mercredi 10 décembre 2008

Sarkozy met quatre politiciens K.O. en une semaine : Patrick Devedjian, Xavier Bertrand, Rama Yade et Bernard Kouchner.

Je suis toujours aussi impressionné par la maestria de notre président lorsqu'il s'agit de faire de la politique. En effet, je voudrai essayer de te démontrer, à travers deux petits exemples, que Sarkozy est décidément un as dans ce domaine, et qu'on a tendance, moi compris, à l'oublier.

La semaine dernière, Sarkozy se rend à Douai pour annoncer son plan de relance de l'éco
nomie de 26 milliards d'euros. Conscient de ses faibles marges de manœuvre, Sarko va s'évertuer à démontrer qu'il lance un plan dans la lignée des grandes œuvres du New Deal. Pourtant, quand on regarde le plan, on se rend compte qu'il consiste surtout en des avances de trésorerie faites aux entreprises. Il reste une dizaine de milliards d'euros d'investissement et quelques mesures sur la consommation à la marge. Par contre, Sarko s'organise pour qu'on ne parle plus que de cela et pour masquer la faiblesse du plan (par rapport aux énormes plans britannique et américain et au refus de l'Allemagne d'accepter les idées françaises).
Mais l'animal est encore plus malin que cela : tout est basé sur des mouvements de politique politicienne. Pour contrer le renouvellement de direction au PS, Sarkozy profite du contexte pour virer Devedjian de la direction de l'UMP mais en lui offrant un poste au gouvernement qui peut faire penser aux Français qu'on s'occupe enfin des vrais problèmes. Il met ensuite l'un des plus populaires de ses ministres à la tête d'une UMP ressoudée, qu'il tient toujours sous son contrôle. Comme Bertrand avait des velléités de leadership voire d'indépendance, le voici redevable du président. En plus, le fidèle Hortefeux va remplacer le moins fidèle Bertrand aux affaires sociales.

Cela continue aujourd'hui avec Rama Yade. Sarkozy, toujours fin tacticien, sait très bien que les élections européennes s'annoncent rudes. C'est une élection de mi-mandat, jamais facile pour une majorité. Son impopularité risque d'entraîner un échec, qui monterait encore davantage les membres de la majorité contre lui, alors qu'approchent des élections régionales importantes pour les élus locaux. Il a donc l'idée de présenter la jeune et belle Rama Yade, accompagné de Luc Ferry pour avoir une caution morale et politique : Ferry a l'avantage de ne pas être trop marqué sarkozyste et d'avoir l'air au-dessus de la mêlée.
Et là, paf ! Rama Yade s'esquive et refuse de se lancer dans la course européenne. C'est cohérent : le contexte est tel qu'elle est sûr de se faire battre. En conséquence, on la rendrait responsable de l'échec et sa carrière politique serait terminé. Pour Sarkozy, cette désobéissance chez l'une de ses pouliches fait tâche, vraiment tâche. Sarkozy décide donc de la détruire politiquement pour qu'on ne pense pas que la majorité se divise encore plus. Il fait d'abord une sortie en personne pour l'accuser de puérilité, reprenant le discours de Yade elle-même. Il la montre ingrate et fait comprendre qu'elle va quitter le gouvernement.

Puis, arrive son coup de maître : il lâche Bernard Kouchner. Et là, c'est formidable, cher lecteur. Il oblige Kouchner à assassiner Rama Yade directement, ce qui permet d'en finir avec son secrétariat au droits de l'homme qui ne sert de toute façon à rien. De plus, il pousse Bernard à le faire le jour du soixantième anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH). C'est un symbole très fort : n'oublie que c'est le même Kouchner qui a mis en avant le principe de droit d'ingérence basé sur la même DDUH à la fin des années 1980. Kouchner s'humilie complètement, se montre d'un niveau politique médiocre (le voilà qui s'abaisse à humilier la gamine) et, de fait, devient complètement dépendant du président de la République, incapable de défendre les idées qui l'ont rendu important.

En clair, alors que ces deux opérations semblaient avoir un aspect politique général, il faut y voir à chaque fois, chez Sarkozy, une action purement politicienne en arrière-plan qui démontre que le bonhomme n'est pas mort du tout. Tant que la gauche continuera à se débattre dans ses affres, on est pas prêt de s'en sortir...

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