et je n'avais pas vraiment imaginé que je me retrouverai dans le secondaire. Je me suis à travailler comme un damné, en moyenne une treizaine d'heures par jour, avec une demi-journée de repos par semaine. Comme je n'ai pas réussi la première année, il a fallu recommencer une seconde fois, et finalement, après deux ans de labeur, la délivrance de l'agrégation, avec un assez bon classement de surcroît.

Me voilà donc engagé par le Ministère de l'Education nationale, avec le meilleur statut possible, et placé en stage sur l'académie de Créteil. Au tout début, j'étais persuadé que je resterai là un an ou deux, pas plus, le temps d'avancer ma thèse. J'en ai décidé autrement, à cause d'un choc primordial : les premières heures de cours. Je sais, cher lecteur, que si la transmission ne t'intéresse pas, tu dois avoir du mal à saisir, mais pour moi, le fait de raconter des choses à des élèves et de les voir comprendre et apprendre me procure beaucoup de plaisir. Très vite, l'idée de la thèse et de la recherche a disparu : j'avais trouvé mon bonheur.

Je ne suis donc qu'un converti. Sans doute cela changera-t-il un jour (on se lasse de tout), mais je ne regretterai jamais ce choix.

Le fait que je râle souvent, sur les conditions du métier en particulier, ne signifie en rien une désaffection ou une souffrance. Au contraire, c'est une preuve d'amour profond pour ce job, à la fois enrichissant personnellement et utile à la société. Je pense que beaucoup de mes collègues comprendraient parfaitement mon sentiment.

Bien sûr, comme tout le monde, je défends mon bout de gras, mais j'ai aussi cette contradiction de défendre aussi une mission de la République et un métier de service public.

Cela donne régulièrement à ce blog un aspect assez schizophrène. J'espère avoir réussi à clarifier un peu cet état de fait…

vendredi 27 mars 2009

Un prêt à taux zéro pour les profs, ou comment continuer à ne pas augmenter les salaires.

Ce matin, en écoutant France Inter, je suis tombé de ma chaise alors que je dégustais mon café au lait en lisant mes blogs favoris. C'est dommage, car j'étais justement en train de lire ce billet de Nicolas, nous apprenant que le patron de Vendredi, Jacques Rosselin, venait de découvrir la Comète, en compagnie de Sauce et de Didier Goux. Je me demande comment s'est déroulée la rencontre entre Didier et Jacques, mais je suis sûr que Didier nous racontera rapidement cela dans un billet. Ce billet m'a un peu remonté le moral après les bêtises lepenistes du jour...

Or, voilà que j'entends que l'État va créer un prêt à taux zéro pour les enseignants. Le principe est le suivant : un enseignant voulant acheter dans l'immobilier, apparemment une résidence principale, pourra obtenir 30 000 € de prêt sans aucun intérêt. S'il s'agit d'un couple, nous aurons la joie de bénéficier de 50 000 €.

Depuis 2003, les enseignants ont perdu environ, en prenant en compte l'inflation et les augmentations salariales, environ 10% de leur pouvoir d'achat. Cette évolution a cristallisé beaucoup de mécontentements chez les professeurs, ayant à la fois le sentiment de faire un métier très difficile et de ne pas être valorisé pour cela. Il y a aussi là-dedans le sentiment d'inaccomplissement personnel : il y a encore quelques jours, une jeune collègue me racontait sa déception de faire un métier aussi dur et mal valorisé, alors qu'elle y avait consacré cinq ans d'études et qu'elle avait passé une agrégation très difficile.

Le gouvernement se refuse totalement à augmenter les salaires de manière significative. Il le justifie par le taux d'endettement de l'État, et par le fait que les profs sont tellement nombreux qu'une toute petite augmentation entraînerait une augmentation considérable des dépenses publiques. Alors, voilà qu'on te trouve une nouvelle solution : le crédit !

Ah, le crédit, cette magnifique solution trouvée par les libéraux depuis le début des années 1970 pour compenser le déplacement régulier des revenus du travail vers le capital. L'endettement des ménages a été tellement loin dans les pays anglo-saxons qu'on en est arrivé à ce crash catastrophique l'an dernier. Et pourtant, il semble bien que nos élites ne sont pas prêtes à changer de braquet. Les profs ne sont pas augmentés : filons-leur du crédit gratuit, ce qui les poussera à s'endetter pour devenir propriétaire. Au moins, les banques leur prêtent, vu que leurs emplois sont protégés.

Personnellement, je trouve cette mesure scandaleuse, à plusieurs titres. D'abord, il y a bien des Français qui ont besoin de ce type d'aides d'État. Ensuite, je gagne quand même environ 30 000 € par an, et je ne vois pas en quoi cela justifie un prêt aidé. Certes, je suis agrégé, ce qui fait que je gagne plus que les autres. Les autres profs, certifiés ou profs des écoles, dans les 10 premières années, sont autour de 20 000 € par an. Cela semble assez réduit, mais je te rappelle, cher lecteur, que 44% des Français gagnent le SMIC ou moins, et que le chômage est en pleine croissance. A qui doit-on penser en priorité ? Enfin, je troquerais largement une hausse de salaire contre ce prêt. Celui-ci me pousse à acheter un appartement, ce qui peut vraiment se discuter au niveau idéologique, alors que si on m'augmentait un peu, cela me permettrait de faire ce que je veux avec, y compris d'acheter un appartement, mais aussi de consommer, de faire de l'épargne, voire d'aller boire un verre à la Comète ou à la RDB (le compte-rendu arrive…).

Cher lecteur, je ne le dirais jamais assez, le seul revenu légitime et sain est le salaire, issu d'un travail honnête. Il serait bon que nos politiques le comprennent, et qu'on arrête de jouer avec la dette privée et le crédit, source certes d'investissements mais aussi de crise lorsque le système grossit trop…

PS : tiens, j'ai souscris à Pearltrees. Il faut dire que Cratyle m'a beaucoup travaillé à la RDB de mercredi là-dessus. Je vous en reparle prochainement...

jeudi 26 mars 2009

Les pédagogues toujours en débat.

Hier, l'Hérétique s'est lancé dans une charge visant ce qu'on appelle les mouvements pédagogiques et contre l'Éducation nationale qui ne parvient pas à faire évoluer son propre modèle pédagogique.

En soi, cette déclaration me touche, et je comprends parfaitement son discours. Il est plus que normal d'imaginer une école où coexisteraient une multitude de pédagogies, dans le but de faire réussir les enfants. L'Hérétique affirme que cela permettrait d'adapter la pédagogie à chaque enfant. Personnellement, il prend position pour les idées Montessori. Après tout, pourquoi pas.

Pourtant, je voudrais réagir sur une seule et unique idée. L'auteur affirme que la pédagogie doit permettre de s'adapter à chaque enfant. Cependant, je crois qu'il faut nuancer ce concept. Le but de la pédagogie est bien de transmettre les connaissances de la manière la plus efficace possible et la plus compréhensible par chaque enfant. Cependant, avec ma petite expérience, je peux t'assurer, cher lecteur, qu'il n'y a pas de méthode qui fonctionne à tous les coups. Certaines ont parfois plus d'effets que d'autres, mais cela dépend finalement des chapitres, des concepts enseignés, des moyens disponibles pour l'enseignant, du niveau de la classe…

De même, cette adaptation à chaque enfant nécessiterait des classes bien plus réduites, ce qu'aujourd'hui, nous ne sommes pas prêts d'avoir. Nous devons donc nous adapter à des grands nombres et à un temps compté.

Finalement, et pour conclure ce court billet, j'aurais tendance à te dire, cher lecteur, qu'une bonne méthode pédagogique est aussi une méthode qui est bien maîtrisée et qui permet à l'enseignant de s'exprimer pleinement. Elle peut aussi dépendre du thème étudié. Si l'enseignant s'épanouit et se passionne pour son cours, il touche aussi beaucoup plus d'élèves. Laissons les enseignants se déterminer, apportons-leur, par la formation professionnelle, les aspects des différentes méthodes théorisées, et jugeons ensuite des résultats. L'important n'est finalement pas tant la méthode utilisée que l'acquisition des connaissances et le plaisir pris à apprendre par les élèves.

mercredi 25 mars 2009

Si l’Europe était des machins…

Faucon, pour se rattraper de m'avoir vexé avec des histoires de foot vaseuses, m'enchaîne sur l'Europe. Alors, il faut compléter quelques phrases :

Si l'Europe était un animal, elle serait une tortue, parce que franchement, on ne peut pas dire qu'elle avance très vite. Par contre, on espère encore qu'elle arrivera avant le lièvre.

Si l'Europe était une fleur, je crois qu'elle serait une fleur finalement peu appréciable visuellement mais qui peut sentir bon. M'y connaissant très peu en fleurs, je passe. Si tu as une idée, cher lecteur…

Si l'Europe était une toile, elle serait une œuvre de Jackson Pollock. Toute une série de tâches de peinture mises les unes sur les autres. Il doit bien y avoir un sens, mais lequel ?

Si l'Europe était une ville, elle serait Paris bien sûr. Un grand club de riches au milieu qui gère le tout, et des pauvres autours qui souffrent. On espère que cela va changer.

Si l'Europe était un personnage, elle serait Dom Juan. Elle promet beaucoup, on passe peut-être une bonne nuit avec, mais ensuite, plus rien…

Si l'Europe était une chanson, elle serait « Avec le temps », de Léo Ferré, parce que franchement, le temps passe, et on attend toujours…

Bon, pour reprendre cette chaîne, je désigne quelques jeunes blogueurs, parce que les autres sont déjà désignés : Fabrice, Livia, L'Inositol et Didier Goux.

mardi 24 mars 2009

Xavier Darcos nie l'impact des suppressions de postes.

Ce matin, comme tous les enseignants de ce pays, je me suis levé tôt. Puis, j'ai allumé ma radio et je me suis mis au garde-à-vous, attendant le message de Xavier Darcos, notre bien-aimé ministre de l'Éducation, et…

Bon, plus sérieusement, j'avais décidé d'écouter Xavier Darcos nous parler de la situation de l'Éducation. Le ministre intervenait sur France Inter dans le cadre d'une nouvelle journée d'action des syndicats de l'enseignement, à la suite de la grève nationale du 19 mars, et dans un contexte où les attaques contre les fonctionnaires ne cessent de croître de la part de la majorité au pouvoir. Apparemment, la droite tente de recycler ses vieilles recettes pour diviser les travailleurs qui commencent un peu trop à se rendre compte, enfin, de la réalité du partage des richesses dans notre belle société de marché. Il était aussi intéressant d'écouter Xavier Darcos à un moment où les rumeurs de remaniement ministériel parcourent le monde médiatique. Darcos était pressenti à un moment comme premier ministrable du fait du passage de sa réforme du primaire, mais il a depuis été rattrapé par les reports successifs de la réforme des lycées et de la masterisation du recrutement des enseignants. Il garderait pourtant les bonnes grâces de notre tout-puissant président.

Le ministre a dit beaucoup de choses, mais je ne vais pas m'étendre sur l'ensemble de son intervention. Un point a particulièrement attiré mon attention. Interrogé par un auditeur sur les suppressions de postes d'enseignants, le ministre a affirmé que les 24 000 suppressions menées depuis son arrivée (auxquelles il faut ajouter les suppressions du second mandat Chirac) n'ont pas changé le nombre d'enseignants réellement présents devant élève.

Je voudrais me positionner en faux devant cette affirmation, car elle ne correspond absolument pas à la réalité que j'observe tous les jours dans mon propre établissement. Quelques éléments, cher lecteur, pour te permettre de construire ta réflexion.

Dès 2004, sont apparus des problèmes concernant les remplacements. Le ministre n'a cessé de répéter, et encore ce matin, que 20% des remplaçants restaient inoccupés, alors que nous manquions de remplacements pour les classes. Pourtant, le ministre n'a pas dit que notre administration a fait passer le nombre de remplaçants titulaires du secondaire de 10% du corps à 6%, et qu'on cherche maintenant à aller vers 3%. La conséquence est simple : quasiment aucune absence de moins de 3 semaines n'est remplacée par un titulaire. De plus, les titulaires sont rapidement occupés et, pour calmer la colère des parents d'élèves, prompts à se mobiliser sur cette question, le ministère embauche des vacataires mal formés et inexpérimentés. En clair, l'Education embauche sans arrêt, ce qui confirme que les besoins sont réels.

Et puis, il y a aussi la situation des titulaires. Lorsque je suis arrivé dans mon lycée dit difficile, en 2001, nous étions 90 enseignants titulaires d'un poste ou titulaires remplaçants. Aujourd'hui, nous sommes 82, dont plusieurs vacataires embauchés sur des contrats précaires. Certes, le nombre d'élèves a diminué un peu, du fait de la décrue démographique des années 90, mais cela n'explique pas tout. De toute façon, à partir de 2011, les effectifs en collège vont commencer à remonter et la question des personnels disponibles se reposera avec une véritable acuité.

Dommage que les journalistes n'attaquent pas sur ces sujets lorsqu'un ministre est présent. On aimerait plus de réactivité…

La stratégie de la CGT envers les travailleurs sans-papiers.

Depuis plusieurs années, la CGT a développé une stratégie auprès de catégories de salariés auxquelles les syndicats s'intéressaient très peu. Ce fut le cas pour les retraités, pour les salariés du secteur tertiaire, traditionnellement moins syndiqués que les autres, mais aussi pour les sans-papiers.

En effet, de nombreux salariés, particulièrement dans la restauration, sont embauchés sans documents officiels en règle. Ces personnes, sûres d'être renvoyées dans leur pays en cas d'arrestation, s'accrochent à ces emplois, travaillent énormément pour satisfaire leurs employeurs éventuels et risquent soit le licenciement sans aucune contrepartie, soit la dénonciation auprès des autorités.

Lorsqu'on aborde le problème de l'immigration clandestine, le discours ambiant vise souvent à dénoncer uniquement les comportements de ces immigrants se refusant à respecter le droit. On oublie, à mon avis avec des intentions nauséabondes, de souligner que de nombreux acteurs économiques sont prêts, dès que possible, à utiliser cette main-d'œuvre bon marché et soumise. Ce phénomène avait largement été démontré dans la restauration et dans le bâtiment.

La CGT s'est beaucoup intéressée ces dernières années à ces travailleurs, les a syndiqués et a entamé des luttes régulières dans de nombreuses entreprises, visant à obtenir la régularisation du contrat de travail mais aussi de l'immigrant. Ces personnes ont ainsi pu sortir de l'ombre, couvertes par le parapluie du principal syndicat français et se lancer dans des luttes pour obtenir une amélioration de leurs conditions de vie. Dans les manifestations, on retrouve souvent ces militants, faisant la quête auprès des autres manifestants pour essayer, vaille que vaille, de soutenir leurs mouvements. Cette émergence sur la scène publique leur permet aussi, dans le cadre de ces cortèges, de rencontrer d'autres personnes et de se promener au grand jour en France : dans le climat actuel et avec une crise économique qui frappe surtout les plus faibles, ce n'est pas rien…

Dans ce cadre précis, la CGT a vraiment rempli son rôle de syndicat. Elle s'est intéressée à des gens en souffrance réelle, exploités par des employeurs délinquants et par un Etat maniant la démagogie sur la question de l'immigration. Ce type de stratégie démontre chaque jour l'utilité du syndicalisme. Aujourd'hui, le Monde annonce que des ex-salariés sans-papiers de Kentucky Fried Chicken ont entamé une occupation après avoir été licenciés. Espérons que ces salariés puissent obtenir rapidement une régularisation de leur situation et une reconnaissance de leurs droits de salariés.

PS : je te signale, au passage, cet excellent article de Peuples sur la situation toujours aussi dramatique du Tibet.

lundi 23 mars 2009

Reprendre une activité normale après un voyage scolaire...

Ca y est ! Après de multiples difficultés, mon fournisseur d’accès a enfin réussi à rétablir ma connexion Internet ! Ce n’est pas trop tôt. En Angleterre toute la semaine dernière, je comptais, ce samedi, me refaire une santé bloguesque en lisant les productions de la semaine de mes petits camarades influents. Cependant, je n’ai pu réaliser ce désir. Coupé dans mon élan, j’ai rédigé deux petits billets publiés hier, et puis, j’ai laissé tomber.

Et là, à l’instant, j’ai ouvert mon mail et mon Netvibes. Immédiatement, c’est le drame : depuis lundi dernier, 587 billets ont été publiés sur les blogs que je suis. Une véritable catastrophe pour un lecteur comme moi. J’ai essayé d’en lire quelques-uns, pour finalement abandonner lâchement. Et c’était sans compter les 182 mails qui m’attendaient à côté.

En clair, je ne pourrais donc pas réagir aux avis de mes camarades sur la grève de jeudi dernier. J’ai juste eu la force de lire les billets de Nicolas, le retour de Versac dans la blogosphère, et le nouveau blog de Suzanne, commentatrice maintenant presque régulière de mes quelques œuvres.

En attendant, cher lecteur, je te signale juste qu’un nouveau mot d’ordre de grève est lancé demain dans l’éducation par la FSU, SUD et la CGT. Je ne sais pas encore si je me mobiliserais pour cette journée.

Ensuite, sache que je serai présent à la XXXème République des Blogs, qui se tiendra au Pachyderme, juste à côté de la place de la République. Apparemment, nous aurons la visite de Michel Barnier, homme de droite que je respecte et que j’ai toujours trouvé relativement supportable, pour un gauchiss’ comme moi. Nous verrons s’il est à la hauteur de son image médiatique. Le grand jeu sera aussi de découvrir qui se cache derrière Toréador, présent mercredi…

Bon, je me remets à jour sur l’actualité récente, et je recommence à produire dans les heures à venir.

dimanche 22 mars 2009

Le débat Descoings sur la réforme des lycées : vraie ouverture ou jeu de dés pipés ?

La semaine dernière, juste avant mon départ pour le Royaume-Uni, j’ai reçu un mail d’un ancien blogueur influent me demandant de proposer une contribution pour le site lyceepourtous.fr.

Qu’est-ce que c’est que ce truc, cher lecteur ? D’après mon correspondant, il s’agit d’une initiative initiée par Richard Descoings, l’actuel négociateur gouvernemental de la réforme des lycées. Comme Descoings ne pourra pas rencontrer tous les acteurs de l’éducation et tous les citoyens, l’idée est d’ouvrir un site internet permettant le débat ouvert avec les internautes. Le site devait ouvrir le 23 mars. La proposition visait, je suppose, à apporter une contribution un peu différente à celles des fidèles de la majorité en place.

J’ai longuement hésité, j’en ai parlé à quelques proches et à la Privilégiée, pour finalement arriver à la conclusion que je laisserai ce mail sans réponse. Tu pourrais me dire, cher lecteur : « Mais enfin, on te propose de débattre et de t’investir dans un travail de réforme du lycée, que tu as souvent dit désirer, et d’apporter ta vision des choses. Tu devrais participer. »

C’est vrai, mais, à mon humble avis, les dés sont pipés dès le départ. Je te resitue le contexte. En décembre, après plusieurs mobilisations des enseignants et des lycéens, le gouvernement, sans doute conscient de la précipitation de la réforme et de l’impossibilité de la mettre en place dès 2009, décide de la reporter en 2010. Voulant sans doute calmer le jeu, et continuant à étriller ses ministres, Sarkozy nomme Richard Descoings pour repenser cette réforme. Il est annoncé à ce moment-là que le nouveau responsable rencontrera les organisations représentatives, de nombreux personnels et organisera des débats publics.

Pourtant, en parallèle, le ministre lance une expérimentation de la réforme précédemment reportée dans une centaine d’établissements. Vu les délais, je ne vois pas en quoi cette expérimentation pourrait être évaluée : les résultats des réformes dans l’éducation sont visibles des années après, et la réforme est censée s’appliquer en septembre 2010. A mon sens, cette expérimentation marque seulement l’entrée en vigueur progressive d’une réforme qui doit pourtant être renégociée depuis le début. Dans ce cadre, il est à craindre que la commission Descoings ne serve qu’à resservir dans six mois le même texte, validé par le sceau de la négociation.

Le site internet ressemblerait donc bien à une vaste opération de communication. De plus, se pose une autre question lancinante. Quelle légitimité ai-je à écrire un texte pour un site gouvernemental, dans lequel je m’exprimerais en tant qu’enseignant ? Globalement, je n’exprime que ma position personnelle, totalement subjective par essence, et parfois non-majoritaire parmi mes collègues. Le fait que je sois un blogueur classé au Wikio ne signifie absolument rien d’une légitimité de parole par rapport à ma profession. Pour donner mon avis personnel, j’ai mon blog, et comme il est lu au ministère, je suis sûr que si je dis un truc intelligent, il sera repris.

Je tiens, M. Descoings, à vous signaler quelque chose : le 2 décembre, comme 70% de mes collègues, j’ai élu des représentants paritaires, militants qui connaissent bien les institutions, qui animent dans les cadres des syndicats des débats démocratiques en interne, qui sont comme moi des praticiens de l’éducation, et qui ont la légitimité de l’élection. Pourquoi ne pas leur demander, à eux, de faire des contributions pour votre site internet ?

Evidemment, je ne manquerais pas de donner mes opinions personnelles sur les propositions de Descoings et des contributeurs du site, mais ces positions n’engageront que moi, un privilégié, parmi beaucoup d’autres. J’espère que mes chers lecteurs s’y intéresseront. A côté, si on me demande, au lycée, mon opinion, je la donnerais avec plaisir, mais dans un cadre collectif et cohérent de consultation des personnels.

Les musées anglais, espaces démocratiques.

Lors d’un voyage scolaire, le travail de l’enseignant est lourd. On passe sa journée à encadrer des élèves pas toujours prêts à vous obéir, on respecte des horaires contraignants avec des transporteurs, des familles d’accueil, des musées, des sites… On gère les quelques problèmes de santé qui surviennent, on fait manger les gamins quand il faut, on angoisse lorsque trois gamines ne reviennent pas au point de rendez-vous à temps après un temps libre. Cependant, et malgré la pression très forte qui pèse sur nous, on a quand même le temps d’observer le pays dans lequel on se trouve.

Donc, cette année, j’avais la joie d’organiser un voyage vers le Royaume-Uni. Nous avons passé un bon moment à Londres et avons visité un grand nombre de sites. Parmi ceux-là, se trouvaient deux musées très importants de la capitale anglaise : la Tate Modern Gallery et la National Gallery. A chaque fois que je me rends dans un musée anglais, j’éprouve le même sentiment que je voudrais te faire partager aujourd’hui.

D’abord, ces grands sites sont gratuits. Par rapport à la France, cette mesure à de quoi surprendre. Le Royaume-Uni a clairement décidé d’ouvrir ces grands lieux à l’ensemble des habitants de notre planète. Le contraste avec la France est net : chez nous, la plupart des grands musées coûtent entre 8 et 15 € pour une visite d’une journée. En France, on entre dans des monuments dans lesquels tout le monde ne peut pénétrer librement. A Londres, les musées sont quasiment inclus dans l’espace public.

Et cela se retrouve dans les comportements des visiteurs. Dans les musées londoniens, les enfants, très nombreux, courent et s’agitent autour des œuvres, donnent leurs opinions, questionnent, et surtout, font du bruit. Les étudiants en art discutent entre eux ou avec des professeurs, s’allongent pour gribouiller quelques esquisses et croquis, sous l’œil bienveillant des autres visiteurs. Des discussions s’improvisent de ci de là. Nos élèves, parmi cette masse de visiteurs, semblent se sentir bien et regardent les œuvres, assez librement. A la sortie de la Tate, beaucoup se demandent ce qu’est l’art : notre mission d’enseignants est réussie.

Quelle différence avec les grands musées français. Là, le musée devient un temple des grandes œuvres. Le silence est de rigueur. Les visiteurs se regardent en coin, n’osant exprimer leurs opinions qu’à voix basse, sous le regard dur des agents de sécurité, prompts à réprimer tout débordement. Les groupes scolaires sont invités au calme et au silence, et ne peuvent finalement s’exprimer que dans le chuchotement respectueux voire humble. Souvent, les élèves de mon lycée dit difficile se sentent mal dans ces musées, non pas qu’ils s’ennuient ou ne s’intéressent pas au sujet, mais parce qu’ils ne se sentent pas bienvenus.

Sur ce point, et contrairement à beaucoup d’autres, je crois que nous avons vraiment à prendre de la graine des Britanniques. Ce rapport à l’art, totalement différent, pourrait être transposé chez nous, permettant aux grandes œuvres de sortir de nos élites pour être diffusées auprès de l’ensemble de nos concitoyens et de nos visiteurs étrangers. On pourrait déjà rendre les musées gratuits, histoire de commencer à mener ce processus de démocratisation de l’accès à l’art…

dimanche 15 mars 2009

Blog en pause : retour le 20 mars prochain.

Cher lecteur, ce blog est actuellement en pause.

J'accompagne un voyage scolaire à l'étranger et je n'aurai pas d'accès au réseau durant cette période.

En attendant, n'hésitez pas à lire les excellents billets de Manuel et Fabrice.

De retour vendredi 20 mars au soir.

Bonne semaine à tous !!!

Alain Bashung (1947-2009).

J'ai découvert la mort d'Alain Bashung par mon autoradio en allant, avec la privilégiée, fêter les 30 ans d'une amie. Quelques camarades blogueurs rendent hommage au chanteur ce soir. Bashung était malade depuis plusieurs mois et se battait contre le cancer. Comme l'implique le sens de la vie, la mort l'emporte, mais, contrairement à d'autres, sa voix nous reste et nous accompagnera.

Pour moi, Bashung est symbolisé par une chanson, "la nuit je mens", datant de 1998, qui m'évoque des souvenirs et dont j'aime les jeux de mots qui me touchent. Cependant, vu que plusieurs blogueurs l'ont déjà mise en ligne, je te fais découvrir celle-ci qui se trouve sur son définitivement dernier album.

Bonne écoute...

vendredi 13 mars 2009

Même les privilégiés s'hadopisent.

Bon, Nicolas m'ayant un peu disputé sur mon absence de réactions sur HADOPI, je vais en dire quelque chose.

Personnellement, le téléchargement, je m'en fous. Je ne télécharge quasiment pas. Internet me sert à écrire des mails, à gérer mes blogs et à travailler. Cependant, je trouve extrêmement dangereux qu'on puisse autoriser la coupure intempestive des abonnements en ligne, sans responsabilité individuelle et pour satisfaire les transnationales des médias. Je trouve qu'on a vraiment loupé quelque chose lorsque le Parlement avait discuté de la licence globale. Cette solution était la meilleure et la plus simple.

Je ne sais pas si cette loi va passer, mais ça crisse même à droite. Authueil n'arrête pas de faire des billets très offensifs, et même Criticus prend position ce matin contre cette loi.

En attendant, un bon billet plein d'exemples de Boris, relayé par Nicolas.

jeudi 12 mars 2009

Réduire les salaires des fonctionnaires pour sauver les banques.

Il y a plusieurs jours, cher lecteur, que je me dis que je dois absolument produire un billet sur HADOPI. Et puis, systématiquement, je lis des textes écrits par mes petits camarades de tous bords, et je ne parviens pas à me décider. Le sujet prend une place telle chez mes collègues que je me sens incapable d’apporter une quelconque touche d’originalité au thème. Évidemment, je m’inquiète grandement de cette remise en cause de nos libertés, mais je ne vois pas quoi dire de plus.

D’ailleurs, je trouve que la blogosphère oublie d’autres sujets qui ne manquent pourtant pas d’intérêt. Dernièrement, plusieurs gouvernements européens, devant faire face à une hausse massive de leurs dépenses, ont décidé de réduire les salaires des fonctionnaires dans une optique de maintien du budget de l’État sans hausse des impôts. Ce fut le cas de la Hongrie, de l’Irlande (-7% par mois), de la Lettonie, et la Californie est aussi passée par là il y a quelques semaines. Cette démarche est soutenue par la Banque Centrale Européenne et par le FMI...

Lisant cela, je me suis demandé, cher lecteur, ce que je ferais si on me baissait mon salaire, à condition de travail égal, dans le contexte d’inflation faible actuel. A mon avis, ce serait très simple. Je ne m’endetterais pas pour maintenir mon niveau de vie, je ne travaillerais pas beaucoup plus que maintenant (trop dur), je tenterais de préserver ma petite épargne voire de continuer à l’accroître, et donc, conséquemment, je réduirais mon train de vie. En clair, une telle mesure aurait un impact fort sur ma consommation, et sans doute sur celle de mes collègues. De plus, je risquerais d’avoir envie de me mettre en grève pour protester, ce qui gênerait l’économie.

En France, près de 5 millions de personnes travaillent pour les services publics. Quel serait l’impact de la baisse des salaires de cet énorme groupe social ? Une baisse de la consommation et une aggravation de la dépression ambiante ! En effet, dans des périodes de crise (comme en période de croissance mais on le dit moins), les fonctionnaires sont aussi une sécurité pour la consommation. Nos salaires étant fixes et nos emplois stables, nous pouvons continuer à consommer comme avant la crise, aidant l’activité à se maintenir, voire même investir. Pour un banquier, nous restons une valeur sûre : on peut nous prêter et on est quasiment sûr de retrouver son bien avec une belle plus-value. J’ai toujours trouvé assez drôle, d’ailleurs, que les pires des capitalistes prêtent en priorité aux fonctionnaires, leurs ennemis jurés pourtant dans les discours. Comme quoi, le placement sûr reste le meilleur placement. Qui a dit qu'on ne prêtait qu'aux riches ?

La pression sur les fonctionnaires n’est pas nouvelle, et elle a finalement suivie d’assez près ce qui se passe dans le privé. Les grandes entreprises ont ainsi pris l’habitude d’utiliser la main-d’œuvre comme une variable d’ajustement. Total l’a montré ces derniers jours, de même que Continental ce matin, qui ferme une usine après n’avoir pas cessé de demander aux salariés de remettre en cause des droits. Dans le public, l’objectif a aussi été, plutôt que de réduire aussi directement le salaire, de le lisser par l’inflation et d’inciter les fonctionnaires à augmenter leur temps de travail. Globalement, public comme privé, nous subissons des pressions équivalentes, et dans des buts communs : augmenter les profits capitalistiques dans les entreprises privées, réduire la pression fiscale sur les entreprises et les particuliers pour l’État, permettant d’augmenter les profits capitalistiques.

Ces pays ont donc décidé de sabrer le seul groupe de population qui n’est pas menacé par la crise. Or, dans quel but, cher lecteur ? Mais oui, tu l’as bien compris : sauver les banques et soutenir les capitalistes financiers.

Si ce n’est pas une belle illustration de la socialisation des pertes qui aggrave la crise en plus, ça…

Créer sa pochette.

Christie me propose une chaîne un peu louche : "créer sa pochette".

L'idée est de respecter la procédure suivante :

1 – On va sur Wikipedia. On choisit "random article". Le premier article qui sort c'est le nom de ton groupe.

2 – On va sur la page des citations et on tape "random quotations". Les derniers mots de la dernière citation de la page sont le titre de ton premier album.

3 – On va sur Flickr et on clique sur "explore the last seven days". La 3e image, quelle qu'elle soit, sera la pochette de ton album.

Alors pour moi, cela donne ceci :



Tight Coin vous propose son dernier album : "je choisis celle du sabre, parce qu'elle est plus noble."

Franchement, le résultat est presque drôle, quand on compare les éléments.

Bon, je passe la patate chaude à Manuel, Didier, L'Inositol et Livia.

Bon courage.

Je reviens dans quelques minutes avec un article un peu plus sérieux.

mercredi 11 mars 2009

Violences dans les écoles : pitié, pas de démagogie.

Décidément, la période est chargée dans les établissements scolaires. Après le règlement de compte au lycée professionnel de Gagny hier, c’est au tour d’un établissement allemand d’être frappé par un tireur qui aurait tué dix personnes.

Régulièrement, on me pose des questions sur les violences qui peuvent se produire dans les établissements scolaires. Je serais bien le dernier à en nier l’existence : la violence existe, d’abord entre adolescents eux-mêmes d’ailleurs. Cependant, elle a des causes diverses. Elle peut déjà être liée aux différentes affres de la crise d’adolescence elle-même. S’ajoutent les dégâts collatéraux de divers trafics, et particulièrement de drogues. La violence récurrente du système éducatif à l’égard des élèves est aussi une source de violences de la part des gamins eux-mêmes.

Cependant, je tiens à souligner ici que ces actes touchent principalement les jeunes. Certes, régulièrement, des enseignants sont victimes de faits de violence, mais le phénomène est souvent réduit à la violence verbale. La violence physique est d’une extrême rareté, et les épisodes, comme celui d’hier, exceptionnels. Quant aux fusillades dans les établissements, il n’y a pas eu en France, à ma connaissance. C’était plutôt un particularisme anglo-saxon jusqu’à maintenant, que les Allemands expérimentent malheureusement.

Je suis toujours personnellement très touché lorsque des affaires de ce type se produisent. D’abord parce qu’on éprouve une empathie forte pour ceux qui font le même métier que nous, et ensuite parce qu’on se dit toujours un peu qu’un truc comme ça pourrait nous arriver, surtout quand on bosse dans un lycée dit difficile comme le mien.

Cependant, j’ai aussi une angoisse permanente : que des politiciens démagogues utilisent ces faits pour se lancer dans des politiques restrictives au niveau des libertés de nos élèves, comme des nôtres. Pour le moment, en cette journée d’action dans l’éducation, et une semaine avant le grand mouvement du 19 mars, le ministre ne semble pas s’être manifesté à mauvais escient, mais ce n’est pas tant Xavier Darcos qui m’inquiète que ses supérieurs hiérarchiques

En attendant, je tenais à dire à toutes les victimes de ces violences toute mon amitié et ma sympathie. J’espère que vous n’en perdrez pas la passion pour notre métier, qui, je suis sûr, vous anime.

dimanche 8 mars 2009

Journée internationale de la gonzesse.

J'allais me lancer, cher lecteur, dans un billet, en lien avec la journée internationale de la femme, sur la persistance des différences de genre dans notre société, malgré la progression, difficile mais régulière, des droits des femmes.

Et puis, je me suis dit qu'on était dimanche, et que c'était un peu lourd, déjà que je fais toutes les corvées aujourd'hui (merci, chérie). Je trouve aussi que la blogosphère, politique et non politique, a été très sérieuse sur ce sujet tout au long de la semaine, moi compris. Et puis, ces derniers jours, j'ai écrit des billets un peu lourds.

Alors, quand même un peu en lien avec la situation, une petite chanson qui évoque totalement cette idée, et qui est drôle en plus :



Bon dimanche, et bonne journée de la femme !

samedi 7 mars 2009

Billet n°300 : comment proposer des suppressions de postes d'enseignant et les faire voter par les enseignants eux-mêmes.

Je vais te conter aujourd’hui, cher lecteur, dans ce 300ème billet, la nouvelle stratégie qu’utiliseraient les administrations rectorales pour inciter les conseils d’administration des établissements du secondaire à voter les suppressions des postes d’enseignant que nous devons poursuivre vu la loi de finances pour 2009.

Qu’est-ce que c’est que cela ? Je t’avais déjà expliqué le processus précédemment, mais je recommence. A la fin du mois de janvier, les rectorats pour les lycées et les inspections d’Académie (IA) pour les collèges expédient aux chefs d’établissements ce que l’on appelle la dotation horaire globale (DHG) pour l’année scolaire suivante. Il s’agit des heures d’enseignement attribuées à chaque bahut. Ces heures sont basées sur les prévisions démographiques de l’établissement, sur les mouvements des élèves qui essaient de fuir la carte scolaire et sur les politiques menées par l’État sur ces questions. Depuis 2007, la tactique est de faire passer des heures de titulaires de poste à des heures supplémentaires pour réduire le nombre de fonctionnaires et inciter les enseignants restants à faire des heures supplémentaires pour assurer les cours. La réforme des lycées visait à diminuer les heures de cours pour faciliter ces suppressions.

Une fois ce document reçu, le chef d’établissement prépare une répartition de ces heures pour coller aux programmes mais avec une certaine marge de manœuvre. Contrairement à ce que le ministère dit souvent et à ce que diffuse les libéraux anti-fonctionnaires, une importante marge d’heures est laissée, surtout dans les bahuts difficiles comme le mien, pour attribuer des heures à des activités spécifiques et à des projets pédagogiques initiés par les enseignants du cru, soit en heures postes, soit en heures supplémentaires. Ainsi, il existe une vraie marge de manœuvre pour un proviseur qui mène un bon management et qui estime que les profs doivent être valorisés lorsqu’ils se donnent un peu. Dans mon lycée dit difficile, cela correspond à presque 10% de la DHG, soit environ 150 heures annuelles, ce qui n’est pas rien.

Une fois que le chef a fait ce travail, le résultat est discuté en conseil d’administration. (CA) Là aussi, et contrairement à l’image traditionnellement véhiculée, les profs ne sont pas majoritaires, les élèves et les parents ayant autant de poids qu’eux, et les projets pédagogiques doivent être chèrement défendus. C’est à ce moment-là qu’on propose créations ou suppressions de postes éventuels, en fonction des différents paramètres locaux.

Cependant, et pour te démontrer que l’autonomie des établissements n’est pas pour demain, les administrations centrales ont la possibilité de refondre totalement le travail démocratique des CA locaux, et de refaire la répartition comme elles le souhaitent. Vu que les CA, et autant les élèves que les profs et les parents, refusent en général les suppressions de postes et font des montages pour les maintenir, les rectorats refont les copies. C’est pour cela que je rigole doucement lorsque les politiques parlent d’autonomie des établissements : si elle pourrait déjà exister en partie dans les faits, elle n’existe pas car l’Éducation nationale reste un service public qui applique la politique de la majorité en place.

Or, un collègue syndicaliste m’a rapporté la nouvelle stratégie des administrations pour essayer de se défausser de la responsabilité des suppressions de postes sur les CA locaux pour les faire passer plus facilement.

Cette année, dans les DHG, les administrations anticipent des baisses démographiques plus importantes que prévues. On ferme donc des classes, qu’on réouvrira en juillet mais en heures supplémentaires pour que les postes se ferment quand même. Ensuite, dès qu’un départ en retraite ou une mutation se produit, le rectorat ou l’IA dit au chef d’établissement : « mais ce poste, là, qui vient de se libérer, fermez-le et transformez-le en HS. De toute façon, vu la baisse démographique des quatre prochaines années, vous serez obligé de le fermer l’année prochaine et le collègue qui sera arrivé dessus aura la douleur de quitter son poste et de faire une mutation à l’aveugle. Je suis sûr que les membres de votre CA comprendront ce geste humanitaire. »

Cette stratégie vicieuse est assez intelligemment pensée. Elle joue sur la volonté des représentants du CA de préserver les collègues. Les élèves et les parents ne voient pas la différence car les heures seront faites par un remplaçant titulaire, ou par un vacataire moins compétent, mais elles seront faites. Enfin, l’administration peut toujours dire ensuite que les postes sont supprimés sans que les heures d’enseignement diminuent.

Ce qui est encore plus génial là-dedans, c’est que la dépense publique ne diminue pas, puisqu’on recrute des vacataires pour occuper ces postes qui existent de fait mais pas de droit, mais qu’on peut continuer à dire politiquement qu’on supprime des postes de fonctionnaires, ce qui alimente la psychose anti-fonctionnaire de ce pays.

Le résultat est clair à mon avis : on précarise l’emploi, puisque les heures sont toujours faites, et on dégrade la qualité de l’enseignement. De plus, en rendant l’emploi instable, on empêche des collègues de s’investir plusieurs années à un endroit et on réduit la plus-value pédagogique pour les élèves : un prof qui sait qu’il va partir l’an prochain, ou un vacataire dans quatre mois, se contente de faire ses heures et se fiche de la vie du bahut, et d’autant plus lorsqu’il est dur.

Encore une politique qui dégrade, toujours un peu plus, la qualité du service public. Vivement les mouvements à venir.

vendredi 6 mars 2009

L'accord sur les 200 € en Guadeloupe aboutit à financer le refus de partager des plus riches par l'impôt sur les pauvres et les classes moyennes.

Mercredi dernier, réagissant un peu brutalement à un billet d’Ivan Rioufol, je m’étais révolté contre l’analyse faite par ce journaliste de l’accord obtenu en Guadeloupe entre le LKP et le gouvernement, le MEDEF local refusant de relayer la mesure. Aujourd’hui, la polémique provoquée par la déclaration de Domota m’a amené à réfléchir à nouveau à l’accord.

Je te résume les clauses : les Guadeloupéens les plus pauvres obtiennent la somme de 200 € supplémentaires mensuels sur leurs fiches de paie. Cette somme serait supportée par trois biais différents : 50 € payés par les entreprises, 50 € assumés par les collectivités territoriales de Guadeloupe et 100 € par des actions sur les contributions sociales des citoyens.

Quand je repense vraiment à cet accord, je me dis qu’il est révoltant à plus d’un titre, et je m’explique.

Il y a 45 jours que la grève a commencé. Les acteurs sont tous arc-boutés sur des positions différentes :

  • Le MEDEF refuse catégoriquement d’augmenter les salaires. Malgré le fait que les revenus du capital n’ait cessé d’augmenter au détriment des salaires depuis les années 1980, le patronat local se refuse à consentir une hausse des salaires en utilisant la justification de la crise économique. A mon humble avis, les entreprises ne doivent pas être en pleine forme en ce moment, mais le patronat paie finalement le blocage des salaires de la période de croissance précédente, et le sentiment fort que cette croissance récente n’a bénéficié qu’à un tout petit nombre de nos concitoyens.
  • Les grévistes sont dans l’action depuis 45 jours. Pour eux, renoncer à une augmentation serait synonyme d’une lutte sans effet, totalement démoralisante, et d’une défaite idéologique en plus. L’extension de la lutte dans les autres DOM donne de la légitimité à ce mouvement et les problématiques soulevées intéressent en métropole, à l’approche de la grève du 19 mars. Pour Domota, il fallait à la fois gagner quelque chose mais aussi finir par s’arrêter, pour que les Guadeloupéens ne s’usent pas, en utilisant de la menace du contexte. Le MEDEF refusant de céder, il restait l’État.
  • Et celui-ci, en ce moment, n’est pas rassuré, à cause du même contexte. Le mouvement s’étend, et le président craint une explosion en métropole. Pour le gouvernement, il fallait obtenir une solution pour stopper la grève avant le 19 mars, mais on ne pouvait pas s’en prendre au MEDEF représentant l’électorat de droite. Obtenir de force une hausse aurait en plus inquiété les riches métropolitains.
Donc, on a innové et décidé de faire prendre en charge l’augmentation de salaires du privé par l’État, inventant une nouvelle forme de redistribution de la richesse, et préservant en partie les revenus des entreprises. C’est par l’impôt et le déficit de la Sécurité sociale qu’on va payer les salaires des Guadeloupéens.

Cette solution est délirante et montre une vision du budget de l’État de république bananière. Pour préserver les revenus du patronat guadeloupéen qui, s’appuyant sur les valeurs libérales et sous prétexte de la crise, paie pourtant son blocage des salaires, le gouvernement va donc faire payer par l’impôt des salaires ! Te rends-tu compte, cher lecteur, du sens de cette mesure ? Cela signifie que le gouvernement est prêt à aller très loin pour défendre les intérêts de ses affidés.

Pour moi, la solution n’était pas là. Il fallait forcer la main du patronat, comme cela avait pu se faire en 1968 par exemple, pour des motifs de sécurité publique. Vu les écarts qui se sont creusés depuis les années 1980, cette mesure de rattrapage ne changeait pas grand-chose. En plus, on sait pertinemment que les entreprises auraient rapidement répercuté cela dans des hausses de prix.

Certes, vas-tu peut-être me dire, cher lecteur, nous évitons l’inflation. Peut-être, mais si le gouvernement étend ce type de mesure aux autres DOM puis à la métropole, la hausse des impôts qui va suivre (ou la dégradation des services publics par manque de moyens) sera payé par les pauvres et les classes moyennes.

Le salaire est le seul moyen honnête de gagner sa vie. Cette hausse de revenus par l’impôt ne l’est pas. Finalement, j’en suis presque arrivé à espérer que le MEDEF tienne bon et rejette l’accord, juste pour que ce marché de dupes ne rentre pas en application et que la réalité de la répartition des richesses actuelle soit visible.

Parce que faire payer la hausse de salaires de pauvres de Guadeloupe par les pauvres de métropole et de Guadeloupe (n'oublions pas les 50 € des collectivités territoriales), c'est quand même vicieux...

Questions sur le Vendredi de ce jour.

Il y a quelques jours, l’hebdomadaire Vendredi a annoncé qu’il sortirait un numéro spécial blogueuses. Au départ, j’avais trouvé l’initiative un peu lourde. Mon esprit républicain, anti-discrimination positive, s’était automatiquement révolté. Je me suis ainsi situé dans la position de Nicolas et de MGP, mais n’ait pas fait de billet pour le dire, vu la qualité des leurs.

Cependant, comme j’achète Vendredi toutes les semaines, j’ai quand même été l’acheter pour voir ce que donnait cette tentative. Je dois dire que j’ai d’abord compris la logique de Jacques Rosselin, qui veut, dit-il dans son éditorial, réparer le déséquilibre des publications entre sexes depuis le lancement de l’hebdo. Ensuite, le journal a pleinement joué son rôle, puisque j’ai découvert une liste de blogs que je ne connaissais pas et que je vais m’empresser d’installer dans mon Netvibes. Donc, ce Vendredi est un bon cru et je vous le conseille vivement.

Cependant, je reste encore assez dubitatif devant la notion de « blog de femme ». Je me suis fait la réflexion en regardant mon agrégateur ce matin : mes blogs y sont organisés par tendance politique vague, et non par sexe. De même, je recherche surtout des propos pertinents et qui me questionnent, et non pas particulièrement le propos des femmes en particulier. D’ailleurs, je ne cherche pas forcément à connaître le sexe des auteurs : je n’ai compris que trois après avoir commencé à lire son blog que M. était une femme par exemple. Il y a bien le cas des blogueuses qui jouent tout sur leur sexe dans la problématique de leurs blogs, comme moi je joue sur la notion d’enseignant et de privilégié, mais celles-là le choisissent expressément, et ne sont souvent pas des blogueuses politiques d’ailleurs.

En clair, la question que je me pose maintenant est de savoir si on lit un blog parce qu’on connaît le sexe de l’auteur ou parce qu’il est bon ? Je l’ai posé ce matin sur Twitter, et Marc Vasseur m’a répondu : « Lit-on tous les bons blogs ? »

Là est à mon avis la vraie question : est-on plus indulgent dans nos lectures, nos réactions et dans nos liens à l’égard d’hommes et attend-on plus des femmes (ou moins d’ailleurs) ?

J’y ai longuement réfléchi durant la matinée, et je ne le crois pas, de même que je n’ai pas le sentiment de percevoir un machisme virulent dans la blogosphère politique masculine. Maintenant, étant homme et forcément soumis, même inconsciemment, à la dictature de mon genre, il est possible que ma vision soit totalement déformée.

Pourtant, je m’étais moi-même étonné du peu de femmes présentes dans le haut du Wikio il y a quelques mois. Depuis, le classement politique s’est un peu rééquilibré (le blog des femmes engagées, même si on peut en discuter la démarche, n’y est pas pour rien), mais les inégalités demeurent. A l’époque, des commentateurs m’avaient dit qu’ils estimaient que les femmes se passionnaient peut-être moins pour les questions politiques. Je ne le crois pas, et d’autant moins après avoir fait mon tour matinal des blogs tenus par des femmes et avoir lu Vendredi.

Par contre, à mon avis, et pour prolonger la question de Marc, on peut peut-être se demander: "Lie-t-on tous les bons blogs ?" Le Wikio est construit sur la fréquence des liens. On peut donc penser que les hommes déjà bien classés font une discrimination, consciente ou inconsciente, et défavorisent la montée des femmes, sauf peut-être les engagées, histoire de ne pas être accusé de machisme et de se donner bonne conscience.

C’est juste une question un peu en l’air, cher lecteur, que je t’invite à saisir au vol…

jeudi 5 mars 2009

Le 11 mars, la FSU appelle à manifester pour une autre politique éducative.

Ah, cher lecteur, il y a longtemps que je ne t’avais pas fait part de mes velléités de manifestations diverses et variées.

Le mouvement social est suspendu à l’approche du 19 mars. Tu remarqueras d’ailleurs que le gouvernement essaie désespérément de dénouer le conflit universitaire pour empêcher une convergence des luttes. L’action des étudiants et des enseignants d’aujourd’hui est tout de même présenté comme un succès par la presse.

Moment intéressant : la FSU appelle à manifester le mercredi 11 mars avec les enseignants du supérieur et les étudiants. Le but est aussi de préparer la grève générale du 19 mars.

Si, cher lecteur, tu es libre mercredi après-midi, tu pourras te rendre à République à 14h30, et faire une petite promenade dans Paris jusqu’à Nation avec quelques enseignants et étudiants.

Bonne balade.

La mise en examen du président Bachir par la CPI : une bonne décision pour le Darfour ?

Comme tu le sais sans doute, cher lecteur, la Cour Pénale Internationale (CPI) a osé, pour la première fois, inculper un chef d’État en exercice pour crime contre l’humanité et crime de guerre, dans le cadre de la guerre au Darfour.

Cette guerre opposant les différentes composantes de la population soudanaise n’a jamais vraiment passionné les médias français, sauf à quelques moments très particuliers. Finalement, on a l’impression que ce conflit, toujours en cours et particulièrement meurtrier, revient sur le devant de la scène non pas pour lui-même, mais plutôt à cause de l’épisode nouveau de la tumultueuse histoire du droit public international.

Depuis sa création en 1998 par le traité de Rome, la CPI s’est lancée dans de longues procédures, et uniquement sur des pays d’Afrique (Ouganda, République Démocratique du Congo, Centrafrique, Soudan). Certes, elle bénéficie des expériences des tribunaux pénaux internationaux ayant fonctionné avant elle, et particulièrement de ceux sur le Rwanda et la Yougoslavie.

Personnellement, je pense que la CPI est une excellente chose dans ses fondements idéologiques. Traditionnellement, nous concevons le droit, nous citoyens lambdas, comme une simple résultante du travail de l’État national. La CPI pourrait offrir la garantie que lorsqu’un État déraille, ses dirigeants qui ont bafoué les droits du peuple et ont commis des crimes puissent un jour être jugés, même si la justice de l’État en question ne parvient pas à agir. Il s’agit bel et bien d’un droit supplémentaire. De nombreuses dictatures ne s’y sont pas trompées (la Chine ou la Russie par exemple) et il est dommage que des grandes démocraties aient pris la création de cette cour comme une limitation de leurs souverainetés (États-Unis, Israël). L’histoire montre que les tribunaux nationaux, s’ils arrivent parfois à juger, peuvent aussi être bloqués par des contingences nationales. Il n’y a qu’à voir le temps que la France a mis pour juger certains de ses criminels de guerre de la Seconde Guerre Mondiale.

Pourtant, en mettant en examen un chef d’État dirigeant un pays en guerre, la CPI a pris une lourde responsabilité. Le régime soudanais a en effet réagi en commençant à expulser les humanitaires occidentaux travaillant sur place. De plus, les États africains réagissent en invoquant un discours anti-occidental assez nauséabond dans ce cas précis.

Je partage donc avec toi deux réflexions, cher lecteur :

Pour éviter cet effet de répression contre les victimes du criminel de guerre, il faudrait une police qui assiste la justice, comme cela se fait à l’intérieur des États. Actuellement, il est clair qu’aucune intervention de l’ONU n’est prévue dans ce pays : depuis l’échec des Américains en Somalie en 1993, les grands pays ne sont pas très dynamiques pour se lancer dans des opérations africaines d’ampleur. Dans ce cas, la CPI est obligée d’attendre que Bachir se déplace et soit arrêté par une autorité judiciaire d’un autre État. Il est évident, vu les réactions dont je parle ensuite, qu’aucune justice africaine ne le fera. D’ailleurs, un État occidental le ferait-il ? Sans police valide, la CPI ne peut donc rien faire et ne fait que provoquer un peu plus de souffrance au Darfour, région déjà bien éprouvée.

La seconde question concerne la polémique soulevée par le président Wade sur l’intérêt unique de la CPI pour l’Afrique. Il faut quand même dire, sans jouer à l’Occidental moralisateur, que l’Afrique est un continent où les dictatures et les guerres civiles sont nombreuses. Maintenant, je crois aussi que l’inculpation d’un dirigeant d’une grande démocratie aurait un effet redoutable. Je vois mal un président démocrate se maintenir après une inculpation de la CPI. La démission serait automatique. Elle est donc sans aucun doute une menace assez importante sur la tête de nos propres dirigeants. Les Africains doivent faire le ménage chez eux aussi, même si nous avons, nous Occidentaux, notre part de responsabilité dans leur situation. Président Wade, laissez tomber ce criminel de guerre. L’Afrique mérite mieux que cela…

La CPI est donc fondamentalement une bonne chose, mais elle n’a pas les moyens de ses ambitions. Le seul espoir des Soudanais serait que les soutiens de Bachir le lâchent et le fassent tomber, pour sauver leur régime en ce moment en crise. Espérons pour les habitants du Darfour ce dénouement.

mercredi 4 mars 2009

Les privilégiés baissent, mais restent dans le top 20.

L'information nous a été fourni par Olympe : les privilégiés perdraient deux places au Wikio pour se retrouver en 11ème place.

Ce résultat accompagne un bilan de février un peu plus terne que le mois précédent.

Bon, au moins, je reste dans le Top 20. Et, bizarrement, cela ne me décourage pas. Au travail !

Par contre, je suis curieux de l'évolution des trois Gueules. Vu le nombre de liens du mois dernier, j'espère un bon résultat.

Édit : le classement wikio du mois est vraiment bizarre. Je baisse dans le politique mais je monte dans le général. Je baisse aussi dans le Critéo.

Décidément, faut vraiment réamorcer la pompe...

L'université est en grève : pourquoi les enseignants du secondaire ne suivent pas...

Depuis plusieurs jours, on me demande, cher lecteur, pourquoi, alors que les universités sont en pleine révolution, les enseignants du secondaire ne rejoignent pas le mouvement.

La première réponse qui m’était venu était que nos amis universitaires, alors que les profs du secondaire s’étaient largement battus ces dernières années pour essayer de sauvegarder un peu l’école, n’ont que peu remué pour nous aider, mais je ne peux me contenter d’une telle réponse, tu en conviendras.

Aussi, il me faut tenter de décrire un contexte qui n’est pas évident pour des personnes qui ne connaissent pas l’Éducation nationale.

Le problème vient d’abord des enseignants eux-mêmes. Nous sommes tous très concernés par le mouvement des universités, surtout qu’il concerne en partie le recrutement des futurs enseignants du secondaire. Or, les profs sont largement usés par les mouvements divers qui se sont déroulés depuis 2003.

Mais il y a plus, et là, c’est au niveau syndical que les choses se nouent. Depuis le milieu de l’année 2008, Xavier Darcos a entamé un processus de négociation avec la FSU sur la masterisation du recrutement des enseignants.

Qu’est-ce que c’est que ce truc, vas-tu me dire, cher lecteur ? Aujourd’hui, les enseignants sont recrutés majoritairement par le CAPES et le CRPE (pour le primaire), qui est un concours qui se passe à BAC+3. Or, depuis les années 1980, la majorité des profs qui passent ces concours ont une maîtrise ou un master, du fait de l’élévation régulière du chômage qui a accru la concurrence dans les concours de la fonction publique. Les syndicats enseignants réclament depuis le début des années 1990 une hausse des qualifications des enseignants, qui entraînerait mécaniquement une hausse des salaires. C’est ce qui est arrivé aux instituteurs, devenus professeurs des écoles depuis.

Xavier Darcos a repris cette idée, ce qui a d’abord fait penser à une grande victoire. Or, le système proposé est désarmant, car notre ministre sait réutiliser nos travers. Si le CAPES est élevé au niveau master, la question de la rémunération n’a pas été abordée. En clair, nous savons qu’une absence de revalorisation risquerait de décourager de nombreux candidats, considérant que le jeu (vu la difficulté de ces concours) n’en vaudrait pas la chandelle. De plus, Darcos en a profité pour supprimer les IUFM et pour faire former les futurs profs par les universitaires. Au départ, ceux-ci ont dit « oui » parce qu’ils y ont vu un moyen de regagner des postes.

Or, ces nouveaux masters innovent dans le sens où on abandonne un fondement de l’Éducation française. En France, le recrutement était basé sur le niveau disciplinaire, les profs recrutés se formant ensuite à l’IUFM puis tout au long de la carrière. Les nouveaux masters délaissent ces aspects et devraient former davantage sur l’acte d’enseigner que sur les contenus. Les futurs profs feraient leurs années de master I, passeraient les concours à la fin, puis feraient leurs années de stage en master II.

De plus, et c’est là le point nodal, il est prévu que les étudiants pourraient achever un master II et avoir ainsi un master d’enseignement sans obtenir le concours. L’Éducation nationale pourrait alors embaucher ces personnes en CDI de type privé, pour compenser la baisse du nombre de fonctionnaires qui serait provoqué à la fois par le niveau du concours et le salaire peu attractif proposé avec. Rien ne garantirait la capacité de ces gens à enseigner, ce que le concours arrive encore à préserver en partie maintenant. Aujourd’hui, le salaire peu attractif (pour des BAC+5, j’entends) est contrebalancé par les vacances et la sécurité de l’emploi, malgré la difficulté du travail devant élèves et la charge importante de boulot.

Sur ces questions, nous sommes très divisés, et la confusion règne, d’autant plus que notre syndicat majoritaire, la FSU, s’accroche au gain de la requalification en prenant des risques énormes sur de nombreux autres points de notre système éducatif. Les réactions des universitaires nous ont beaucoup échaudé. Ils ont d’abord dit oui, puis ont eu peur à cause de la séparation entre master d’enseignement et master disciplinaire : actuellement, ils recrutent beaucoup de chercheurs dans le secondaire et le primaire.

Bon, il est vrai aussi qu'on est dans l'attente du 19 mars...

Cette situation est très complexe, et j’espère t’avoir un peu éclairé, cher lecteur. Cependant, n’hésite pas à demander des précisions en commentaire…

mardi 3 mars 2009

Bilan du mois de février 2009.

Cher lecteur, je voulais te présenter mes excuses pour cette interruption momentanée des programmes. Elle ne venait pas de moi, mais de mon opérateur internet. Le technicien, très aimable, est venu ce matin et a remis ma connexion en état. Aussi, je peux de nouveau te livrer mes réflexions sur l’actualité de notre beau pays et de notre belle planète.

Pour nous remettre en selle, je vais maintenant te livrer le bilan du mois de février 2009.

Un bilan en demi-teinte pour ce blog. En effet, mon lectorat habituel s’est stabilisé autour de 120 visiteurs uniques absolus par jour, avec des variations bien sûr. Par contre, je n’ai pas réussi à produire ce mois-ci un billet m’attirant un grand nombre de visiteurs à un moment ponctuel. Aussi, les statistiques générales sont en baisse, avec 3 107 visites et 1 748 visiteurs uniques absolus.

Tu trouveras dans la colonne de droite les dix billets préférés de mes lecteurs le mois dernier. Mon billet sur l’islamisme a recueilli le plus de visites (à ma grande surprise), mais je n’ai pas dit mon dernier mot sur ce thème, je te rassure.

Voici la liste de mes principaux apporteurs de visiteurs, qu’ils soient blogs ou moteurs de référencement de blogs :

Wikio : 298
Partageons mon avis : 135
Avec nos gueules… : 126
Didier Goux déménage : 107
Twitter : 75
L’inositol : 60
Vendredi : 54
La maison du Faucon : 46
Betapolitique : 36
Criticus : 32
Rubin Sfadj : 28
Bouche de là : 27
Pensées d’outre-politique : 27
Humeurs de vaches : 25
Sarkobasta : 24
Expression libre : 23
Freelance : 21
Ma vie en Narcisse : 19
Le crapaud du marais : 19
Mtislav : 19
Marc Vasseur : 17
Carla ou j'pense : 15
Extra-ball : 14
L’Hérétique : 14
Vagab
ondage : 13
De tout et de rien et surtout de rien d’ailleurs : 13
Pat’s Blog : 11
Le Coucou de Claviers : 11
Hypos : 10
Technorati : 10

Les blogs de cette liste valent le coup d’être lu, cher lecteur, et je t’invite à les visiter.

Reste à attendre le redoutable classement Wikio…